Coronavirus : patronat et syndicats appellent à protéger la santé des salariés devant travailler sur site
Les trois organisations patronales - Medef, U2P et CPME -, ainsi que les cinq confédérations syndicales - CFDT, CGT, FO, CFTC et CFE-CGC -, ont diffusé jeudi soir un « relevé de réunion » où elles « appellent les pouvoirs publics et les entreprises à mettre en oeuvre tous les moyens indispensables à la protection de la santé et de la sécurité des salariés devant travailler ».
Il ne manque pas une signature. Jeudi soir, les trois organisations patronales et les cinq organisations syndicales ont publié une déclaration commune à l'issue d'une réunion téléphonée entre leurs numéros un sur la crise du coronavirus . Le « relevé de réunion » signé par le Medef, l'U2P et la CPME avec la CFDT, la CGT, FO, la CFTC et la CFE-CGC prend soin d'affirmer la « liberté de comportement » de chacune des organisations, mais il n'en est pas moins un événement.
Un tel texte aurait en effet été inimaginable il y a seulement un mois. A l'époque, les syndicats se déchiraient sur la réforme des retraites. Ce sujet a été reporté à après l'épidémie par le gouvernement, ce qui risque fort de signifier qu'il ne sera pas examiné avant la prochaine élection présidentielle. Mais il a laissé des traces et il n'est pas anodin qu'elles n'aient pas empêché une déclaration unitaire.
Pour cela, le Medef a dû revoir à la baisse ses ambitions. Face à la montée des refus de salariés d'aller travailler et au risque de blocage de l'économie, son président, Geoffroy Roux de Bézieux, voulait obtenir un accord national interprofessionnel, comme celui signé il y a quelques jours en Italie, qui constitue un code de bonne conduite pour protéger les salariés au travail. La CFDT était partante. Le gouvernement, empêtré dans les injonctions contradictoires adressées aux salariés avec la décision de confinement, n'attendait que ça. Jeudi matin sur France Inter, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a souhaité qu'« un guide des bonnes pratiques soit adopté par les partenaires sociaux ».
Rôle essentiel du dialogue social
Mais il n'était pas question, pour FO comme pour la CGT, de signer un tel texte. Cela n'a pas échappé à l'exécutif, qui a choisi en définitive de pousser l'adoption de kits de questions/réponses par filière. Pour obtenir l'unanimité, les partenaires sociaux se sont, eux, rabattus sur une simple déclaration, mais dont le contenu est moins anodin que certains pourraient le croire.
« Affirm [ant] le rôle essentiel du dialogue social et de la négociation collective », les signataires patronaux et syndicaux « appellent les pouvoirs publics et les entreprises à mettre en oeuvre tous les moyens indispensables à la protection de la santé et de la sécurité des salariés devant travailler ». Ils saluent « l'engagement des agents des services publics et des salariés particulièrement indispensables », citant ceux de la santé mais aussi ceux qui assurent la « continuité d'approvisionnement ». Et ils « soulignent le rôle majeur de nos systèmes de protection sociale collective ».
Leïla de Comarmond