ALLOCATIONS CHÔMAGE - Une concertation mais sous conditions. Alors que l’application de la réforme de l’assurance chômage a été en partie suspendue jusqu’au 1er janvier face à la crise du coronavirus, l’exécutif s’était dit fin septembre prêt à bouger certains “paramètres” de la réforme, toujours rejetée par les syndicats, mais en gardant sa “philosophie”.
Conçue à un moment de baisse du chômage et de difficultés de recrutements, la réforme prévoit notamment un durcissement de l’indemnisation, accusée de ne pas être assez incitative à la reprise d’emploi, et un “bonus-malus” sectoriel pour pénaliser les entreprises qui abusent des contrats courts.
“Les objectifs initiaux restent toujours pertinents”
Mais tous les axes ne sont pas ouverts à la transaction. La ministre du Travail, Élisabeth Borne, s’est voulue très claire à ce sujet ce samedi 10 octobre dans un entretien accordé au Figaro: “On a ouvert une discussion avec les partenaires sociaux sur les paramètres mais on ne renoncera pas au principe du bonus-malus sur les ruptures de contrats, ni à celui de la refonte du calcul du salaire journalier de référence (qui sert à calculer les allocations chômage)”, explique-t-elle.
“Nous sommes ouverts à des ajustements mais nous prendrons nos responsabilités si les discussions n’aboutissent pas”, prévient-elle. “La réforme vise toujours à inciter les entreprises à proposer des emplois de meilleure qualité et à faire en sorte que l’activité soit toujours plus rémunératrice que le chômage pour les demandeurs d’emploi. Ses objectifs initiaux restent donc toujours pertinents”.
De quoi mécontenter à peu près l’ensemble des partenaires sociaux: d’une part, le patronat mobilisé contre le “bonus-malus” censé s’appliquer dès 2021 sur la cotisation d’assurance chômage payée par les entreprises dans 7 secteurs grands consommateurs de contrats courts et d’intérim (hébergement-restauration, agroalimentaire, transports...).
D’autre part, les syndicats -qui en plus de contester le durcissement de la durée d’affiliation pour ouvrir les droits (de 4 mois travaillés sur les 28 derniers à 6 mois sur les 24)- demandent au gouvernement de renoncer au nouveau mode de calcul qui pénaliserait ceux, souvent précaires, qui alternent contrats courts et inactivité.
Vers “un aménagement” du bonus-malus?
“La crise est très dure et nous pousse à adapter certains paramètres à la situation économique pour limiter certains effets négatifs”, nuance toutefois Élisabeth Borne.
La veille, sur Franceinfo, le négociateur du Medef pour l’assurance chômage, Hubert Mongon, avait qualifié le système du bonus-malus de “très compliqué à mettre en place” et “pénalisant l’ensemble des entreprises”.
Interrogé sur une “période de référence de quatre mois”, il s’est néanmoins dit “ouvert” à “une réflexion sur ce sujet là (…)”, en souhaitant “qu’on traite également des questions de bonus-malus et des questions de dégressivité (de l’allocation, ndlr)”. Concernant le “salaire journalier de référence”, Hubert Mongon a qualifié les dispositions existantes de “pas insensées”.
La concertation entre partenaires sociaux aborde d’autres sujets et porte également sur la formation professionnelle, et notamment la reconversion des salariés touchés par la crise qui va faire l’objet d’un programme de travail pour rendre plus facile le passage d’un secteur à un autre, de l’aéronautique à l’énergie par exemple.
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