Covid-19 : une initiative franco-allemande pour harmoniser les règles de déplacement en Europe

Pour couper court à l’incertitude et aux inquiétudes, Paris et Berlin travaillent à une initiative conjointe pour harmoniser, au niveau européen, les mesures de restriction aux frontières prises par les différents pays de l’Union européenne.

 La décision de Bruxelles de placer Paris en zone rouge a pris de court les autorités françaises, qui appellent à harmoniser les critères scientifiques et médicaux entre membres de l’Union européenne.
La décision de Bruxelles de placer Paris en zone rouge a pris de court les autorités françaises, qui appellent à harmoniser les critères scientifiques et médicaux entre membres de l’Union européenne. Reuters/François Lenoir

    Comment éviter que le regain de cas de Covid-19 ne sème à nouveau le chaos au sein de l'Europe, comme au plus fort de la pandémie au printemps? Déjà, la brusque décision unilatérale de la Belgique d'imposer une quarantaine et un test de dépistage aux vacanciers de retour de Paris et plusieurs départements de France (mais aussi d'interdire les voyages « non essentiels » vers ces destinations) a pris de court les autorités, la semaine dernière. L'Allemagne vient d'en faire de même en ciblant en « zone rouge » la région parisienne et celle de Marseille, mais a agi, elle, en concertation avec le gouvernement français et a laissé le temps d'un préavis.

    Reste que des mesures restrictives de circulation prises, chacun de son côté, par les différents Etats classant en code couleur rouge, orange ou vert les autres pays, accroissent la confusion parmi les citoyens. Tout particulièrement chez les travailleurs frontaliers avec l'Allemagne, la Suisse, le Luxembourg, etc., qui craignent de nouvelles fermetures de frontières les contraignant de facto au chômage partiel…

    «A chacun son comité scientifique, à chacun ses critères»

    Pour couper court à l'incertitude et aux inquiétudes, Paris et Berlin travaillent à une initiative conjointe, nous indique Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes. « La situation sanitaire est complexe, changeante selon les territoires à l'intérieur même d'un pays, il n'est pas anormal qu'il y ait des réponses différenciées en Europe, admet-il. Mais nous devons coordonner nos décisions. Et, pour cela, il faut harmoniser les critères scientifiques et médicaux entre membres de l'Union européenne. Sinon, on ne fera qu'ajouter de la confusion à la confusion » avertit Beaune.

    De fait, aujourd'hui la situation se résume à « à chacun son comité scientifique, à chacun ses critères ». Concrètement, un « papier franco-allemand » (un document de travail dans le jargon des diplomates) va donc être soumis aux autres partenaires. Il propose notamment cette harmonisation des données, c'est-à-dire un classement des zones à risque selon des critères (nombre de cas pour 100 000 habitants, nombre de tests, dynamique de croissance de la maladie dans la zone concernée, etc.) partagés par tous les membres de l'UE, voire de l'espace Schengen (dont fait partie la Suisse). Ainsi, les 27 s'accorderaient sur la carte sanitaire de l'UE, on ne pourrait plus avoir d'un côté Bruxelles classant Paris en rouge alors que Rome ou Copenhague, simple hypothèse, le placeraient en orange tout en mettant Bruxelles en rouge. Bref, on éviterait la pagaille actuelle.

    Une plus grande transparence entre gouvernements

    Le document franco-allemand recommande en outre de dresser un cadre commun des mesures à prendre pour gérer la pandémie dans les zones affectées. Et ses auteurs insistent sur une plus grande transparence dans le partage des données afin de renforcer la confiance entre les gouvernements, indispensable à l'instauration d'une politique commune ou, au moins, coordonnée. « Car, à la fin, chaque Etat décide, la santé relevant de sa souveraineté nationale, rappelle Clément Beaune. Le Conseil européen ou la Commission ne pourront qu'émettre des recommandations, mais nous avons déjà convaincu une dizaine de pays ». Reste à « vendre » cette initiative commune aux 25 autres pays de l'UE afin qu'elle débouche sur une action concrète d'ici… fin septembre début octobre.

    En attendant, le secrétaire d'Etat multiplie coups de fil et rencontres avec ses homologues des pays frontaliers, la Suisse notamment. « Je me bats pour éviter de nouvelles mesures très pénalisantes, comme le placement de la France entière en zone rouge ou des quarantaines, détaille-t-il. Et s'il devait y avoir des mesures restrictives, on prévoira des dérogations en faveur des travailleurs frontaliers ou en faveur de régions aux forts échanges comme le Grand Genève (qui couvre des communes françaises comme Annemasse). »