Covid-19 : pourquoi si peu de salariés se font-ils vacciner en entreprise ?

Au 22 avril, seules 400 000 injections avaient été réalisées par les médecins du travail, dont 43 000 par les services de santé au travail. Bien peu au regard des 16 millions de premières doses injectées à la population française dans son ensemble.

Les entreprises peuvent faire vacciner leurs salariés contre la Covid-19 dans leurs locaux depuis le 25 février. Mais comment expliquer le faible succès remporté par ces campagnes ?

Tout d’abord par le public éligible à la vaccination, qui représentait, au départ, une faible proportion de collaborateurs : les 55-64 ans atteints de comorbidités. L’ouverture progressive de la vaccination aux plus de 55 ans sans comorbidités et, depuis le 1^er mai, aux plus de 18 ans atteints de comorbidités peut laisser présager une augmentation du nombre de vaccinations en entreprise. A terme, plus de 25,4 millions de salariés français pourront se faire vacciner.

L’accès difficile des services de santé au travail aux vaccins

Autre facteur explicatif : l’accès compliqué des services de santé au travail aux vaccins. La suspension des injections du vaccin Astra Zeneca durant quelques jours en mars a également retardé le processus et suscité la méfiance de certains collaborateurs. De nombreux services de santé au travail ont ainsi été contraints de freiner les vaccinations initialement prévues.

L’organisation de la vaccination en elle-même demande une rigueur particulière car les services de santé au travail doivent faire en sorte que deux collaborateurs d’une même entreprise ne se croisent pas dans les locaux pour respecter le secret médical. Pour soulager les 1 691 médecins du travail mobilisés par la campagne, les infirmiers peuvent depuis le 1^er avril, vacciner des salariés.

Le Medef et la CFDT s’allient pour promouvoir la vaccination en entreprise

Les entreprises misent sur une accélération de la vaccination pour pouvoir faire revenir toutes leurs équipes au bureau en septembre 2021. Lundi 3 mai, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, et le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, ont uni leurs voix pour promouvoir la vaccination en entreprise.

De l’aveu de Laurent Berger, 84% des salariés consultés dans sa base souhaitent recevoir le vaccin sur leur lieu de travail. Les deux représentants ont notamment appelé à une meilleure intégration des services de santé au travail. Ils souhaitent également un assouplissement des règles encadrant la vaccination et plaident pour une priorisation par catégorie d’âge plutôt que par profession, car ils estiment que certains métiers sont laissés de côté.

Pour accélérer le mouvement en entreprise, Geoffroy Roux de Bézieux a demandé aux employeurs de se montrer « souples » durant les mois qui viennent si leurs salariés demandent à aller se faire vacciner sur leur temps de travail : « Il est de l’intérêt de tout le monde que la vaccination soit massive, afin de relancer la vie économique. »