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Édito

La Sécu condamnée à perpétuité 

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Jean-Francis Pécresse
Jean-Francis Pécresse

Par Jean-Francis Pécresse

Publié le 8 juin 2020 à 06:02
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Alors qu'elle était sur le point d'être libérée de ses déficits, la Sécurité sociale vient d'être condamnée à la peine perpétuelle. Longtemps, très longtemps, des générations de Français vont devoir éponger ses pertes abyssales. Et ce n'est pas le projet de loi prolongeant la durée de vie de la Caisse d'amortissement de la dette sociale (Cades) qui est de nature à les rassurer. Examiné à partir d'aujourd'hui au Parlement, ce texte ne donne que l'illusion d'une solution. Il n'apporte pas de réponse à la hauteur de la gravité de la menace qui pèse sur ce pilier de l'Etat providence qu'est la « Sécu ». Les 136 milliards d'euros de déficits constitués ou anticipés dès cette année, qui vont pouvoir être affectés à la Cades afin d'être ensuite amortis sur les marchés, semblent certes considérables : ne représentent-ils pas à eux seuls la moitié des déficits cumulés qui lui ont été transférés depuis sa création en 1996 ? Eh bien, cela ne suffira pas. Car, avec un déficit attendu pour 2020 à plus de 50 milliards d'euros - conséquence de l'effondrement des recettes et du rebond des dépenses de santé -, la « Sécu » s'aventure dans une zone inconnue d'où il lui sera bien difficile de revenir. Sans doute, avec l'amélioration de la conjoncture, le déséquilibre pourrait-il être réduit de moitié l'an prochain. Il reviendrait ainsi au pire niveau connu avant aujourd'hui. C'était lors de la dernière grande crise. Et que n'a-t-il fallu de dures réformes - des retraites, des hôpitaux… - pour parvenir, depuis lors, à redresser la situation… Cette fois, l'exécutif est bien en peine de donner la moindre perspective d'un retour à meilleure fortune. Pour cause : l'heure est à dépenser plus. Pour nos hôpitaux et nos soignants, pour nos aînés dépendants. Nous allons donc devoir financer pendant de longues années des déficits monstrueux. ​Et la Cades, qui devait s'effacer en 2024 faute de dette à amortir, en reprend pour dix ans. Au moins. Nous aussi en reprenons pour dix ans, au moins, de ces prélèvements sociaux invisibles mais pas indolores, la CRDS et la CSG, qui contribuent à rembourser la dette sociale. Les voici, les premiers impôts du coronavirus car, au lieu de mourir avec la Cades, eux aussi sont reconduits à perpétuité. Y avait-il moyen d'échapper à cette punition collective ? Il aurait fallu refiler la « dette Covid » de la « Sécu » au Trésor afin de la placer, comme celle de l'Etat, à moindre coût sur les marchés, sans trop se soucier de rembourser le capital pour le moment. Même si cela n'est pas d'une grande orthodoxie, une dette perpétuelle financée par les marchés vaut mieux qu'un déficit à perpétuité payé par nos impôts.

Nous allons devoir financer longtemps des déficits monstrueux.

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