Les nuits d’été, il fait en moyenne 2 à 3 degrés de plus sur la Place Delille de Clermont qu’en périphérie. Cette élévation des températures en milieu urbain est plus sensible encore en période nocturne que durant les journées. Le phénomène, engendré par les changements climatiques conjugués à l’augmentation des populations et le densification urbaine, est qualifié d’îlots de chaleur. Selon les experts, il est lié à différents facteurs : les propriétés thermophysiques des matériaux utilisés pour la construction des bâtiments, des voiries et autres infrastructures, l’occupation des sols (sols minéralisés, absence de végétation), la morphologie urbaine (par exemple l’importance des voies de circulation) et, bien entendu, le dégagement de chaleur du aux activités humaines (moteurs, systèmes de chauffage et de climatisation…). Les matériaux urbains stockent ainsi la chaleur durant la journée et celle-ci se libère pendant la nuit.

Un diagnostic micro-climatique

En prévision du prochain réaménagement de la Place Delille, la Métropole clermontoise, qui entend lutter contre la surchauffe urbaine, a fait appel au Céréma (établissement public référence en matière d’aménagement, de cohésion territoriale et de transition écologique et énergétique) afin d’évaluer ses vulnérabilités en matière d’îlots de chaleur. En partenariat avec la Métropole et l’agence d’urbanisme locale, le Cerema a ainsi caractérisé le phénomène par un diagnostic micro-climatique à l’aide de mesures fixes et mobiles sur la place et ses abords, pour relever les températures et l’hygrométrie (l’humidité) de jour comme de nuit pendant la période estivale.

Jusqu’à 5°

L’instrumentation a permis de confirmer qu’en condition d’observation estivale non caniculaire, l’intensité maximum d’îlot de chaleur urbain est d’environ 3,5 °C, et peut atteindre 5°C en période de canicule. L’étude a combiné les mesures proprement dites avec le ressenti des habitants en matière de confort thermique afin d’identifier des éléments, voire des zones particulièrement problématiques. Ce travail d’observation et d’enquête a permis de révéler le fonctionnement spécifique de la place et de caractériser la diversité des types de publics qui la fréquentent. Au travers de l’étude réalisée transparaissent aussi les caractéristiques actuelles de la Place Delille, lieu de flux, de traversées, avec un poids fort des transports en commun mais aussi espace de vie en particulier pour des personnes vulnérables ou précaires. La population aspire à y trouver des activités de détente ou à s’y livrer à la flânerie.

Clermont Auvergne Métropole entend, bien entendu, tirer des enseignements de cette étude. Et pas seulement pour la future Place Delille. L’idée est de mieux prendre en compte les phénomènes d’îlots de chaleur qui – l’enquête le confirme- impactent le fonctionnement urbain et la santé des habitants. Et d’intégrer la problématique dans la stratégie et et les opérations d’aménagement de la collectivité intercommunale. En fonction de ses projets, la Métropole envisage également de pérenniser son partenariat avec la Céréma. Les changements climatiques, hélas, n’ont pas fini de faire parler d’eux…