Coronavirus : un plan économique espagnol moins massif qu'il n'y paraît
L'Espagne a annoncé il y a quelques jours des mesures d'urgence qui représenteraient 200 milliards d'euros. Mais 83 milliards doivent venir du privé, et les nouvelles dépenses s'élèvent plutôt à 17 milliards, le reste étant un mécanisme de garanties.
Par Cécile Thibaud
Le chef du gouvernement, Pedro Sánchez a annoncé le 17 mars dernier la mobilisation de 200 milliards , soit l'équivalent de 20 % du PIB du pays pour amortir l'impact de l'épidémie. Mais derrière cet effet d'annonce, les chiffres sont nettement plus modestes. De cette somme, seuls 117 milliards correspondent à des fonds publics et 83 milliards à des fonds privés.
Et les dépenses budgétaires nouvelles représentent plutôt 17 milliards d'euros, soit seulement 1,4 % du PIB. Est-ce le manque de marges de manoeuvre budgétaires ? Cela ne place en tout cas pas le plan espagnol parmi les plus importants en Europe, même si tous les montants seront sans doute appelés à évoluer.
Dans le détail, l'Etat a créé un mécanisme de garanties couvrant jusqu'à 100 milliards de prêts pour les entreprises mises en difficulté par leur baisse d'activité. Tout ceci, selon les calculs du gouvernement, devrait permettre de mobiliser au total « entre 150 et 200 milliards en y ajoutant la collaboration du secteur privé ». Pour le moment, seule une première tranche de 20 milliards de garanties a néanmoins été débloquée. Elle couvrira les prêts à hauteur de 80 % pour les PME, et de 70 % pour les autres entreprises.
Amortir le choc
L'autre grand volet du plan concerne des dépenses nouvelles engagées pour amortir le choc de la crise économique. Cela passera notamment par l'aide au maintien de l'emploi, avec une simplification du mécanisme de mise en chômage partiel , accompagnée de 5 milliards d'aides via la prise en charge de cotisations sociales, à 100 % pour les petites structures et 75 % pour les entreprises de 50 salariés et plus, ainsi qu'une prestation extraordinaire et l'exonération de cotisations pour les travailleurs indépendants qui peuvent accréditer une baisse d'activité de 75 %.
Le dernier volet concerne l'aide aux ménages en difficulté, avec la garantie du maintien des services essentiels (eau, gaz, électricité, télécommunications) et l'assistance aux personnes âgées ou dépendantes. Sans oublier bien sûr la facture à venir des dépenses de santé exceptionnelles qui sont actuellement engagées.
Cécile Thibaud (Correspondante à Madrid)