Quand le télétravail bouscule le secteur de la garde d'enfants

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Quand le télétravail bouscule le secteur de la garde d'enfants

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 Les besoins des familles ont changé avec le Covid. De nouvelles habitudes de garde ont été prises.
Les besoins des familles ont changé avec le Covid. De nouvelles habitudes de garde ont été prises.
© Getty - Hans Lucas / Riccardo Milani

Une étude menée auprès de professionnelles et de parents par un réseau de services à domicile montre cette année une faible augmentation des tarifs, mais une évolution importante de la demande. De nouvelles habitudes de garde ont été prises. Les besoins des familles ont changé, le volume d'heures diminue parfois.

Il y aura eu le printemps 2020 et le chômage partiel (ou le chômage tout court) pour de nombreuses nounous... Mais le secteur a ensuite redémarré et a dû s'adapter à la généralisation du télétravail. "Il est clair que depuis un an de nouvelles pratiques sont apparues en matière de garde d'enfants", décrit Benjamin Suchar, co-fondateur de la plateforme de services à domicile Yoopies qui publie aujourd'hui son étude annuelle sur le secteur. 

Garde à domicile en présence des parents et amplitude horaire à la baisse 

"On assiste à quelque chose de nouveau, qui n'existait pas les années précédentes : des gardes à domicile qui se font en présence des parents", explique-t-il. Concrètement : les enfants et la nounou dans le salon, pendant qu'un ou plusieurs parents télétravaillent derrière une porte fermée. Des situations loin d'être exceptionnelles désormais, alors que le travail a distance a pris de plus en plus de place dans de nombreux foyers, par choix ou par obligation. 

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Quant à l'ampleur de la demande : avec la crise du Covid, certaines familles ont moins fait appel aux grands-parents et aux crèches pour des raisons sanitaires, le recours à la garde à domicile a ainsi augmenté sur de petites périodes. Mais parallèlement, d’autres familles ont réduit le nombre d’heures de garde. "Les parents s'adaptent plus facilement avec le télétravail. Bien sûr, ils ne peuvent pas garder totalement leurs enfants, en travaillant. Ils savent que ce n'est pas possible. Mais beaucoup de temps pleins ou de contrats ont été revus à la baisse. Ils sont plus flexibles."

Des tarifs qui n'explosent pas cette année 

Conséquence de ces deux effets opposés : une stabilisation des tarifs, selon cette étude. Avec en moyenne cette année 9,42 euros de l'heure pour les gardes à domicile (+1,18%) et 3,62 euros de l'heure pour les assistantes maternelles (+0,84%), la hausse des tarifs reste sous l'inflation. Le palmarès des régions les moins chères reste inchangé : les Hauts-de-France (9€/heure), le Grand-Est (9,03€/heure) et Bourgogne-Franche-Comté (9,09€/heure). Pour ce qui est des régions les plus onéreuses, l’Île-de-France (9,51€/heure) prend la première place, suivie par la région PACA (9,45€/heure) et la Bretagne (9,40€/heure) qui fait son entrée dans le peloton de tête pour la première fois. 

Malaise pour les assistantes maternelles

Des tendances et une évolution des besoins des familles que  l'on confirme du côté des syndicats d'assistantes maternelles. Nathalie Diore de la CSAFAM, la Confédération des Syndicats d'Assistants Familiaux et Assistants Maternels raconte les contrats ou les heures perdues, parallèlement au développement du télétravail : "Les parents ont moins de transport, donc ils ont réduit leurs horaires. Cela peut faire un manque à gagner important." Sans oublier les nombreuses ruptures de contrats, déplore le syndicat, à la faveur des confinements successifs, certaines professionnelles n'ayant pas retrouvé leur revenus d'avant-crise.  "Si l'on ajoute à cela l'absence de primes, contrairement aux autres travailleurs de la deuxième ligne, les contaminations dans le cercle familial et le protocole sanitaire très strict, il y a un grand malaise et un grand manque de reconnaissance exprimé par la profession. Certaines assistantes maternelles ont d'ailleurs quitté le métier", ajoute Nathalie Diore. 

Les entreprises s'impliquent ?

Ces deux dernières années ont malgré tout eu un impact positif sur l'implication des entreprises en matière de garde d'enfants, selon Benjamin Suchar : "On a dépassé le point de bascule. Le mouvement s'accélère nettement et les employeurs investissent de plus en plus le terrain de la parentalité avec des solutions concrète de garde." Mais si les choses bougent, le fondateur du réseau regrette que la réforme du crédit d'impôt instantané ne concerne pas la garde d'enfant pour le moment. Le gouvernement s'apprête en effet à mettre en œuvre cette mesure en janvier 2022. À l'exception des parents, les particuliers employeurs ne devront plus attendre un an pour bénéficier du remboursement de leur crédit d'impôt : ils ne paieront que 50% du coût de la prestation. 

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