Dominique Libault, président du Haut Conseil du financement de la protection sociale et directeur de l’Ecole nationale supérieure de la Sécurité sociale (EN3S), avait été missionné par le premier ministre, en septembre 2018, pour examiner, notamment, « les différentes modalités de financement de la dépendance ». En mars 2019, il avait remis un rapport à Agnès Buzyn, alors ministre des solidarités et de la santé, évaluant à 9,2 milliards d’euros le besoin de financement supplémentaire d’ici à 2030 – dont 6,2 milliards d’ici à 2024 – pour prendre en charge le défi du vieillissement de la société française.
Emmanuel Macron a promis, lundi 13 avril, un futur « plan massif » notamment « pour nos aînés ». La loi « grand âge », évoquée par le chef de l’Etat depuis mi-2018, a-t-elle des chances de voir le jour ?
Je suis heureux des propos du chef de l’Etat. La crise sanitaire montre qu’on ne peut plus attendre. Une loi « grand âge » s’impose du fait de la nécessité de revaloriser les rémunérations et les carrières des soignants, de la nécessité de lutter contre l’isolement social, d’inventer de nouvelles formes d’hébergement et d’établissements, de décloisonner les Ehpad, les structures d’aide à domicile et les hôpitaux. La crise sanitaire a surtout confirmé la pertinence de la reconnaissance d’un risque social à part entière – celui de la dépendance – au cœur de la solidarité nationale. Si la solidarité nationale ne s’exprime pas vis-à-vis du grand âge, je ne sais pas ce que solidarité nationale veut dire.
Près de 5 400 personnes âgées sont mortes du Covid-19 à ce jour dans les maisons de retraite. Ce bilan était-il une fatalité ?
Il était malheureusement très prévisible que les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) allaient payer un lourd tribut puisque les personnes âgées vulnérables ont un risque de mortalité bien plus élevé face au virus que le reste de la population. Il est évident que les Ehpad ont abordé l’épidémie dans des conditions de protection insuffisantes pour les soignants, du fait de la pénurie de masques en France. Même si cela s’est amélioré depuis. Le bilan est du reste sans doute aujourd’hui sous-évalué car il faudrait additionner les personnes décédées en Ehpad et celles qui sont mortes à l’hôpital après avoir été transférées par les établissements.
Les Ehpad manquent de soignants, d’infirmières, de médecins coordonnateurs… N’est-ce pas un des facteurs qui expliquent ce bilan ?
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