Coronavirus : cinq minutes pour comprendre les tests de dépistage pratiqués en France

Si le nombre de demandeurs augmente, tout le monde ne peut avoir accès à ces tests de dépistage.

 La France accélère les préparatifs dans la perspective d’un pic de l’épidémie due au coronavirus.
La France accélère les préparatifs dans la perspective d’un pic de l’épidémie due au coronavirus. INA FASSBENDER/AFP

    Alors que l'épidémie de coronavirus s'accélère en France, le personnel médical est confronté à un nombre croissant de demandes de dépistages. La contagion, qui touche désormais le gouvernement avec la contamination du ministre de la Culture Franck Riester, approche désormais du « stade 3 » épidémique.

    Près de mille tests sont pratiqués chaque jour, a précisé le ministère de la Santé. Afin d'augmenter les capacités, le gouvernement a autorisé, dimanche, les laboratoires de ville à faire des dépistages. Mais si le nombre de volontaires augmente, tout le monde ne peut avoir accès à ces tests. Le Parisien fait le point sur la stratégie française de dépistage.

    Qui peut être testé ?

    Inutile de se rendre directement dans un laboratoire si vous craignez d'avoir été contaminé. Car il n'est pas question de tester tout le monde par précaution. « Les seules personnes qui sont testées sont celles étant considérées comme des cas possibles », explique Sylvie Behillil, responsable adjointe au Centre national de référence (CNR) des virus respiratoires à l'Institut Pasteur auprès de L'Express.

    Ce classement se fait par un expert du Samu et un infectiologue, le médecin ne pouvant pas décider lui-même de prescrire un test de dépistage. Ces spécialistes vont alors interroger le patient sur ses symptômes, mais aussi sur les déplacements qu'il a effectués et les personnes avec qui il a été en contact.

    Pour être dépisté, il faut soit que les symptômes soient graves, soit avoir eu un « contact étroit » avec un cas confirmé, ou avoir voyagé dans une « zone d'exposition à risque », en France ou à l'étranger, dans les quatorze jours précédents, selon le ministère de la Santé.

    Comment se pratique le test ?

    Concrètement, le test consiste en un rapide prélèvement dit naso-pharyngé, c'est-à-dire au moyen d'un long coton-tige dans la narine. Une fois le test réalisé, l'échantillon peut être examiné sur place, si l'établissement est doté d'un laboratoire spécialisé, ou dans le laboratoire le plus proche.

    Si le test se révèle positif, le patient est pris en charge sur place pour être confiné.

    La France pratique-t-elle moins de tests qu'ailleurs ?

    Invité mardi sur le plateau de « C dans l'air », le journaliste italien Paolo Levi relevait qu'« au 23 février, le nombre de tests réalisés en France était de 457, en Italie on était déjà à 6000 ». Et de s'interroger : « Est-ce qu'on ne trouve pas que ce que l'on cherche ? ».

    Dans son bulletin épidémiologique du 6 mars, Santé publique France précise que 1057 tests avaient été pratiqués, la veille (893 négatifs et 164 positifs).

    Un chiffre que l'agence nationale a cessé de communiquer depuis le 7 mars. Jusqu'à présent, le nombre de cas testés en France est bien inférieur à celui d'autres pays touchés comme la Corée du Sud ou l'Angleterre. Reste que le nombre de cas avérés n'est pas forcément corrélé à l'ampleur des campagnes de dépistage. Ainsi, le Royaume-Uni ne comptait « que » 373 cas le 10 mars pour plus de 26 000 personnes testées. Pour rappel, la France compte à ce jour 1784 cas avérés.

    Enfin, les pays n'adoptent pas tous la même politique face à la crise sanitaire. La Corée du Sud encourage un maximum de personnes à se faire dépister. Les autorités ont mis en place un système de dépistage à la chaîne, type « drive-in », où les tests se pratiquent directement dans les voitures. Un modèle qui permet de dépister un plus grand nombre de personnes contaminées.

    Les ministres bénéficient-ils d'un traitement différent ?

    Pour l'heure, trois ministres ont été soumis au dépistage. Le premier, Franck Riester, s'est placé en quarantaine, après la confirmation de sa contamination. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a également indiqué avoir été testé, avec un résultat négatif. Même soulagement pour la ministre de la Justice, Nicole Belloubet qui a aussi été dépistée.

    Contacté par l'AFP, Matignon a assuré que les membres du gouvernement ne bénéficiaient toutefois pas d'un traitement différent. Olivier Véran a expliqué avoir été testé alors qu'il ressentait « un petit début de rhume » et après « s'être rendu dans plusieurs endroits où circule activement le virus, notamment dans l'Oise ».

    De même, Franck Riester a précisé avoir été testé après avoir passé plusieurs jours à l'Assemblée nationale la semaine où cinq députés et deux membres du personnel ont été contaminés.

    Enfin, Nicole Belloubet a assuré avoir été dépistée après avoir ressenti « un peu de fièvre » mardi, ajoutant qu'elle avait « été en contact avec une personne testée positive », sans donner plus de détails.

    Que va changer le stade 3 ?

    Actuellement, les Agences régionales de santé (ARS) implantées dans les zones particulièrement à risque, comme l'Oise et le Haut-Rhin, peuvent choisir de ne tester que les patients dont l'état est « sévère », explique le site du gouvernement. Une règle de priorité qui sera généralisée quand la France passera au stade 3 de l'épidémie.

    Pour rappel, celui-ci correspond au moment où le virus circule activement dans tout le territoire. Lorsque ce palier sera atteint, il ne sera plus question d'essayer de détecter et d'isoler les cas pour stopper l'épidémie.

    Interrogé par Libération, Vincent Enouf, chercheur à l'Institut Pasteur le confirme : « Ce serait un contresens et ne servirait à rien d'imposer un test à tout le monde. Car nous réduirions nos ressources et les laboratoires ne seraient pas équipés. »