Coronavirus : une aide financière sera versée début mai aux médecins libéraux

Les cabinets de dentistes, d’ostéopathes et autres spécialités ont fermé depuis le début du confinement mi-mars. L’Assurance maladie met en place une aide pouvant aller jusqu’à 25 % du montant des charges fixes des praticiens libéraux.

 L’aide sera versée sous forme d’un premier acompte viré début mai et calculé sur la base des revenus déclarés à partir du 30 avril.
L’aide sera versée sous forme d’un premier acompte viré début mai et calculé sur la base des revenus déclarés à partir du 30 avril. LP/J.B.

    Un geste! Le ministère de la Santé a entendu les inquiétudes des professionnels de santé libéraux qui ont vu leurs revenus fondre depuis le début du confinement. 95 % de baisse d'activité pour les dentistes, 40 % pour les médecins libéraux… Le Covid-19 a sévèrement affecté le chiffre d'affaires des professionnels de santé en ville. Au point de mettre en danger certains cabinets.

    Le directeur de l'Assurance maladie, Nicolas Revel, expliquait ainsi le 15 avril dernier devant le Sénat que les dentistes, dont la quasi-totalité des cabinets sont fermés, perdent chaque semaine 81 millions d'euros de chiffre d'affaires. Et pendant ce temps, les charges, les emprunts… continuent de courir. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait demandé au directeur de la Caisse nationale d'assurance maladie d'échanger avec les représentants des professionnels de santé pour trouver un moyen de les soutenir en cette période particulière.

    Une régularisation prévue pour la fin du confinement

    C'est chose faite : une aide sera bien versée, sous forme d'un premier acompte viré début mai et calculé sur la base des revenus déclarés à partir de ce jeudi 30 avril sur le portail ameliPro.fr. Neuf professions de santé au total vont bénéficier du dispositif qui pourra concerner 335 000 bénéficiaires potentiels.

    Cette aide a vocation à « compenser les charges fixes de fonctionnement des professionnels de santé libéraux, lorsque ces derniers sont conventionnés avec l'Assurance maladie », précise le ministère, et ce pour la durée du confinement. Seront déduits de ces aides, les soutiens qui auraient été perçus par les professionnels durant la période de confinement : chômage partiel des salariés ou recours au fonds de solidarité… Une régularisation est prévue à la fin de la période de déconfinement.

    Pour déterminer cette aide « individualisée », l'Assurance maladie a calculé pour chaque spécialité médicale le montant moyen du chiffre d'affaires et des charges fixes réglés en 2018 pour le comparer à l'activité 2020. Aucun montant n'a encore été communiqué, mais il semble que l'aide pourra aller jusqu'à 25 % du montant des charges fixes : loyer, emprunts en cours, charges sociales… Ces aides seront plafonnées pour un montant qui n'est pas encore connu. Pour exemple, un professionnel ayant touché 5000 euros d'honoraires par mois en 2019, et dont le taux de charges fixes est de 50 %, pourra, s'il n'a perçu aucun revenu pendant le confinement, bénéficier d'une aide de 2500 euros pour un mois.

    « C'est une décision à laquelle j'ai travaillé, puisque dès le début j'ai dit que plus qu'un report de charges, nous allions avoir besoin d'une aide, je la salue donc », réagit Thierry Soulier, président du syndicat professionnel CNSD qui représente les chirurgiens-dentistes. Dans un cabinet dentaire, les charges fixes représentent environ 50 % du chiffre d'affaires.

    « L'aide prévue sera insuffisante »

    Mais, s'empresse de préciser le médecin, « l'aide prévue sera insuffisante. Nous n'allons pas reprendre une activité normale à partir du 11 mai, les contraintes sanitaires vont nous obliger dans un premier temps à réduire nos activités de moitié et il nous faudra mettre en place de nouvelles mesures qui auront un coût. Il faudra donc réadapter la convention pour prendre en compte ces surcoûts durables. Avec tout ce que l'Assurance maladie a économisé sur les dépenses dentaires, ça ne devrait pas être compliqué de trouver de l'argent… ».

    « C'est un premier pas », commente de son côté Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, premier syndicat de médecins libéraux. Mais lui aussi estime que « ça ne suffira pas » et qu'« il va falloir s'assurer que l'activité des cliniques dans lesquelles nous travaillons peu reprendre. Or, l'incurie de l'Etat est responsable aujourd'hui d'un manque dramatique de médicaments indispensables, comme le curare, pour reprendre les opérations chirurgicales. Si l'activité est encore bloquée, il faudra envisager le versement d'un revenu minimum », prévient-il.