La crainte d’une « deuxième vague » de coronavirus s’accroît dans le monde

Une infirmière à Stockholm, en Suède, le 22 avril 2020. Photo d’illustration.

Une infirmière à Stockholm, en Suède, le 22 avril 2020. Photo d’illustration. JONATHAN NACKSTRAND / AFP

Alors que de nouveaux foyers de contamination du coronavirus ont été découverts en Chine, d’autres pays d’Asie ont vu leur courbe de nouveaux cas repartir à la hausse. Et l’Allemagne s’inquiète.

Alors que l’Europe poursuit sa lutte difficile contre le Covid-19, l’Asie semblait depuis plusieurs semaines voir le déclin de l’épidémie, un déclin marqué notamment par le déconfinement de Wuhan, berceau de la pandémie mondiale, le 8 avril dernier. Mais les dernières nouvelles venues du continent ne sont pas rassurantes. La crainte d’une deuxième vague se concrétise, notamment en Chine, et des mesures de restrictions sont renforcées dans certaines régions. L’inquiétude a gagné l’Europe.

Le 17 avril, la Chine faisait ainsi état de 353 nouveaux cas contre 34 le 3 avril. La province chinoise du Heilongjiang (nord-est) dont Harbin est la capitale a enregistré récemment une hausse des cas dits « importés » - principalement le fait de Chinois de retour au pays depuis la Russie voisine. Les nouvelles contaminations « locales » sont également en progression, ce qui a entraîné le limogeage ou la sanction de plusieurs responsables accusés de laxisme. Un nouveau foyer de contamination a également été observé dans la province de Canton, dans le sud.

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La courbe des nouveaux cas remonte dans plusieurs pays

A Harbin, où de nouveaux foyers ont été découverts dans deux hôpitaux, de nouvelles restrictions ont été mises en place, comme l’interdiction d’entrée des personnes et véhicules originaires de l’extérieur de la ville dans les quartiers résidentiels, ou la mise en quarantaine de quiconque arrive de l’étranger ou de zones gravement touchées par le Covid-19 en Chine.

« Cette propagation doit être prise très au sérieux, a prévenu le virologue chinois Yang Zhanqiu du Centre de contrôle et de prévention des épidémies. Elle nous révèle de nouvelles caractéristiques du virus qui le rendrait encore plus difficile à détecter. »

La cité-Etat de Singapour annonçait de son côté lundi 1 426 nouveaux cas, un record, contre seulement une quinzaine le 15 mars dernier, rapporte le « Parisien ». Quant à la Malaisie, elle comptait 185 nouvelles contaminations dimanche conte une vingtaine le 15 mars.

Au Japon, qui annonçait plus de 500 cas dimanche contre une quinzaine le 1er mars, un relâchement du respect des consignes destinées à lutter contre la propagation du virus a été observé, selon le journaliste et chercheur spécialiste du Japon Hean-François Heimburger. Il évoque un basculement, le 20 mars, jour férié marquant l’équinoxe du printemps : « Il s’agissait d’un jour férié qui marque le début de l’équinoxe de printemps, explique-t-il au « Parisien ». Durant le week-end qui suit, traditionnellement les Japonais se réunissent, vont voir les cerisiers en fleurs etc. Il y a donc eu un relâchement des gestes barrières. »

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Selon lui, il est toutefois prématuré de parler de « deuxième vague » : il préfère parler d’une « accélération ».

Même prudence pour Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique. « Même si on observe des flambées épidémiques comme en Chine, cela n’est pas forcément comparable avec ce que l’on a déjà vécu », tempère-t-il auprès du « Parisien ». « Il n’empêche que beaucoup de pays, y compris ceux cités en modèles dans leur gestion de l’épidémie comme la Corée du Sud, redoutent ces flambées. »

« Nous sommes peut-être en train de perdre notre avance »

En Europe, la crainte d’une deuxième vague croît aussi : en Allemagne, exemple de réussite de la lutte contre l’épidémie, on s’arme pour y faire face. Surtout, on met en garde contre un relâchement trop rapide des mesures restrictives : la chancelière Angela Merkel est ainsi récemment sortie de ses gonds en dénonçant « l’orgie » de discussions autour du retour à la normale et le manque de discipline de la population.

« Le virus va continuer à se répandre en Allemagne au cours des prochaines semaines ou mois et cet été », a expliqué le virologue Christian Drosten de l’hôpital de la Charité à Berlin sur la chaîne TV publique NDR, mettant en garde contre un nouveau départ simultané de cas de Covid-19 « partout en même temps ».

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« Nous sommes peut-être en train de perdre notre avance » sur le virus, a-t-il prévenu.

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En France aussi, la « deuxième vague » occupe les esprits : selon Bernard Jomier, médecin et sénateur de Paris cité par Public Sénat, « sans traitement, ni vaccin, ni immunité collective », elle arrivera « forcément ». « L’enjeu sera de tout faire pour que cette deuxième vague ne soit pas aussi forte que la première en ayant recours de façon massive aux masques, aux tests viraux généralisés, aux gestes barrières, et à l’isolement des personnes potentiellement malades », ajoute-t-il.

Selon lui, un « second confinement n’est pas à exclure » si cette deuxième vague menace de nouveau les hôpitaux de saturation.

Vers un reconfinement ?

Un reconfinement, hypothèse douloureuse à laquelle réfléchirait l’exécutif, rapportait « le Monde » mercredi. « Cela fait partie des hypothèses, notamment si des clusters se développent dans certains territoires », expliquait la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

De là à adopter la stratégie d’un « stop and go », une alternance de période de confinement et non-confinement ? Rien n’est encore sûr. Mais « notre vie, à partir du 11 mai, ce ne sera pas la vie d’avant le confinement », avait déjà prévenu Édouard Philippe lors de son point presse dimanche.

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Lors de son déplacement dans un Super U dans le Finistère mercredi, Emmanuel Macron avait affiché la même prudence, comme un avertissement : « Il faut avoir des caps réguliers et être très prudent à chacun de ces caps, car on n’a pas envie de faire des étapes en arrière », avait-il déclaré

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