Imaginons une Américaine nommée Jenna Miller. Après une journée passée le nez pris, elle décide dans la soirée de se soigner. Elle ouvre sur son téléphone l’application Amazon Care et clique sur « discussion en ligne avec une infirmière ». De l’autre côté de l’écran, la soignante est assistée par Health Navigator, un logiciel d’aide au diagnostic et à l’orientation des patients grâce à l’intelligence artificielle. L’infirmière conclut à une sinusite et conseille à Mme Miller de voir un médecin dans les vingt-quatre heures. Le lendemain matin, la malade opte pour une « consultation vidéo », toujours par l’intermédiaire d’Amazon Care.
A distance, le médecin prescrit un antibiotique et un traitement d’accompagnement. L’échange oral est retranscrit à l’écrit par le logiciel de reconnaissance vocale Transcribe. Puis inscrit dans le dossier de la patiente, stocké en ligne par l’hébergeur AWS.
Le soir, Mme Miller reçoit chez elle ses médicaments, livrés par la société Pillpack. Le lendemain matin, sur l’enceinte connectée Echo de sa cuisine, l’assistant vocal Alexa lui rappelle de prendre ses pilules. Le coût des soins est, lui, pris en charge par Haven, l’assureur-santé de l’employeur de Jenna Miller.
Le point commun entre les services mentionnés dans cette fiction est qu’ils appartiennent tous à Amazon. Le champion de l’e-commerce est pourtant plus connu pour la vente de livres, de vêtements ou d’appareils électroniques que comme un acteur de la santé. Après avoir révolutionné le commerce, l’entreprise de Jeff Bezos pourrait-elle bousculer notre accès aux soins médicaux ?
« Porte d’entrée numérique »
Elle n’est pas encore aussi avancée que le suggère le cas d’usage inventé pour Mme Miller : Amazon Care n’est pour l’heure proposée qu’aux seuls employés d’Amazon installés au siège américain de l’entreprise, à Seattle (Etat de Washington).
De même, les premiers produits de l’assureur Haven, cofondé en mars 2019 par Amazon, la banque JPMorgan et le fonds du milliardaire Warren Buffett, Berkshire Hathaway, ne concernent que quelques dizaines de milliers des 1,2 million de salariés de ces trois entreprises, selon l’agence Bloomberg. Enfin, les services mentionnés dans l’exemple ne sont pas tous connectés entre eux, à ce stade.
Mais depuis les premières communications autour d’Haven en janvier 2018, les observateurs spéculent sur la place qu’Amazon pourrait prendre sur le gigantesque marché de la santé (8 400 milliards de dollars, dans le monde, selon le cabinet Research and Markets, soit 7 701 milliards d’euros).
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