Sur l’A48, entre Lyon et Grenoble, a lieu à partir du mercredi 30 septembre une première en France. Une partie de la voie, celle de gauche, devient réservée au covoiturage. Ou plus exactement, aux bus, aux taxis et aux véhicules embarquant deux passagers minimum, ou bien à très faible émission (Crit’air 0). Le tronçon débute après le péage de Voreppe, à une dizaine de kilomètres de l’entrée de Grenoble, et s’étend, pour l’instant, sur huit kilomètres.

Du temps gagné et des nuisances en moins

Concrètement, comment le dispositif fonctionne-t-il ? Aux heures de pointe, lorsqu’un losange blanc sur un panneau lumineux s’affiche, la voie de gauche, empruntée le reste du temps par des véhicules « classiques », devient un tronçon réservé. La vitesse maximale est alors réduite à 50 km/h sur l’ensemble des voies.

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Installé sur un terre-plein central, un logiciel, doté d’une intelligence artificielle et d’un système de reconnaissance d’images, analyse et vérifie le taux d’occupation des véhicules. Si un véhicule ne respecte pas le protocole, il ne sera, dans un premier temps, pas verbalisé, mais une alerte avec le numéro d’immatriculation du réfractaire s’affichera sur les panneaux.

« Pendant six mois, nous serons dans la pédagogie, il faut bien accompagner le changement », précise à La Croix Éric Piolle, le maire (Europe Écologie les Verts) de Grenoble, à l’origine du projet. À terme, une amende de 135 € sera infligée.

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À la clé : « Un gain de temps pour les conducteurs et leurs passagers, qui franchiront le bouchon plus rapidement », note Bruno Levilly, du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement). Et pour les collectivités locales, « une réduction des émissions de gaz à effet de serre et moins de nuisances sonores » complète-t-il, voyant dans le dispositif une incitation, un « levier d’encouragement », pour privilégier de nouvelles formes de mobilité et réduire la place de la voiture.

D’autres projets à l’étude

« 100 000 automobiles circulent tous les jours sur cette portion de l’A48, pour un taux d’occupation de 1,04 passagers par voiture, calcule Eric Piolle. Si nous passons à, ne serait-ce que 1,10 passagers par véhicule, nous réduisons déjà considérablement leur nombre. »

Si l’expérience fonctionne, elle pourrait inspirer d’autres villes. « Une seule voie de ce type, en France, c’est peu, constate Bruno Levilly. Par comparaison, en Amérique du Nord, où le covoiturage est inscrit dans la culture et les mœurs depuis des décennies, les premières voies de covoiturage sur autoroute ont été lancées dans les années 1970. » En France, avant décembre 2019 et le vote de la loi d’orientation des mobilités, seuls les bus et taxis pouvait bénéficier d’un accès spécifique sur les autoroutes.

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D’autres projets sont désormais à l’étude, autour de Lyon et Marseille, notamment, selon le ministère de la transition écologique et solidaire, en charge des transports. Actuellement 900 000 personnes covoiturent chaque jour pour aller travailler.