Lors de son université d’été sur l’économie de demain, le mouvement des entreprises sociales et solidaires a dévoilé un nouvel outil : l’Impact score. Un outil qui permet d’évaluer la durabilité d’une entreprise et de la rendre transparente pour les consommateurs et les employés. À l’heure où se posent les questions d’éco-conditionnalité des aides du plan de relance, l’initiative séduit le gouvernement et certains députés.

Évaluer et rendre visible les engagements durables des entreprises via un score de la responsabilité sociale (RSE)… L’idée est plaisante mais la mise en application complexe. Fin 2019, la proposition de loi du député socialiste Dominique Potier en ce sens n’avait pas abouti. Mais l’initiative Impact score d’un collectif d’entrepreneurs responsables présentée lors de l’université d’été du collectif #Noussommesdemain, semble avoir fait basculer l’Exécutif.
Il s’agit de mesurer une quinzaine d’indicateurs transversaux et structurants sur quatre piliers : l’impact social et environnemental, le partage des richesses et du pouvoir. Les entreprises pourront ainsi évaluer et communiquer leurs actions en matière d’écart de rémunération, de diversité, d’achats locaux et labellisés, d’empreinte carbone ou de pourcentage de placements d’entreprise dans des actifs financiers durables. Pour chaque indicateur, l’entreprise a une cible à atteindre mais aussi des paliers intermédiaires qui montrent la voie.
La crise du Covid-19 a mis ces questions de durabilité au cœur des préoccupations comme l’ont montré les appels à la relance verte mais aussi les crispations sur l’éco-conditionnalité des aides d’État. L’impact score présente aussi l’avantage de s’appuyer sur un outil concret fruit d’un "travail collectif de deux ans réalisé par des entrepreneurs pour des entrepreneurs", souligne Caroline Neyron, déléguée générale du Mouves (Mouvement des entrepreneurs sociaux). Une trentaine de réseaux légitimes sur les questions de responsabilité ont été mobilisés tels que B corp, les entreprises à mission, le Centre des jeunes dirigeants d’entreprise ou le réseau Entreprendre.
Une initiative collective d’entreprises tournées vers l’impact
Pour tester l’outil, toute la communauté des entrepreneurs sociaux, soit quelque 400 000 entreprises, sont sur le pont. L’objectif est de généraliser son utilisation à l’ensemble du tissu économique français en intégrant la puissance publique dans le processus. Avec un impact score soutenu par l’État, les Français pourraient mieux décider chez qui ils achètent, placent leur argent ou chez qui ils veulent travailler. À terme, le score d’impact pourrait aussi servir de base pour un bonus/malus fiscal par exemple.
L’idée a séduit plusieurs membres du gouvernement dont Olivia Grégoire, secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable auprès de Bercy. Elle a assuré en faire "une priorité absolue" de son mandat. "La notation est le nerf de la guerre : elle permet de faire bouger les structures", assure l’ancienne responsable du développement durable chez W&Cie (Havas). L’Impact score irait dans ce sens en "rendant visible de manière cohérente la création ou la destruction de valeur environnementale et sociale".
D’ici là, le collectif #Noussommesdemain qui avait été très actif sur l’éco-conditionnalité des aides d’État aux entreprises affectées par le coronavirus, demande à ce que toutes les sociétés bénéficiaires y soient soumises. Certains députés comme le socialiste Dominique Potier ou Roland Lescure, de La République en marche, se sont engagés à mettre ces questions en débat lors du futur examen législatif du plan de relance.
Béatrice Héraud, @beatriceheraud   

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