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Le VTC chinois Caocao veut recruter une partie de ses chauffeurs en CDI

La plateforme chinoise de VTC, en France depuis 2020, veut laisser à ses chauffeurs le choix de leur statut de travail. Cela permettra aux concernés de toucher un salaire minimum pour une semaine de travail de 39 heures Un choix stratégique, à l'heure où le modèle Uber commence à être remis en cause.

Caocao veut laisser à ses conducteurs le choix de leur statut de travail, remettant en cause le modèle initial des plateformes de VTC qui reposaient uniquement sur des travailleurs indépendants.
Caocao veut laisser à ses conducteurs le choix de leur statut de travail, remettant en cause le modèle initial des plateformes de VTC qui reposaient uniquement sur des travailleurs indépendants. (Caocao)

Par Ciara Boulman

Publié le 26 juil. 2021 à 18:32

Plus de protection pour les conducteurs indépendants. Ce lundi, la plateforme de VTC chinoise Caocao (prononcé « tsaotsao ») va commencer à recruter ses chauffeurs en CDI, selon l'AFP.

Bien que cela ne concerne qu'une poignée de chauffeurs, il s'agit d'un tournant pour le secteur, qui repose initialement sur le statut d'indépendant de ses chauffeurs.

Le début d'une « relation de proximité » avec ses chauffeurs

Les chauffeurs concernés seront ainsi recrutés comme salariés, avec une semaine de travail de 39 heures pour environ 1.800 euros mensuels bruts (hors primes). La plateforme a annoncé que cela ne concernerait pour l'instant qu'une vingtaine de recrues. « Certains chauffeurs ont manifesté le souhait de devenir salariés. Ce ne sera jamais la majorité des chauffeurs mais ça permet d'avoir une relation de proximité », a déclaré à l'AFP la directrice du développement, Veruschka Becquart. « Quand l'activité a commencé à se reprendre, qu'il y a eu des difficultés à trouver des chauffeurs, on s'est dit que la population de chauffeurs était peut-être en train de changer, et qu'on pourrait leur laisser le choix », a-t-elle ajouté.

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Créée en 2015, la plateforme de VTC repose sur l'utilisation de véhicules électriques et hybrides « pour une mobilité responsable ». Arrivée en France en janvier 2020 , elle revendiquait alors plus de 30 millions d'usagers en Chine, et plus de 45 millions début 2021. Son image reposait également sur ses « black cabs », berlines noires faisant écho aux taxis londoniens - image tirée du rachat du constructeur LTC par sa maison-mère, le constructeur automobile Geely .

Le choix du statut de travail, entre idéal et pragmatisme

Caocao rejoint ainsi Geely, qui compte déjà une majorité de salariés parmi ses chauffeurs. Cela participe aussi de l'image qu'elle veut promouvoir, celle d'un groupe engagé aussi bien auprès de ses clients que de ses chauffeurs. Un an après son implantation en France, le groupe avait annoncé le lancement d'une nouvelle offre aux tarifs évolutifs à partir de 7 euros (contre 9,50 euros auparavant). « Notre responsabilité est de continuer à promouvoir une mobilité responsable, confortable et accessible à tous », avait alors expliqué Veruschka Becquart.

La décision de Caocao illustre un changement en train de s'opérer doucement au sein du secteur. La plateforme de livraison Just Eat Takeway avait annoncé en février vouloir embaucher 4.500 livreurs en CDI d'ici la fin de l'année. A temps partiel, ils peuvent maintenant toucher le SMIC horaire quel que soit le nombre de courses effectuées. Son président Jitse Groen avait expliqué à la BBC que le groupe travaillait à ne plus avoir de travailleurs indépendants en Europe.

La start-up de VTC semble cependant être aussi en train de faire un choix stratégique. Au début de son mandat, la présidente de la Commission Ursula Von der Leyen avait annoncé la nécessité d'améliorer les conditions de travail des travailleurs des plateformes numériques. Le 15 juin, la Commission Européenne lançait sa deuxième consultation des partenaires sociaux (après la première entre mars et juin). « Cette nécessité apparaît encore plus clairement sous l'effet de la crise liée à la COVID-19 et de la diffusion accélérée des modèles économiques des plateformes », avait souligné la Commission dans un communiqué. Cette consultation pourrait aboutir à une législation à échelle européenne sur la protection des travailleurs indépendants liés aux plateformes.

Un changement signe des temps

Secteur particulièrement innovant , la «traveltech» a longtemps mis en avant la flexibilité de l'emploi qu'elle proposait. Toutefois, elle a été de plus en plus sujette à des critiques concernant la précarité de l'emploi de ses travailleurs, ces derniers ne bénéficiant pas d'avantages sociaux ou de salaire minimum.

Caocao pourrait donc être en train de faire le choix d'une stratégie de recrutement personnalisée, par peur de devoir agir sous la contrainte le cas échéant. En mars 2020 , la Cour de Cassation française obligeait Uber à requalifier ses chauffeurs de « salariés », estimant qu'il existait « un lien de subordination entre le chauffeur et la société », justifiant ainsi l'existence d'un contrat de travail.

Le coup de chaud vient aussi de l'étranger, où plusieurs décisions juridiques avaient obligé Uber à faire des concessions. C'est au Royaume-Uni que le géant de la traveltech a dû particulièrement s'adapter. En février, une décision de la Cour de Cassation britannique avait conduit le géant numérique à requalifier ses 70.000 chauffeurs de salariés, leur donnant accès au salaire minimum local, des congés payés et autres avantages sociaux. Fin mai , Uber annonçait que ses chauffeurs anglais auraient désormais le choix d'être représentés par le syndicat TMB.

Source AFP

Ciara Boulman

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