Un financement France relance pour recenser les ponts et diagnostiquer leur état
Dans le cadre du plan France relance, le gouvernement a annoncé le 15 décembre mobiliser 40 millions d’euros pour accompagner les collectivités territoriales dans le recensement de leur patrimoine d’ouvrages d’art. L’enjeu : sécuriser davantage les ponts routiers. Le plan d'aides s'accompagne d'un appel à projets "ponts connectés" piloté par le Cerema.
A chaque jour sa déclinaison du plan France Relance. Dans ce cadre, 40 millions d'euros vont être débloqués, sous forme de prestations d’ingénierie, afin d’aider les petites communes à connaître leur patrimoine d'ouvrages d'art, a indiqué mardi 15 décembre le ministère de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales. Un recensement des ouvrages ainsi qu’un premier diagnostic de ceux "présentant des désordres" seront réalisés sous la houlette du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) et de l’Agence nationale de la cohésion des territoires. Près de 28 000 communes seront accompagnées.
Innover pour des ponts connectés
"Si les gestionnaires des réseaux routiers ou ferroviaires principaux assurent en général un bon standard de gestion de leur patrimoine d’infrastructures reposant sur leurs services techniques, les petites communes sont souvent particulièrement démunies en termes de connaissance de l’état de leurs ouvrages et de procédures d’entretien de leur patrimoine", explique le ministère. Début décembre, le Cerema avait notamment publié une note de sensibilisation à destination des gestionnaires de ponts suspendus, rappelant les différents types de ruine possibles (défaillance d’un massif d’ancrage, défaillance d’un pylône ou de sa fondation, rupture d’un câble, des suspentes ou d’un appareil d’appui…).
Le dispositif prévu dans le cadre de France Relance s'accompagne d'un appel à projets, qui sera piloté par le Cerema. Baptisé "Ponts connectés", il vise à soutenir les centres de recherche ainsi que les entreprises "qui travaillent à des solutions innovantes de surveillance et de gestion des ouvrages par l’instrumentation". L'objectif affiché est de faire bénéficier les ponts des dernières technologies en matière d’instrumentation, télécommunication, traitement de données et intelligence artificielle. Des systèmes ou méthodes peu onéreux, peu vulnérables aux intempéries ou au vieillissement et économes en énergie sont recherchés. Ceux-ci devront contribuer à la gestion des ouvrages. Les lauréats de l'appel d'offres pourront expérimenter grandeur nature leurs solutions sur des ponts gérés par l'Etat ou des collectivités. Les candidats peuvent se manifester jusqu'au 15 février 2021.
De précédentes alertes
En juin 2019, le Sénat avait publié un rapport consacré à la sécurité des ponts. "Le nombre exact de ponts routiers en France n'est pas connu", déploraient les rapporteurs Patrick Chaize et Michel Dagbert. Au moins 25 000 ponts sont en mauvais état structurel, estimaient-ils à cette date, pointant du doigt le vieillissement des infrastructures ainsi qu’un sous-investissement chronique en matière d’entretien. Ils proposaient notamment d’aider les petites collectivités à définir des procédures adaptées de surveillance et d'entretien de leurs ponts, et d’apporter une offre d’ingénierie aux collectivités – ce qui sera désormais chose faite.
Autres recommandations formulées à l’époque : la mise en place d’un plan dédié, avec 120 millions d'euros par an ainsi que la création d’un fonds d'aide aux collectivités territoriales, et la nécessité de "sortir d'une culture de l'urgence au profit d'une gestion patrimoniale des ponts en créant des outils pour améliorer la connaissance et le suivi des ponts". Un débat qui avait été relancé quelques mois plus tard par l’effondrement d’un pont à Mirepoix-sur-Tarn (Haute-Garonne), consécutif au passage d’un poids-lourd jaugeant au-delà de la limite autorisée.
Les ouvrages d’art pesaient 8,4 % des travaux publics en France en 2019, d’après la fédération professionnelle Routes de France.