Publicité
Exclusif

Retraites : les grands groupes réclament une compensation pour leurs hauts cadres

L'Association française des entreprises privées a écrit au Premier ministre pour que les salariés payés plus de 123.000 euros par an ne subissent pas de perte de pension du fait de la réforme. Plutôt que le maintien du périmètre actuel de la retraite par répartition, elle demande des avantages socio-fiscaux pour la capitalisation.

Le projet de loi sur les retraites donne lieu à des débats passionnés autour du poids de la capitalisation dans la retraite.
Le projet de loi sur les retraites donne lieu à des débats passionnés autour du poids de la capitalisation dans la retraite. (JP PARIENTE/SIPA)

Par Solveig Godeluck

Publié le 26 févr. 2020 à 12:16

Les grands patrons ont fait leur choix. L'Association française des entreprises privées (Afep), qui parle au nom des cent premiers groupes hexagonaux, veut un super-régime de retraite par capitalisation pour ses hauts cadres, en compensation des pertes qu'ils devraient subir du fait de la réforme des retraites. C'est la demande que formule Laurent Burelle, le président de l'Afep, dans un courrier adressé au Premier ministre le 13 février, auquel ont eu accès « Les Echos ». Cette missive n'évoque pas l'autre option envisagée par une partie des chefs d' entreprise, celle de conserver l'actuel périmètre de la retraite par répartition plus favorable aux hauts cadres.

A l'appui de sa demande, Laurent Burelle invoque la « compétitivité des entreprises françaises », qui doivent rester attractives pour les hauts cadres. Le plafonnement à environ 123.000 euros de revenus annuels de l'assiette des cotisations prises en compte pour acquérir des droits dans le futur régime unifié de retraite aura « pour conséquence de baisser substantiellement » les pensions des actifs qui gagnent plus que cette somme. Ils peuvent aujourd'hui cotiser jusqu'à 329.000 euros de revenus, rappelle-t-il. « De plus, en l'absence d'un dispositif d'épargne-retraite attractif, les revenus d'activité dégagés par la baisse des cotisations seraient taxés de l'ordre de 45 %, privant ces salariés des capacités d'épargne nécessaires à la reconstitution de leur retraite », ajoute-t-il.

Compenser salariés et entreprises

Certes, le projet de loi laisse ouverte la possibilité de mettre en place des régimes d'épargne-retraite supplémentaire plus avantageux pour compenser la perte occasionnée, via une ordonnance ultérieure. Mais l'Afep veut des garanties tout de suite, et veut s'assurer que les employeurs en profitent eux aussi. Elle presse donc le gouvernement de donner « d'ores et déjà aux entreprises et aux salariés » l'assurance qu'ils bénéficieront d'un tel dispositif, sans surcoût fiscal et social : déduction de l'assiette des cotisations sociales, de la CSG, de l'impôt sur les sociétés, plus une exonération d'impôt sur le revenu, « équivalentes à ce qui prévaut aujourd'hui ».

Publicité

La semaine dernière, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, avait expliqué dans une interview aux « Echos » qu'il préférait conserver le régime actuel par répartition : « Nous défendons la réintégration de ces cadres dans le système universel jusqu'au plafond actuel de l'Agirc-Arrco, 330.000 euros. A défaut, nous demanderons un régime d'épargne-retraite supplémentaire sur mesure, à hauteur du niveau de contribution actuel, avec les mêmes avantages que le système actuel par répartition », avait-il déclaré.

L'augmentation probable de la part de la capitalisation dans la retraite des Français suite à cette réforme des retraites suscite d'intenses débats. Cela va des adeptes de la théorie du complot, qui affirment que le gestionnaire d'actifs Blackrock et ses semblables tireraient les ficelles de la réforme, à des charges virulentes dans l'hémicycle. L'un des rapporteurs du projet de loi à l'Assemblée, le député LREM Jacques Maire, a ainsi été accusé de conflit d'intérêts. Cet ancien cadre d'Axa a conservé des actions de l'assureur à titre de placement, et a souhaité en répondre devant la Haute autorité pour la transparence de la vie politique.

Par ailleurs, le rapporteur général du projet de loi de réforme des retraites et le rapporteur du dernier titre Guillaume Gouffier-Cha et Paul Christophe, ont déposé un amendement en vue de supprimer le dernier article du projet de loi qui ratifie des ordonnances issues de la loi Pacte sur la retraite supplémentaire. Objectif : ne pas « mélanger deux sujets bien distincts, dans un texte consacré à une transformation très riche, très profonde et très ambitieuse de notre régime par répartition ». Un refus de parler de capitalisation dans l'immédiat qui est de mauvais augure pour la demande du patronat.

Solveig Godeluck

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité