Seine-Saint-Denis : une aide de 60 euros pour 25 000 collégiens qui ne déjeunent plus à la cantine

Stéphane Troussel, le président (PS) du conseil départemental, pointe la «précarité alimentaire» des familles modestes dont les revenus baissent et qui ont désormais charge de nourrir les adolescents qui ne déjeunent plus à la cantine.

 Illustration. Le département de Seine-Saint-Denis lance une aide exceptionnelle de 60 € pour 25 000 collégiens qui ne peuvent plus déjeuner à tarifs très bas dans leurs établissements scolaires.
Illustration. Le département de Seine-Saint-Denis lance une aide exceptionnelle de 60 € pour 25 000 collégiens qui ne peuvent plus déjeuner à tarifs très bas dans leurs établissements scolaires. LP/Olivier Corsan

    La facture du confinement est lourde pour les familles modestes. Le département de Seine-Saint-Denis annonce mettre en place une aide exceptionnelle de 60 euros pour 25 000 collégiens issus de familles modestes qui, confinement oblige, ne déjeunent plus à la cantine le midi. Et ne bénéficient donc plus des tarifs très bas des repas définis par le quotient familial. Objectif de ce dispositif qui doit être versé d'ici la fin du mois : lutter contre la très forte précarisation alimentaire constatée par les services sociaux du département depuis le début de la quarantaine.

    « Depuis la mise en place du confinement, les assistantes sociales du département font remonter, de manière claire, une précarité en hausse chez les ménages les moins favorisés du département », note Stéphane Troussel, président PS du département. Ainsi, dans ces familles, les revenus se sont effondrés, entre l'arrêt des contrats précaires, la baisse d'activité pour les auto-entrepreneurs, comme les chauffeurs VTC, ou encore tous ceux qui ne peuvent bénéficier du chômage partiel.

    « Or, dans ces familles, les élèves et notamment les collégiens ne peuvent plus déjeuner dans les établissements scolaires le midi, car ils sont fermés. Grâce au quotient familial, le prix du repas facturé aux familles démarre à 0,31 € », poursuit Troussel. Depuis un mois, le déjeuner de ces adolescents passe à la charge de leur famille, et la facture alimentaire est lourde, couplée, donc, à la baisse importante des revenus. « Il y a une vraie urgence sociale », estime Stéphane Troussel, qui rappelle que le département a aussi fait don de la totalité de ses stocks de nourriture à des associations caritatives et rouvert l'une de ses cuisines centrales pour produire 3 000 repas par jour destinés aux plus démunis.

    « Cette aide de 60 euros pour 25 000 collégiens concerne tous ceux dont le repas à la cantine du collège était facturé au prix de 0,31 € à 2,50 €, il s'agit des sept échelons du quotient familial les moins favorisés », précise le département, qui débloque donc au total 1,5 million d'euros (M€).

    « L'ardoise solidaire commence à grimper, mais devant l'urgence, je ne peux pas attendre que le gouvernement se décide à décréter l'état d'urgence sociale », estime encore Stéphane Troussel, qui précise que « tout est fait » pour que le versement de cette aide, dont les modalités pratiques ne sont pas encore définies, intervienne avant la fin du mois d'avril.

    «Ça va devenir compliqué pour joindre les deux bouts»

    Cette aide est évidemment accueillie avec satisfaction par les parents concernés. Comme Mizan, papa de quatre enfants habitant à Pantin, dont le plus âgé est un collégien de quinze ans. « Financièrement, cela ne peut faire que du bien : avec un repas en plus chaque jour, c'est un vrai budget supplémentaire pour ma famille, d'autant que mon commerce (NDLR : Mizan tient un taxiphone) est fermé depuis le 15 mars, je n'ai donc aucune rentrée d'argent, car ma femme ne travaille pas pour l'instant », explique ce père de famille, qui « n'a pas encore fait les comptes précis sur l'impact économique important de cette crise » sur son budget familial. « Cela ne fait qu'un mois, c'est encore tenable, mais avec la prolongation du confinement jusqu'au 11 mai, ça va devenir très compliqué pour joindre les deux bouts », estime-t-il encore.

    Cette aide départementale sera versée en parallèle d'une autre aide exceptionnelle, celle annoncée par le président Emmanuel Macron dans son allocution de lundi soir. Dédiée aux « familles les plus modestes pour faire face aux besoins essentiels », ses contours n'ont pas été précisés.

    Par ailleurs, Stéphane Troussel espère aussi que l'Etat viendra sans tarder à la rescousse des collectivités territoriales, « dont les recettes s'effondrent et les responsabilités auprès des plus faibles explosent ». Pour le président du département, il faut aider financièrement, et sans tarder, les collectivités, avant que celles-ci ne craquent : « En ce qui concerne le département, par exemple, en Seine-Saint-Denis, la recette émanant du droit de mutation versé par les notaires dans le cadre des transactions immobilières avoisine les 20 ou 22 M€ par mois. Un montant qui va s'effondrer. Or, rien que le versement du RSA, effectué par nos soins chaque mois, représente 42 M€ ! »