Toulouse. Derichebourg : Emmanuel Macron loue l'accord de compétitivité rejeté par certains salariés

Interrogé, mardi 14 juillet 2020, Emmanuel Macron a vanté les mérites des accords de performance collective (APC), comme celui signé chez le sous-traitant Derichebourg à Toulouse.

À Toulouse, plus d'une soixantaine de salariés de Derichebourg ont refusé de signer l'accord de performance collective souhaité par la direction.
À Toulouse, une soixantaine de salariés de Derichebourg ont refusé de signer l’accord de performance collective souhaité par la direction. (©T.C. / Actu Toulouse)
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C’est l’un des secteurs qui souffre le plus de la crise économique engendrée par le nouveau coronavirus. À Toulouse, les entreprises de l’aéronautique souffrent, à l’image de l’avionneur Airbus. Les salariés du géant européen sont sous la menace d’un important plan de réduction d’effectifs. Rien que dans la Ville rose, 3 378 postes sont en danger. La crise se fait également ressentir, chez les sous-traitants d’Airbus. Dernier exemple en date à Colomiers, près de Toulouse, où le sous-traitant AAA veut supprimer près de 300 postes.

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Pour faire face à la crise et éviter les plans sociaux, certaines entreprises ont pris la décision de signer des accords de compétitivité avec les représentants syndicats. À Toulouse, c’est notamment le cas du sous-traitant Derichebourg Aeronautics Services qui a signé, vendredi 12 juin 2020, un « accord de performance collective (APC) et de maintien de l’emploi », afin d’éviter la suppression de 700 postes (sur 1 583 au total, dont 1 400 en région toulousaine). Ce recours à l’APC a été vivement contesté par les syndicats minoritaires de l’entreprise (Unsa Aérien, CFE-CGC), mais loué par Emmanuel Macron lors de son interview télévisée, mardi 14 juillet 2020.

Un « chantage inacceptable » ?

Pour cette entrevue diffusée le jour de la fête nationale, Léa Salamé, journaliste de France 2, et son confrère de TF1, Gilles Bouleau, ont interrogé le chef de l’État sur la crise sanitaire, le remaniement ministériel ou encore la relance économique. Sur ce dernier point, la journaliste de France 2 a interpellé Emmanuel Macron sur les accords de réduction salariale passés entre les patrons et les organisations syndicales. Pour appuyer son propos, elle prend l’exemple de Derichebourg Aeronautics Services :

Monsieur le président, quand on voit dans certaines entreprises comme Derichebourg, filiale d’Airbus (sic), qu’on demande aux salariés de baisser de 20 % leur salaire pour pouvoir les garder… Vous si vous étiez salariés, si votre patron venait vous dire : « Soit vous baissez votre salaire de 20 %, soit je ne peux pas vous garder… », vous feriez quoi ? Vous acceptez le deal ou vous dites que c’est du chantage inacceptable ?

Emmanuel Macron en faveur d’une baisse temporaire des salaires

« Ça ne doit pas être du chantage, ça doit être du dialogue social. C’est comme ça qu’on l’a conçu avec les partenaires sociaux », rétorque le locataire de l’Élysée, qui poursuit :

Pour notre pays, je préfère au maximum qu’il y ait des salaires qu’on accepte de baisser momentanément, plutôt que des licenciements… Parce qu’on met, parfois, des années à retrouver de l’emploi. Mais ça doit passer par le dialogue social.

Toutefois, ce propos est difficilement audible pour les salariés opposés à l’APC, et notamment pour l’UNSA Aérien, syndicat minoritaire au sein de Derichebourg Aeronautics Services.

Chez Derichebourg, un accord à durée indéterminée

Effectivement, comme l’indique le syndicat, l’accord de performance collective signé entre le syndicat majoritaire Force Ouvrière et la direction de Derichebourg est bel et bien à « durée indéterminée ». Chez ce sous-traitant, il n’est donc pas question d’une baisse temporaire des salaires comme semble l’évoquer le président de la République.

Mercredi 15 juillet 2020, 63 salariés ont d’ores et déjà annoncé qu’ils refusaient l’accord de performance collective, provoquant de ce fait, un licenciement. Les salariés ont jusqu’au 25 juillet pour donner leur refus à la direction.

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Le 12 juin 2020, quelques minutes après la signature de l’accord, Jean-Marc Moreau, délégué syndical FO chez Derichebourg, avait indiqué qu’il travaillerait pour récupérer les pertes des salariés (suppression du 13e mois pour certains, fin des indemnités repas et transports…).

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« Aucun patron ne veut que ses salariés travaillent moins »

Au cours de cet entretien, Emmanuel Macron a vanté les bienfaits de ce « dialogue social ».

Quand il y a de la peur, de la conflictualité dans notre pays, le dialogue social, à l’échelle de la branche et de l’entreprise, a une valeur inouïe parce qu’il permet de mettre les gens autour d’une table. Quand on se parle, pour dire les choses, pour partager ses contraintes, aucun patron ne veut que ses salariés travaillent moins. Aucun. Ils partagent les mêmes risques. Le patron prend même souvent plus de risques. Le patron veut plutôt embaucher davantage et avoir plus d’activité.

« Parfois, on ne sait pas assez se mettre autour de la table. Ça a été mon défaut aussi », concède-t-il.

« Si les salariés font un effort, l’actionnaire doit aussi en faire »

Selon lui, si un salarié accepte une modération salariale temporaire, il souhaite que celle-ci s’accompagne d’un « intéressement et d’une participation ». 

Il faut que le salarié qui accepte de faire un effort dans cette période ait droit, le jour où ça va mieux, d’avoir sa part du « mieux ». Cela doit s’accompagner d’une modération des dividendes. C’est qu’on a demandé aux entreprises auxquelles on abonde. Si on dit aux salariés de faire un effort, l’actionnaire doit faire un effort aussi.

30 milliards d’euros pour l’activité partielle

En matière de sauvegarde de l’emploi, Emmanuel Macron a également tenu à souligner l’engagement de l’État.

Nous, nous allons faire un effort sur l’argent public. Sur ce dispositif (d’activité partielle, ndlr), on va mettre 30 milliards d’euros : pour compléter les salaires, pour financer des formations, pour permettre soit, le jour d’après, d’être un salarié mieux formé, mieux qualifié et qui gagnera mieux sa vie, soit d’aller vers des secteurs d’activité où il y aura plus d’opportunité.

Conscient que « certains secteurs vont détruire de l’emploi », le chef de l’État veut utiliser les prochains mois « pour former, pour permettre aux salariés d’acquérir des compétences, sans être au chômage, pour aller vers des secteurs qui créent de l’emploi », comme, par exemple, celui de la rénovation thermique des bâtiments.

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