Complémentaires santé : l’UFC-Que choisir dénonce une hausse «massive» des tarifs en 2020

Selon une étude de l’UFC - Que Choisir, les contrats individuels ont augmenté de 5% en moyenne en 2020, soit un impact moyen de 80 euros par an. Les complémentaires contestent ces chiffres.

 Une hausse des tarifs était déjà redoutée avec l’entrée en vigueur au 1er janvier du «100% Santé» pour l’optique et certains soins dentaires.
Une hausse des tarifs était déjà redoutée avec l’entrée en vigueur au 1er janvier du «100% Santé» pour l’optique et certains soins dentaires. LP/Olivier Boitet

    Une hausse de 3% ? 5% ? Ou... 35% ? Selon l'UFC - Que choisir, les complémentaires santé auraient « massivement » augmenté leurs tarifs sur les contrats individuels − près d'un contrat sur deux − en 2020.

    Le risque d'une dérive tarifaire des assurances santé avait été déjà plusieurs fois évoqué comme une conséquence possible de la réforme « 100 % santé » qui supprime progressivement le reste à charge des patients sur des prestations en optique, dentaire et audioprothèses. Si la Mutualité française, qui fédère près de 500 mutuelles, s'est voulue rassurante dès novembre, annonçant une prévision de hausse de 3%, l'UFC - Que choisir annonce, elle, mercredi 12 février, une hausse moyenne de 5%, après + 4% en 2019. Avec des évolutions allant de 0% à plus de 10%.

    Des écarts «béants» de prix

    Pour les assurés de Swiss Life, c'est + 12%, pour ceux d'Apicil + 10,7%. Malakoff Humanis est sur la 3e marche de ce podium avec + 8,1%. Meilleure élève avec + 2,7%, la Macif avait pourtant annoncé un gel des tarifs en 2020.

    L'association a demandé à ses adhérents de lui envoyer leur contrat 2020. Bâtie sur l'analyse de 486 contrats proposés par 86 complémentaires, l'étude de l'UFC conclut que « 10% des assurés ayant répondu à l'enquête ont vu leur cotisation augmenter de moins de 1,9%, mais 10% ont subi une inflation supérieure à 12,5%, et, dans plusieurs cas, la hausse dépasse même 35% ! »

    L'association de défense des consommateurs dénonce des écarts « béants » de prix entre professionnels. Ainsi, toujours selon l'étude, ce sont les institutions de prévoyance qui ont le plus augmenté leurs tarifs (9,1%), suivies de loin par les assureurs privés (+ 4,9%) et les mutuelles (4,6%).

    Selon l'association, « l'impact moyen de ces hausses est de 80 euros par an, voire 150 euros pour 20% des contrats étudiés ». Ces évolutions prennent en compte « l'effet âge », un surcoût, ou malus, qui évolue avec l'âge de l'assuré, souvent au rythme de + 1%, voire 2%, du tarif par an. Ainsi, 97% des contrats individuels sont soumis à cette variable.

    Une étude «pas représentative»

    De leurs côtés, les complémentaires dénoncent toutes une étude qui n'est selon elles « pas sérieuse » et « pas représentative » ou « biaisée ». Si le directeur général de la Mutualité française, Albert Lautman, se félicite de voir que « les mutuelles sont les meilleurs élèves », il conteste le chiffre de 5 % de hausse avancé par l'UFC. « Nous venons de boucler une étude sur 13 millions d'assurés, la hausse moyenne en 2020 n'est que de 2,9 % alors que nos dépenses de remboursement et celles liées à de nouvelles charges auraient dû entraîner une hausse de 5 % ».

    Malakoff Humanis, leader de l'assurance santé collective, avec dix millions de personnes couvertes, dont 20 % en individuel, conteste avoir augmenté ses tarifs de 8,2 % sur ses contrats individuels, comme l'a relevé l'UFC. « En 2020, la hausse moyenne est de 4 % sur ces contrats et 2,8 % sur l'ensemble des offres », assure-t-on à la direction du groupe.

    Mais ce que ne précisent pas les complémentaires, c'est que leurs chiffres, eux, ne prennent pas en compte l'effet d'âge. Il faut donc ajouter aux taux annoncés entre un et deux points de plus de hausse. Ce qui fait dire à Mathieu Escot, de l'UFC : « Nos chiffres, in fine, ne sont pas si éloignés de ceux des complémentaires… »

    Anticiper le droit de résilier à tout moment

    Devant les conclusions de son étude, l'UFC demande à la ministre de la Santé Agnès Buzyn de publier au plus vite les décrets pour anticiper l'application, prévue en décembre 2020, de la loi permettant de changer de complémentaire santé à tout moment, passé la première année d'adhésion.

    Le ministère, qui juge « problématiques » les hausses révélées par l'UFC, se dit « évidemment favorable à son entrée en vigueur la plus rapide possible », estimant qu'elle aura « un impact positif sur les primes et le pouvoir d'achat ».

    Cependant, tempère-t-on dans l'entourage d'Agnès Buzyn, « il est important que la réforme entre en application dans de bonnes conditions. Nous devons nous assurer, notamment, que les professionnels pourront continuer à pratiquer le tiers payant, qui suppose encore des adaptations. »

    Faire jouer la concurrence pour réduire sa facture

    En attendant, que faire si vous trouvez la facture de votre complémentaire santé trop salée? D'abord tentez de changer de contrat sans changer de mutuelle ou d'assureur. Les nouveaux contrats sont souvent plus compétitif que les anciens. Sinon, patientez et résilier votre contrat dans les deux mois précédant la date anniversaire de sa signature. Possibilité qui sera donc offerte à tout moment à partir du mois de décembre, au plus tard.

    Autre solution : si le total des revenus est inférieur à 12 084 euros pour une personne seule et 18 126 euros pour un couple, il est possible de solliciter la Complémentaire santé solidaire (CSS). Sept millions de personnes y ont théoriquement droit. Elle est, selon les ressources, soit gratuite, soit facturée 1 euro par jour au maximum. Les demandes se font par écrit, auprès de votre caisse primaire d'assurance maladie, ou par Internet via votre compte Ameli.fr.