Et, maintenant, place à une nouvelle concertation. Lors de son allocution télévisée, lundi 12 juillet, Emmanuel Macron a annoncé qu’il n’engagera pas la réforme des retraites « tant que l’épidémie ne sera pas sous contrôle et la relance bien assurée ». Mais le chef de l’Etat se refuse à rester les bras croisés. C’est pourquoi il a demandé « au gouvernement (…) de travailler avec les partenaires sociaux sur ce sujet dès la rentrée ».
Pour les syndicats comme pour le patronat, les termes dans lesquels ce énième exercice de réflexion collective est présenté ne laissent guère de place au doute : la construction du système universel de pensions, suspendue au début de la crise sanitaire, n’aura pas lieu sous ce quinquennat. « C’est clairement renvoyé au débat de la présidentielle [de 2022] », considère Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. « Tout le monde a compris ça », appuie Geoffroy Roux de Bézieux, le numéro un du Medef.
S’il se confirme que le chantier est différé, les organisations d’employeurs et de salariés ne vont pas s’en plaindre. A l’exception de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), elles jugent inopportun de toucher aux retraites en ce moment. « On ne peut pas régler tous les problèmes en même temps », justifie Dominique Métayer, le leader de l’Union des entreprises de proximité, en soulignant qu’une initiative sur les régimes de pension est susceptible d’alimenter les « tensions sociales » alors que « la reprise est fragile ».
« Un coup de com »
Le flou règne encore concernant le rendez-vous à la fin de l’été entre l’exécutif et les partenaires sociaux. « Nous sommes en train de travailler sur le format de cette concertation avec [le chef du gouvernement] », explique-t-on dans l’entourage de la ministre du travail, Elisabeth Borne, chargée du dossier. Trois « nécessités » sont mises en avant : « rendre plus juste et plus lisible notre système avec notamment la fin des régimes spéciaux », « assurer des pensions dignes à celles et ceux qui ont des carrières complètes », « travailler plus longtemps en tenant compte de la spécificité des métiers ». L’emploi des seniors est également au menu.
Les protagonistes expriment déjà des attentes. « On ne sera pas sur une démarche où on parlerait d’un recul de l’âge de départ en retraite », prévient M. Berger. Même tonalité chez son homologue de FO, Yves Veyrier : « Je n’irai pas discuter ou préempter un report de l’âge de départ. » Pour M. Roux de Bézieux, « c’est bien d’installer le débat et de faire la pédagogie de la réforme ». « Mais il n’est pas question que ce soit une répétition de la concertation menée [durant la première moitié du quinquennat] par Jean-Paul Delevoye, qui n’avait déminé aucun sujet », annonce-t-il. « Il ne serait pas acceptable que le “travailler plus longtemps” s’applique rapidement pour les uns, salariés du secteur privé, et uniquement aux nouveaux entrants dans les secteurs bénéficiant de régimes spéciaux », estime Eric Chevée, vice-président de la CPME, en faisant allusion aux propos de M. Macron, lundi soir.
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