Temps de lecture : 4 min
-
Ajouter à mes favoris
L'article a été ajouté à vos favoris
- Google News
C'est officiel, le gouvernement sud-africain va bientôt bénéficier d'une marge de manœuvre appréciable pour affronter les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire du Covid-19. Faut-il le rappeler, l'Afrique du Sud est l'épicentre de l'épidémie sur le continent africain avec plus de 450 000 cas, dont 7 067 décès. À l'échelle mondiale, elle figure en cinquième position des pays avec le plus grand nombre de contaminations. Le taux de mortalité y reste faible (1,6 % des cas). Mais il pourrait être très largement sous-estimé. Selon des chercheurs, environ 17 000 décès supplémentaires, non comptabilisés parmi les morts du Covid-19, ont été enregistrés depuis le début du mois de mai, comparé à la même période l'an dernier. Le ministre de la Santé, Zweli Mkhize, a prévenu que « le pic [de la pandémie] sera en juillet, août et septembre ». Le conseil d'administration du Fonds monétaire international a débloqué une aide d'urgence d'un montant de 4,3 milliards de dollars, soit environ 3,7 millions d'euros, alors que l'économie du pays, déjà fragile, est mise à rude épreuve par la pandémie, a annoncé l'institution dans un communiqué.
En effet, le pays a imposé, à la fin du mois de mars, l'un des confinements les plus stricts au monde, avant de l'assouplir. Devant l'explosion des contaminations, les écoles viennent de nouveau d'être fermées pour un mois, et un couvre-feu nocturne a été rétabli.
Cette aide intervient alors que le Congrès national africain (ANC) au pouvoir a toujours refusé de faire appel à l'appui du FMI pour soutenir son économie, une position idéologique qui est en train d'évoluer. Fin avril, le ministre des Finances de l'Afrique du Sud, Tito Mboweni, avait indiqué que le gouvernement comptait solliciter auprès du FMI une aide financière pouvant atteindre 4,2 milliards de dollars pour faire face à la pandémie du coronavirus.
Lire aussi Covid-19 : le double défi national et continental de Cyril Ramaphosa
Le Fonds monétaire international a approuvé cette aide financière dans le cadre de son instrument de financement rapide « pour soutenir les efforts des autorités qui font face à une situation sanitaire difficile et aux graves conséquences économiques du choc provoqué par le Covid-19 », précise-t-il.
Le FMI note que la pandémie coïncide avec une période difficile pour le pays. « Avec de sérieuses contraintes structurelles à la croissance, l'activité économique s'est affaiblie au cours de la dernière décennie, malgré des dépenses publiques importantes, ce qui a entraîné un chômage élevé, nourri la pauvreté et les inégalités de revenus », détaille-t-il.
Comme dans d'autres économies émergentes, la volatilité des marchés financiers s'est accrue pendant la pandémie. « Mais le système financier fait preuve de résilience », estime le Fonds. Aider l'Afrique du Sud, qui devrait voir son PIB se contracter de 8 % cette année, c'est aussi limiter l'impact de la crise à l'échelle régionale, relève le FMI.
Lire aussi Après-Covid-19 : l'Afrique au chevet de ses entreprises
Lire aussi Covid-19 : l'Afrique du Sud s'interroge sur sa stratégie
Répondre aux urgences d'une économie à bout de souffle
Les autorités se sont engagées à gérer l'aide financière d'urgence du FMI « en toute transparence », poursuit le communiqué. « Une fois la pandémie terminée, il sera urgent de garantir la viabilité de la dette et de mettre en œuvre des réformes structurelles pour soutenir la reprise et parvenir à une croissance durable et inclusive », a souligné le Fonds.
Lundi, le ministère des Finances sud-africain a rappelé dans un communiqué que la priorité est de réorienter les dépenses budgétaires en faveur de mesures pour lutter contre la crise sanitaire et économique.
Le paquet d'aide va ainsi permettre de « soutenir la santé et les services de première nécessité », « protéger les plus vulnérables », « stabiliser la création d'emplois » ainsi que « libérer la croissance économique grâce à des réformes » et « stabiliser la dette publique », détaille le texte.
« Les dépenses publiques et les propositions fiscales, ainsi que le système de garantie de prêts et les mesures de protection des salaires, offrent une protection aux travailleurs et aux pauvres, tout en aidant à rester à flot en ces temps économiques difficiles », a réagi Tito Mboweni, cité dans le communiqué.
Garde-fous
La question de la transparence est devenue centrale dans la lutte contre l'épidémie. Déjà, Khusela Diko, la porte-parole du chef de l'État sud-africain Cyril Ramaphosa, soupçonnée d'être impliquée de corruption dans un contrat d'équipements de protection contre le Covid-19, a été mise en disponibilité, a annoncé la présidence ce lundi.
L'époux de Khusela Diko, King Madzikane II Diko, dirige une entreprise, Royal Bhaca, qui aurait, selon le journal Sunday Independent du 19 juillet, décroché illégalement un contrat de fourniture d'équipements de protection sanitaire.
Dans un post publié la semaine dernière sur Facebook, Khusela Diko avait réagi en « réfutant » ces allégations.
Lors d'une intervention télévisée jeudi, le président avait annoncé qu'une trentaine d'enquêtes étaient en cours dans le pays pour vol et détournements de fonds débloqués dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Il s'était dit « déterminé à ce que chaque affaire de corruption fasse l'objet d'une enquête approfondie et que les responsables de méfaits soient poursuivis ». L'Afrique du Sud a déjà mobilisé un peu plus d'un milliard de dollars de financement officiel contre la pandémie auprès des banques de développement.
Lire aussi Afrique du Sud : la justice met la pression sur Cyril Ramaphosa
Lire aussi Le Covid-19 fait plonger le PIB de l'Afrique du Sud de 7 %