Coronavirus : ce que couvrent les assurances... ou pas

Annulations d’événements, paralysie des chaines de productions, pertes d’exploitations... les conséquences économiques du nouveau coronavirus (SARS-CoV-2) sont loin d’être anodines. Certaines solutions assurantielles existent et pourront être activées.

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Coronavirus : ce que couvrent les assurances... ou pas
Avec plus de 89 000 cas confirmés dans 66 pays dont 178 en France, le nouveau coronavirus (SARS-CoV-2) fait paniquer les marchés financiers

Avec plus de 89 000 cas confirmés dans 66 pays dont 178 en France, le nouveau coronavirus (SARS-CoV-2) mobilise l’Etat qui tente d’endiguer sa progression en prenant des mesures préventives comme les mesures de sécurité sanitaires annoncées par le ministère de la Santé interdisant tout rassemblement de plus de 5000 personnes en milieu confiné.

Outre l’annulation d’événements, la chaine d’approvisionnement des industriels, dont une grosse partie des sous-traitants et des chaines de production se trouvent en Chine, a également été fortement impactée faisant resurgir le sujet de la perte d’exploitation sans dommages.

La perte d’exploitation sans dommage

Sur le dommage et la perte d’exploitation sans dommages, il n’existe pas, aujourd’hui, de solution assurantielle, car comme le rappelle Hervé Marzal, directeur de Gras Savoye Risk Consulting, « les couvertures de perte d’exploitation sans dommages (c’est-à-dire une couverture de frais supplémentaires ou de pertes financières associées à un événement qui ne seraient pas liées à un dommage) ne peuvent être envisagées que sur des périmètres limités c’est-à-dire sur des évènements qui ne seraient pas systémiques. » Or les épidémies et les pandémies sont par définition systémiques puisque on peut le voir avec le covid-19, elles se propagent comme une trainée de poudre.

« Il n’y a pas vraiment de solutions d’assurance dommages ou pertes d’exploitation sans dommages répondant sur des risques pandémiques ou épidémiques. Les couvertures paramétriques, telles que mise en place en 2017 dans le cadre particulier d’un « pandemic Bond » pour l’OMS constituent probablement une solution d’avenir mais encore faut-il parvenir à modéliser les conséquences, et imaginer que les assurés puissent payer les primes importantes qui couvriraient un tel risque», confirme Frédéric Durot, directeur du département dommages chez Siaci Saint Honoré.

L’annulation d’événement

Côté événementiel, les entreprises ont plus d’options. De fait, « sur les contrats français, si la garantie annulation d’évènement a été souscrite avant la reconnaissance du coronavirus comme épidémie d’urgence de santé publique de portée internationale par l’OMS (30 janvier 2020) elle est acquise », indique Laurent Cellot, directeur commercial chez Gras Savoye Sports & Evènements qui recommande fortement aux entreprises d'anticiper et de souscrire leurs garanties d'assurance dès la fin de l'édition précédente.

L’épidémie est couverte par l’assurance annulation dès lors qu’il y a une épidémie et une décision administrative empêchant la survenue de l’événement. La police est activée si un événement indépendant de l’organisateur vient perturber la tenue de l’événement. « Si l’organisateur décide d’annuler un événement pour cause de coronavirus il ne sera pas couvert sauf s’il y a accord préalable de l’assureur », précise Laurent Cellot.

Face aux dernières mesures de sécurité sanitaires interdisant tout rassemblement de plus de 5000 personnes en milieu confiné annoncée le 29 février dernier par Olivier Véran, le ministre de la Santé et les annulations d’événements qui ont suivi cette annonce, Gras Savoye précise :« Nous n’avons pas d’inquiétudes particulières pour nos clients dans le trimestre qui vient, car nous avons environ 100M€ d’engagements sur de l’annulation d’évènement où la garantie Coronavirus est acquise. »

Un secteur sous-équipé

Néanmoins, Laurent Cellot note que tous les acteurs ne sont pas couverts. « La problématique sur le secteur de l’événementiel français est que les gros événements, concerts, festivals de musiques et évènements sportifs sont généralement assurés. En revanche, les salons et les évènements plus petits s’assurent rarement. Or à partir du moment où le risque est avéré, même s’il y a une probabilité de réalisation, il n’y a pas de solution décente proposée par le marché. » En d’autres mots, les entreprises ayant souscrit une police annuelle pour l’ensemble de leurs événements avec effet au 1er janvier sont pour la plupart couvertes sur le coronavirus.

Par ailleurs, il semblerait néanmoins que certains assureurs auraient renégociés les polices à posteriori. « Certains assureurs sont revenus vers nous, nous indiquant que le Covid-19 entre dans le cadre d’une aggravation de risque selon le code des assurances. De ce fait, ils ont indiqué être en droit de revoir leurs conditions et n’accordent plus la garantie», révèle Laurent Cellot. «Il y a une rupture de confiance avec un schéma existant», s’agace le spécialiste de l’assurance annulation.

Concernant les capacités de souscription, Gras Savoye précise : « Nous regardons les cumuls parce que nous sommes sur des taux de cotisation et d’annulation d’événements tournant autour des 1%. Si les engagements sont trop forts la capacité à payer des sinistres va s’en ressentir. »  Les courtiers se veulent quand même rassurants et indiquent que des capacités sont encore disponibles pour les événements à venir, « une fois que le marché aura mesuré ses engagements peut-être que nous pourrons travailler avec des assureurs pour voir si des solutions sont envisageables mais certainement avec des taux de cotisation à deux chiffres. Je ne suis pas sûr que les clients choisissent le transfert à l’assurance dans ces circonstances. » Les événements corporates de moins de 5000 personnes avec des budgets limités à moins de 500.000€ sur une période à court terme seront plus à même de trouver des capacités que le reste du marché.

Anticiper pour mieux gérer

Que ce soit pour le dommage ou l’annulation d’événement les recommandations des courtiers sont les mêmes : l’anticipation. « L’assurance annulation reste la base, tout comme la RC organisateur… il faut s’y prendre en amont. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui on propose des assurances annulation sans garantie coronavirus qu’il ne faut pas prendre d’assurance annulation. Il faut dépassionner la branche et cela n’est faisable qu’en l’intégrant dans le budget assurance des entreprises. La garantie est souscrite par les services événementiel ou communication, alors que c’est un produit d’assurance qui par définition devrait être géré par le gestionnaire de risque, le service assurance, risk management ou juridique comme les autres risques. » Martèle Laurent Cellot.

Côté assurance dommages Hervé Marzal abonde dans ce sens « les industriels se retrouvant en situation de tension sont ceux qui n’ont pas anticipé l’exercice. Néanmoins, la  plupart des industriels avaient fait le travail d’anticipation et ont des stocks tampon. Le début de l’épidémie en Chine est apparue pendant les congés du nouvel an chinois, les industriels avaient donc prévu du stock en plus de leurs stocks tampon. Ils avaient mis en place des dispositifs leur permettant d’absorber ces fameuses carences fournisseurs. De ce fait il n’y a pas eu pour le moment de réelle interruption dommageable de la supply chain. »

Et au directeur de Gras Savoye Risk Consulting de conclure sur les risques du marché financier provoqué par le covid-19, « au niveau de l’entreprise, aujourd’hui, nous ne sommes pas dans une dynamique pouvant amener une catastrophe économique au sens industriel. La réaction du marché financier, en revanche, peut amener une catastrophe économique là où la situation industrielle n’est pas dramatique. La disparition du capital financier observée actuellement en bourse va bien au-delà des conséquences économiques réelles de  la situation sanitaire. »

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