PANDEMIEMalgré l'incertitude, le FMI attend une grosse récession mondiale pour 2020

Récession, relance, reprise… Les prévisions du FMI pour une crise qui « ne ressemble à aucune autre »

PANDEMIEEn France, le PIB devrait lourdement chuter, comme ailleurs en Europe
Gita Gopinath, le 9 avril 2020 à Washington.
Gita Gopinath, le 9 avril 2020 à Washington. - Jose Luis Magana/AP/SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé ce mardi une récession mondiale de 3 % cette année, malgré l’incertitude « considérable » autour des prévisions économiques. « Cette crise ne ressemble à aucune autre », a reconnu l’institution.

Avec l’épidémie de Covid-19, « le monde a radicalement changé en trois mois », a résumé Gita Gopinath, l’économiste en chef du Fonds monétaire international, décrivant « une sombre réalité » lors d’une conférence de presse virtuelle. « Il est très probable que cette année, l’économie mondiale connaîtra sa pire récession depuis la Grande Dépression », a-t-elle également ajouté. Ce sera peut-être moins mauvais que dans les années 1930, quand le PIB mondial a chuté de 10 %, mais bien plus sévère qu’en 2009 (- 0,1 %) suivant la crise financière, a-t-elle précisé.

Un redémarrage impossible, des pays à l’arrêt

Pour endiguer la pandémie, les gouvernements se sont résolus à confiner leur population, fermer les commerces non essentiels, réduire drastiquement le trafic aérien, paralysant ainsi des pans entiers de l’économie. En conséquence, le commerce international s’est effondré : le Fonds prévoit ainsi une baisse de 11 % du volume d’échange de biens et services en 2020.

Alors que dans les crises économiques habituelles, les décideurs politiques s’efforcent de dynamiser aussi vite que possible l’activité économique en stimulant la demande, cette fois, « la crise est dans une large mesure la conséquence des mesures de confinement nécessaires », relève Gita Gopinath.

Pour les pays avancés, la récession devrait atteindre 6,1 %. Aux Etats-Unis, où le système de santé est défaillant, la contraction du PIB devrait être de 5,9 %. Dans la zone euro, le PIB va même dégringoler de 7,5 %. En Italie, la contraction sera de -9,2 %, en Espagne de -8 %.

Un rebond l’an prochain ?

En France, avec une récession de 7,2 %, le FMI est plus optimiste que le gouvernement qui table sur une chute de 8 %. Ailleurs en Europe, au Royaume-Uni, le PIB va chuter de 6,5 %. Dans la zone Amérique Latine et Caraïbes, la récession sera à peine moins marquée (-5,2 %). Pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, le FMI table sur une baisse du PIB de 2,8 %. La Chine et l’Inde devraient être les seules à créer de la croissance (+1,2 % et +1,9 % respectivement).

Lumière au bout du tunnel, un rebond de l’économie mondiale pourrait toutefois intervenir dès 2021, avec une croissance attendue de 5,8 %. A condition que la pandémie soit effectivement maîtrisée au second semestre de cette année. Sinon la récession pourrait être bien pire, une hypothèse « très probable », a mis en garde l’économiste en chef.

Sur le plan économique, le FMI loue les mesures « rapides et substantielles » pour protéger les personnes et les entreprises les plus fragiles. Elle a souligné que « la différence cruciale » avec la crise des années 1930 est l’existence d’institutions multilatérales telles que le FMI et la Banque mondiale capables de fournir une aide financière immédiate pour aider les pays les plus vulnérables. Le G7 s’est d’ailleurs dit favorable à la suspension provisoire des services de la dette des pays pauvres.

Des mesures pour éviter que l’histoire ne se répète

Pour les économies avancées, la reprise économique nécessitera plus de mesures de relance budgétaires. Et ce stimulus sera plus efficace si ces mesures sont « coordonnées », a souligné Gita Gopinath. Elle a en outre estimé que la question de la dette des Etats devra être examinée une fois la pandémie passée. « Pour l’heure, la crise nécessite l’action des gouvernements », a-t-elle insisté.

Enfin, alors que la pandémie a mis en lumière l’absence de préparation de nombreux pays à une crise sanitaire de cette ampleur, le FMI exhorte à réfléchir aux mesures qui pourraient être adoptées pour éviter qu’une pandémie similaire ne se reproduise à l’avenir. Il préconise en particulier un échange d’informations plus important et plus automatique sur les infections inhabituelles ainsi que la constitution de stocks mondiaux d’équipements de protection individuelle et la mise en place de protocoles pour que les pays ne se heurtent pas à des problèmes d’approvisionnement d’équipements de santé essentiels. « Malgré les circonstances désastreuses », il y a des raisons d’être optimistes, a affirmé Gita Gopinath.

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