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Michelin se penche sur la compétitivité de son ingénierie

Le groupe a lancé une vaste étude visant à réorganiser le métier.

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Par Maxime Amiot

Publié le 28 août 2015 à 01:01

C'est un sujet sensible chez Bibendum. Le manufacturier clermontois prépare discrètement les esprits à une réorganisation de son ingénierie (hors R&D). A la veille du départ en vacances, mi-juillet, la direction a présenté à ses syndicats un rapport commandé au cabinet Roland Berger, portant sur le fonctionnement de ses métiers de conception et des bureaux d'études qui sont chargés de définir la politique d'achats industriels du groupe (machines, équipements et process des usines...). Un univers secret, sur lequel Michelin n'aime pas beaucoup ouvrir ses portes à des gens extérieurs, stratégique - il brasse des milliards d'achats chaque année -, et qui emploie 4.000 salariés dans le monde, dont 850 à Ladoux (Puy-de-Dôme),

L'objectif : « accroître la compétitivité » de l'ingénierie, « préserver la différenciation à un coût acceptable pour le client et l'entreprise », indique l'étude que « Les Echos » se sont procurée. Le rapport recommande de « réduire le coût des procédés et de l'ingénierie ». En creux, celle-ci n'est pas jugée optimale.

Dans les diagnostics que dresse Roland Berger, les atouts maison sont certes mis en avant (compétences techniques, présence mondiale, qualité...), mais plusieurs « dysfonctionnements » sont pointés du doigt, comme la conception intégrée des machines et des usines, une organisation « peu agile », une « approche économique insuffisante », des « niveaux d'arbitrages inappropriés » ou une « insuffisance de prise en compte de l'impact d'une nouvelle technologie sur le procédé existant ». En résumé, les « coûts des investissements industriels » du groupe sont « supérieurs à ceux de la concurrence », indique l'étude.

Pour rattraper le retard face à Continental ou Bridgestone, Roland Berger recommande de remettre en cause plusieurs habitudes maison. En premier lieu, celle de concevoir, voire de produire en interne nombre d'équipements (coupeuses, machines de cuisson, fabrication de carcasses...). Ou encore, en cas d'achats à l'extérieur, de revoir le niveau de spécification, toujours très élevé chez Bibendum « La culture Michelin a souvent du mal à faire confiance à des équipements extérieurs, et elle demande des niveaux de finition qui ne sont pas toujours nécessaires », juge un spécialiste. Le cabinet recommande ainsi de recourir davantage à des achats extérieurs, avec une redéfinition des niveaux de finition. De manière générale, Michelin doit effectuer un travail de standardisation des procédés et des équipements, de modernisation des process et de maîtrise des technologies du futur.

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Conséquences sociales

Pour l'heure, Bibendum assure ne pas avoir pris de décision sur les recommandations de cette étude. Réuni fin juillet, le comité exécutif n'a pas encore tranché. Mais déjà les syndicats s'inquiètent des conséquences sociales. « La réalité, c'est qu'il y a des sureffectifs massifs au sein de l'ingénierie. Les années de construction d'usines au Brésil, en Chine, en Inde et aux Etats-Unis sont derrière nous, et on achète davantage auprès des fournisseurs clefs en main. Cette réorganisation à venir aura forcément de lourdes conséquences sur l'emploi », juge Jean-Michel Gilles, délégué central de la CGT. Après avoir lancé au printemps le chantier de la compétitivité de ses usines (« Les Echos » du 6 mai), Jean-Dominique Senard, le patron du groupe, s'est en tout cas trouvé un nouveau chantier.

Maxime Amiot

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