L’aide sociale face aux nouvelles pauvretés : épisode • 2/3 du podcast L’économie au chevet des plus pauvres

En octobre, l’État abritait 180 000 personnes en hébergement. Un chiffre qui a gonflé de 35 000 en un an, notamment à la suite du premier confinement. ©AFP - PHILIPPE DESMAZES
En octobre, l’État abritait 180 000 personnes en hébergement. Un chiffre qui a gonflé de 35 000 en un an, notamment à la suite du premier confinement. ©AFP - PHILIPPE DESMAZES
En octobre, l’État abritait 180 000 personnes en hébergement. Un chiffre qui a gonflé de 35 000 en un an, notamment à la suite du premier confinement. ©AFP - PHILIPPE DESMAZES
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Selon les associations caritatives, un million de Français auraient basculé dans la pauvreté à cause de la crise économique. Si la sécurité sociale française est généreuse, certains craignent qu'elle ne puisse pas répondre à cette vague inattendue.

Avec
  • Daniel Verger Responsable du pôle action plaidoyer au Secours Catholique
  • Hélène Périvier Economiste à l’OFCE Sciences Po, directrice du programme PRESAGE Programme de Recherche et d’Enseignement des Savoirs sur le Genre

Vendredi prochain, les aides annoncées par le gouvernement en octobre vont être distribuées : les bénéficiaires du RSA et de l’ASS bénéficieront d’un versement exceptionnel de 150 euros, plus 100 euros par enfant à charge. Les jeunes de 18 à 25 ans non étudiants percevant l'APL ainsi que les étudiants boursiers bénéficieront également de ces 150 euros même en l'absence d'enfant. Il s’agit d’un versement exceptionnel de plus dans la politique d’aide massive que le gouvernement a mise en place depuis mars. De quoi, espère-t-on, limiter l’explosion de la pauvreté à la suite de la crise du coronavirus.

Mais avant même le début de l’épidémie mondiale, le problème de la pauvreté n’était pas résolu en France. Selon un rapport publié par le Secours catholique le 12 novembre, plus de la moitié des personnes qui ont fait appel à l’association en 2019 vivaient avec entre 2 et 9 euros par jour et par personne, une fois payés le loyer et les factures. Elles étaient donc contraintes à faire des “choix impossibles” entre des dépenses toutes aussi nécessaires les unes que les autres ; la nourriture, les habits, l’hygiène ou les transports. 

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Avec l’épidémie, la quantité de personnes qui se trouvent confrontées à la pauvreté explose. Selon les chiffres avancés par le ministère de la Santé et des Solidarités, 8 millions de personnes, soit 12 % de la population française, auront recours à l’aide alimentaire à la fin de 2020. C’est huit fois supérieur à ce qui existait dans les années 1980. Cette augmentation ne s’explique pas uniquement par la crise économique engendrée par les deux confinements. Depuis le début des années 2000, la pauvreté croît en France : entre 2002 et 2018, le taux de personnes vivant avec moins que 50% du revenu médian est passé de 6,7% à 8,3% de la population. Mais la crise que nous connaissons aujourd’hui a fait apparaître de nouveaux profils. Certaines personnes, qui étaient sur le fil du rasoir mais qui parvenaient à s’en sortir, sont tombées du mauvais côté. C’est donc de la protection sociale et des aides des associations, comme les Restos du cœur qui lancent jeudi 26 novembre leur 36ème campagne que vont dépendre ces gens. 

Or, certaines personnes craignent que les dispositifs actuels ne suffisent pas à répondre correctement aux besoins accrus qui se profilent. Avec un labyrinthe administratif qui débouche sur des aides souvent insuffisantes et qui prend mal en compte les profils atypiques, le système de protection social français saura-t-il répondre à l’urgence engendrée par la crise ? Pour répondre à nos questions, nous avons fait appel à Hélène Périvier, économiste à l’OFCE Sciences Po et directrice du Programme de Recherche et d’Enseignement des Savoirs sur le Genre (PRESAGE), ainsi que Daniel Verger, responsable Etudes-Recherches-Opinion au Secours Catholique.

Références sonores

  • Interview de Henriette Steinberg sur Public Sénat
  • Interview de Sylvette Vieuxbled sur France 24 en novembre 2020
  • Extrait du discours d'Emmanuel Macron du 24 novembre 2020
  • Extrait du discours de Nathalie Goulet du 12 novembre 2020 (Public Sénat)
    Lecture par Tiphaine de Rocquigny d'un extrait du livre "Vernon Subutex" de Virginie Despentes (Grasset, 2015)
  • Extrait d'une interview de Benoit Hamon sur France 3 Bretagne en novembre 2020

Références musicales

  • Hocus Pocus - "Quitte à t'aimer"
  • Peder - "Ache

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