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Vaccination au travail : Laurent Berger et Geoffroy Roux de Bézieux se piquent de concert

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Les patrons de la CFDT et du Medef ont pour la première fois organisé ce lundi une conférence de presse commune dans un centre de médecine du travail parisien. Objectif : alerter sur la nécessaire accélération de la vaccination dans ce type de centre.
par Damien Dole
publié le 3 mai 2021 à 21h32

La crise engendrée par la pandémie est décidément une période riche en nouveautés. Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef, et Laurent Berger, son homologue à la CFDT, ont organisé ce lundi après-midi une conférence de presse côte à côte. Et de leur aveu, c’est une première. La motivation : «Un ennemi commun, la pandémie», explique le premier quand le second affirme de son côté que «ce sujet est trop important, ce n’est pas la peine de se voiler la face : si on est d’accord, on est d’accord».

Devant des journalistes un peu serrés dans une pièce vaguement aérée du Centre médical interentreprises Europe (CMIE), dans le IXe arrondissement de Paris, les deux responsables syndicaux ont disserté ce lundi après-midi sur la vaccination des salariés, en particulier dans les centres de médecine du travail. «Nous souhaitons qu’un maximum de salariés soit vacciné», a assuré Laurent Berger, pour qui «une partie de la solution est la vaccination sur le temps de travail». Et, pour les deux représentants, la médecine du travail doit jouer son rôle. Sur les 25,4 de Français salariés, seules 400 000 injections ont été effectuées par les médecins du travail et 43 000 par les services de santé au travail. Une paille au regard des 15,8 millions de premières et 6,8 millions de secondes doses réalisées en France. «Il faut faire davantage confiance à la médecine du travail, demande Laurent Berger. On ne va pas assez vite.»

«Ces réticences-là devraient sauter au bénéfice de tous»

Pour les deux représentants, comme pour le CMIE, des «freins» expliquent ce retard à l’allumage, comme la réticence des salariés à se faire vacciner avec l’Astra Zeneca – seul vaccin disponible avec le Johnson & Johnson, car plus faciles à conserver que les vaccins à ARNm comme Pfizer ou Moderna – ou les difficultés à communiquer avec les salariés en cette période où le distanciel en entreprise est répandu.

Pendant la grosse demi-heure qu’a duré la conférence de presse, une «piste d’amélioration» a également été répétée à l’envi : «Elargir rapidement» les critères d’éligibilité, comme c’est le cas dans toute la France depuis samedi. Un changement qui a d’emblée suscité une accélération dans la prise de rendez-vous, selon des chiffres de Doctolib. Depuis le 14 avril, seuls les + de 55 ans avec ou sans comorbidités ainsi que des salariés de professions prioritaires car exposées peuvent se faire vacciner par la médecine du travail. «Ces réticences-là devraient sauter au bénéfice de tous», a affirmé Roux de Bézieux. Si cette solution est retenue par le gouvernement, il faudra en revanche permettre des livraisons de doses plus importantes, car elles sont aujourd’hui insuffisantes, a expliqué Claudine Sulitzer, présidente de la CMIE. Deuxième plus grand service de santé au travail en Ile-de-France, le centre médical suit plus de 380 000 salariés - dont seuls 60 000 sont éligibles à la vaccination au CMIE avec les critères actuels. Selon elle, il serait pourtant en capacité de réaliser 163 000 injections en trois mois, si le nombre de flacons livrés suivait.

Comment convaincre les salariés de venir se faire vacciner par la médecine du travail ? Si le volontariat, tout comme le secret médical, doit rester la norme selon le patron du Medef, pas question en revanche de proposer des primes aux salariés qui seraient vaccinés, comme cela peut se faire aux Etats-Unis. Quand Berger voit dans ces primes quelque chose de «très infantilisant» et «un peu insultant» envers les salariés, Roux de Bézieux affirme que cette idée «n’est pas dans notre culture». Même les grandes entreprises ont des limites à leur souhait de voir repartir l’économie grâce à la vaccination.

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