La dette, faut-il la payer ou l’annuler ? Invité à débattre du sujet dans l’Hémicycle par le Groupe de la gauche démocrate et républicaine de l’Assemblée nationale, Bruno Le Maire en a profité pour esquisser, lundi 22 mars au soir, une nouvelle piste pour s’attaquer aux 215 milliards d’euros de la dette Covid, conséquence de la crise sanitaire. Il s’agirait de « consacrer une part de la hausse [des recettes] de l’impôt sur les sociétés au remboursement », selon le ministre de l’économie.
« Les Français se demandent comment, quand et qui va rembourser la dette », a constaté M. Le Maire, au nom d’un « principe de responsabilité » sur le sujet. « On pourrait envisager de consacrer une part du produit de la croissance à ce remboursement. Nous avons beaucoup soutenu les entreprises pendant la crise (…). Si demain elles renouent avec la croissance, ont une croissance supplémentaire et que les recettes d’impôt sur les sociétés augmentent, ne serait-il pas juste de consacrer une part de cet impôt au remboursement de la dette Covid ? », s’est interrogé le locataire de Bercy, en précisant qu’« il n’est toutefois pas question d’augmenter cet impôt », qui doit tomber à 25 % en 2022.
Ce ne serait de toute façon pas pour tout de suite. « Rien ne doit être engagé tant que la crise sanitaire n’est pas derrière nous, tant que l’économie française n’a pas les épaules suffisamment solides pour commencer à rembourser », a précisé le ministre.
Dépenses publiques et réformes
Moins d’une semaine après la remise, le 18 mars, du rapport Arthuis, qui prône une maîtrise des dépenses publiques, il s’agissait pour le locataire de Bercy de montrer qu’il prend le sujet au sérieux, sans pour autant lâcher la rampe sur les mesures d’urgence, toujours indispensables aux petits commerçants comme aux salariés, dont certains vivent leur troisième confinement en un an.
Dans le même temps, M. Le Maire a marqué une inflexion sur la question du « cantonnement », débat technique mais aux conséquences très concrètes, et solution à laquelle s’opposait le rapport Arthuis. Le ministre s’est dit favorable à un « isolement » de la part Etat de la dette Covid (140 milliards d’euros), mais il exclut « toute idée de nouvelle recette fiscale pour financer l’amortissement de la dette ». Il se range ainsi à l’avis du parti présidentiel La République en marche (LRM), exprimé il y a une semaine. L’été dernier, dans ce même Hémicycle, Bruno Le Maire avait pourtant envisagé de loger la dette Covid dans la Cades, le véhicule qui porte déjà la dette sociale, puis de la rembourser avec la CSG ou la CRDS une fois la dette sociale apurée, à partir de 2033. L’opposition avait dénoncé une hausse d’impôts déguisée.
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