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Retraites : l'équilibre financier toujours incertain après la réforme

L'étude d'impact du projet de loi de réforme des retraites dévoilé ce vendredi continue de prévoir un déficit de 0,3 % du PIB à l'horizon 2040. Ce qui montre qu'un âge pivot de 65 ans à cet horizon ne sera pas suffisant pour atteindre l'équilibre financier.

Edouard Philippe, ce vendredi à la sortie du Conseil des ministres.
Edouard Philippe, ce vendredi à la sortie du Conseil des ministres. (PIERRE VILLARD/SIPA)

Par Renaud Honoré

Publié le 24 janv. 2020 à 16:51Mis à jour le 26 janv. 2020 à 15:30

On n'a pas fini de parler du déficit du système de retraites. A partir de jeudi prochain, le 30 janvier, la conférence de financement va réunir les partenaires sociaux dans l'espoir d'aboutir à des mesures de compromis qui rétabliraient l'équilibre financier à l'horizon 2027. Mais au-delà de cet horizon, le gouvernement prévoit déjà la persistance d'un trou dans les caisses, qui pourrait même perdurer jusqu'en 2050. C'est ce qui ressort de l'étude d'impact du projet de loi, présenté ce vendredi en Conseil des ministres.

Dans le détail, l'exécutif prévoit qu'après le retour à l'équilibre financier programmé pour 2027, le déficit du futur « régime universel » devrait encore légèrement se creuser à 0,2 % du PIB vers 2035, puis 0,3 % en 2040, avant de revenir progressivement vers l'équilibre d'ici à 2050. Ces chiffres sont basés sur le postulat qu'un âge d'équilibre de 65 ans - ouvrant le droit à liquider sa retraite sans malus - serait appliqué à l'horizon 2037 pour la première génération concernée par la réforme, celle des personnes nées en 1975. L'étude d'impact prévoit également un léger impact positif de 0,1 % sur les comptes de l'Etat à partir de 2035.

Equilibre vers 2050

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Ces prévisions financières sont meilleures que celles attachées au système actuel. Celui-ci accuserait un déficit de 0,5 % du PIB en 2027, niveau auquel il se stabiliserait jusqu'en 2035 avant de se réduire à 0,4 % en 2040 puis de tendre vers l'équilibre en 2050. Et encore, cette trajectoire est basée sur l'idée d'une poursuite de la réforme Touraine (qui avait instauré en 2014 un allongement de la durée de cotisations jusqu'à 43 ans) au-delà de 2037. Sans mesure d'âge supplémentaire, le système actuel serait encore dans le rouge à hauteur de 0,3 % du PIB à la fin de la décennie 2050.

Même si le solde est amélioré, il n'en reste pas moins que le problème du déficit n'aura pas disparu après 2027. « Il restera au-delà de 2027 des tensions sur la stabilité du système, compte tenu de l'évolution démographique et des scénarios macroéconomiques », reconnaît-on à Matignon. Or le nouveau système prévoit l'instauration d'une « règle d'or » pour le futur régime universel : les comptes devront nécessairement être à l'équilibre sur une période de cinq ans, quitte à prendre des mesures d'économies pour y parvenir.

Mesures à prendre

Au vu des chiffres, le futur conseil d'administration de la Caisse nationale de la retraite universelle aura donc potentiellement des mesures à prendre pour y parvenir. Il a plusieurs leviers à sa disposition : revoir le niveau de l'âge d'équilibre (auquel cas celui de 65 ans mentionné par l'exécutif ne serait qu'un plancher pour les générations concernées par la réforme), revoir le niveau des bonus/malus ou celui des modalités d'indexation des retraites, revoir les ressources, etc.

Concernant l'équation budgétaire, cette étude d'impact relativise également une des promesses faites par le gouvernement au moment du lancement de la réforme. Celui-ci s'était engagé à ne pas diminuer le poids des retraites, à environ 14 % du PIB. En réalité, ce poids va diminuer d'ici à 2050 dans les mêmes proportions que ce qui se serait passé sans la réforme, du fait de la fin du pic occasionné par la retraite des « baby-boomers ».

Les dépenses actuellement proches de 13,8 % vont diminuer à 13,6 % en 2025 puis 13,5 % en 2030 (contre une stabilité à 13,8 % sans la réforme) du fait des mesures d'économies promises avec la conférence de financement. Elles vont ensuite tomber à 13,3 % en 2040 puis 12,9 % en 2050 (13 % sans la réforme). « C'est le respect de la trajectoire de dépenses actuelle », fait-on valoir à Matignon, même si les oppositions pourraient y voir la tentation de faire des économies.

Renaud Honoré    

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