PERFORMANCELa France jugée à la traîne sur la rénovation énergétique des bâtiments

Haut conseil pour le climat : La France jugée à la traîne sur la rénovation énergétique des bâtiments

PERFORMANCEAvec 18 % des émissions en 2017, le bâtiment est un des quatre grands secteurs émetteurs de gaz à effet de serre, avec les transports, l’agriculture et l’industrie
Isolation du toit d'une maison a l'aide de panneaux en fibres de bois.
Isolation du toit d'une maison a l'aide de panneaux en fibres de bois. - O. PERROT / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Dans un rapport publié mardi le Haut conseil pour le climat (HCC) distribue les mauvais points. L’instance consultative indépendante constate que la France est à la traîne en matière de décarbonation du secteur du bâtiment. Elle plaide donc pour des investissements massifs et une refonte du système d’aides pour rendre la rénovation énergétique performante.

L’objectif de neutralité carbone en 2050

Avec 18 % des émissions en 2017 et même 28 % en ajoutant la production de la chaleur et de l’électricité, le bâtiment est un des quatre grands secteurs émetteurs de gaz à effet de serre. Il doit donc « être complètement décarboné pour que la France atteigne son objectif de neutralité carbone en 2050 », souligne Corinne Le Quéré, présidente du HCC.

Selon le rapport, « la France a déjà accumulé un retard important sur la trajectoire de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) dans ce secteur ». « Le rythme de baisse des émissions doit passer d’une pente douce, entre 2 et 3 % en ce moment, à une pente plus rapide de 5 % par an dans ce secteur d’ici quelques années », note Corinne Le Quéré. Pour cela, le HCC insiste pour une « massification » de la rénovation des logements, bâtiments publics et tertiaires. L’investissement annuel public et privé, environ 13 milliards d’euros actuellement, « devra être multiplié au moins par deux en quelques années ».

L’efficacité des investissements en question

Au-delà des montants, le HCC s’interroge sur l’efficacité des investissements. Le rapport met en cause la prédominance de « la logique par gestes » : des actes isolés de rénovation, comme le changement d’une chaudière, ne permettent « généralement pas de gains énergétiques majeurs ». Résultat, le taux de rénovations globales et performantes « stagne, avec un rythme de 0,2 % par an en moyenne ». Entre 2012 et 2016, environ 87.000 maisons individuelles ont fait un saut d’au moins deux classes énergétiques, alors que la SNBC, qui prévoit 500.000 rénovations par an pendant ce quinquennat, vise un objectif minimal de 370.000 rénovations complètes par an en 2022, 700.000 à plus long terme.

Pour encourager la logique de rénovations globales, le Haut Conseil soutient la Convention citoyenne sur le climat qui s’est prononcée pour une rénovation énergétique obligatoire d’ici à 2040. Il plaide en plus pour la suppression d’ici à trois ans des aides aux gestes individuels dans le dispositif « MaPrimeRénov ».

La France « en queue de peloton »

Pour ce rapport, le HCC a passé en revue les politiques allemandes, suédoises, néerlandaises et britanniques. Et la France est « en queue de peloton » avec les logements les plus « énergivores ». Or la rénovation est également importante pour l’emploi et la « réduction des vulnérabilités ». En 2017, 6,7 millions de personnes vivaient dans des logements en précarité énergétique, classés F ou G. Le Haut Conseil recommande qu’à partir de 2025, ils soient classés « indécents » et ne puissent ainsi plus être loués.

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