Exode des « Parisiens » vers les villes moyennes : le télétravail ne suffit pas.

Dieppe (Seine-Maritime), 29000 habitants, février 2021.

« Les villes moyennes tiennent leur revanche ». Voyez donc, avec les confinements, les couvre-feux, le masque obligatoire, la suspension des lieux de distraction, restaurants, salles de concert, musées, théâtres, sans oublier les backrooms, bref, avec les restrictions en tous genres, vivre dans une grande ville, et en région parisienne en particulier, ne présente plus beaucoup d’intérêt.

Voyez donc les maires de Charleville-Mézières, Valence, Bourg-en-Bresse, qui proclament, fiers, « mais oui, nous avons des parcs et des forêts, des commerces, une scène nationale, des espaces de coworking, et puis des gares pour venir et repartir, et même des pistes cyclables, venez donc télétravailler chez nous ». Paris se vide, la région parisienne n’attire plus, et ces gens qui ont fui la grande ville, qui télétravaillent à Valence ou depuis Caen, voyez comme ils sont heureux. « Les villes moyennes tiennent leur revanche », soit.

Lire aussi : Les villes moyennes renaîtront-elles dans le monde d’après? (avril 2020)

Vichy (Allier), 25000 habitants, août 2020.

Une tendance avant même 2020. Après un an de covid (la première année?), cette conclusion s’impose. Même si, en réalité, la tendance est plus ancienne. La région parisienne ne gagne des habitants que parce qu’elle compte une forte proportion de ménages en âge de faire des enfants, en grande couronne ou en Seine-Saint-Denis. Depuis les années 2000, le solde migratoire (les habitants qui arrivent vs. ceux qui partent) de l’Ile-de-France est négatif. Tous les sondages confirmaient, avant même 2020, le rejet massif de la « région-capitale », tant par ses propres habitants que par ceux des autres régions. En 2019, la cherté des logements et la galère des transports se montraient déjà aussi efficaces que le coronavirus.

Puisque désormais l’évidence apparaît aux yeux de tous, ne boudons pas notre plaisir. Fringants, souriants, les ex-« Parisiens » (en fait des Franciliens), essentiellement des cadres et professions intellectuelles, s’installent dans des villes « à taille humaine » où ils font revivre les commerces de proximité que les grandes surfaces s’acharnent à détruire depuis des décennies. Un rééquilibrage entre « Paris » et « la province » est en cours? Oui, et tant mieux. Les bonnes nouvelles ne sont pas fréquentes.

Lire aussi: « Les Parisiens », ou supposés tels, une obsession française (mars 2020)

« Ici, prochainement, villa nature ». Gonesse (Val d’Oise), août 2020.

12 millions de Franciliens. Pourtant, il ne faudrait pas que le double tropisme des observateurs, un tropisme à la fois « parisien » et « cadre supérieur », ne laisse croire que l’exode urbain des professions intellectuelles et la normalisation du télétravail suffiraient à rééquilibrer le pays. 12 millions de personnes vivent en Ile-de-France, et parmi elles quantité d’employés, ouvriers, intermédiaires, salariés par des grandes sociétés ou auto-entrepreneurs désargentés, dont une bonne partie rêvent aussi de quitter la région.

Nouveaux déséquilibres. Si les seuls bénéficiaires du rééquilibrage étaient des cadres hypermobiles, cette tendance créerait bientôt de nouvelles inégalités. Les uns iraient et viendraient, « Parisiens » dans leur ville d’adoption, demi-touristes à Paris, tandis que les « travailleurs essentiels », coincés en région parisienne par leur emploi non délocalisable, continueraient de subir les hauts prix de l’immobilier et la pénibilité des trajets quotidiens. De même, dans les régions de destination, l’exode urbain ne manquerait pas de créer des clivages, opposant les « locaux » de toujours aux nouveaux venus qui-font-monter-les-prix.

Menton (Alpes-Maritimes), 28000 habitants, janvier 2021.

Le dégonflement des grandes villes, et en premier lieu de la conurbation francilienne, ne peut être alimenté seulement par les télétravailleurs et les professions intellectuelles. Ce rééquilibrage doit aussi procéder d’une politique d’État, une politique volontariste, à rebours de la concentration qui se pratique aujourd’hui.

Dégonfler Paris. Bien sûr, personne ne propose de déplacer de force des populations. Mais les pouvoirs publics, nationaux comme régionaux, doivent encourager la relocalisation de sièges sociaux, universités, bassins d’emploi dans les villes moyennes et petites. Un exemple: la SNCF, dont le siège est à Saint-Denis, au nord de Paris, peine à recruter des salariés effrayés par le prix de l’immobilier et la lourdeur des déplacements en région parisienne. « Pourquoi ne pas délocaliser ce siège dans une autre région? », interroge Jacques Baudrier, adjoint (PC) à la maire de Paris.

Une personne se déplace à vélo à Bar-le-Duc (15000 habitants), janvier 2021.

Le « Grand Paris » tentaculaire. Or, aujourd’hui, les pouvoirs publics font exactement l’inverse. La région Ile-de-France, l’État, ainsi que les puissants acteurs économiques franciliens continuent de promouvoir un « grand Paris » tentaculaire et omnipotent, n’ont d’yeux que pour « l’attractivité » de la « métropole-monde », espérant « faire revenir les touristes internationaux », séduire les investisseurs, construire des marinas, magnifier Paris par les Jeux olympiques ou des grands projets immobiliers. Les villes moyennes tiendront vraiment leur revanche quand on acceptera enfin son inévitable corolaire: le dégonflement de la région parisienne.

Lire aussi: Le Grand Paris, « pour la grandeur de la France » (octobre 2020)

Ce sujet est complexe, voici pourquoi j’ai écrit ce livre: « Les Parisiens », une obsession française, éditions Rue de l’Echiquier, février 2021. Pour en savoir plus, deux podcasts: Programme B (17 minutes) et la librairie Le genre urbain (53 minutes)

« Les Parisiens », une obsession française, éditions Rue de l’Échiquier, février 2021.

Olivier Razemon (l’actu sur Twitter, des nouvelles du blog sur Facebook et de surprenants pictogrammes sur Instagram).

Centre-ville animé, au Mans (143000 habitants), vers 2018.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

30 réponses sur “Exode des « Parisiens » vers les villes moyennes : le télétravail ne suffit pas.”

  1. Lu dans Le Monde :
    « A l’intérieur des départements attractifs, ce ne sont pas les grandes villes qui croissent le plus. Le Morbihan a gagné 60 000 habitants entre 2008 et 2022, alors que Vannes, sa préfecture, conservait sensiblement la même population, et que Lorient, la plus grande ville, avait tendance à en perdre. En revanche, des communes situées dans la première couronne de Vannes ont connu une croissance impressionnante. Ces transferts de population vers les zones résidentielles, où l’immense majorité des déplacements sont motorisés, annulent tous les efforts des municipalités urbaines pour limiter les nuisances de la voiture individuelle. »

    1. Vous avez bien lu.
      Et c’est pour cela qu’il faut à la fois encourager le dégonflement de la région parisienne et limiter l’étalement urbain. Ce ne sont pas des objectifs contradictoires. La « province » n’est pas faite que de vertes campagnes. Les villes sont de toutes les tailles.
      OR

  2. Cela fait maintenant plus de deux ans (soit avant le virus) que je fais du télétravail à temps plein en périphérie d’une ville moyenne de Rhône-Alpes, dans un secteur où je peux tout faire à pieds.

    Le supermarché est en face, la campagne est à 300 mètres et le paysage est beau. Le monde extérieur, paisible, est peuplé de vieux et de personnes qui promènent leurs chiens.

    Plus de stress, plus de saleté, plus de pollution, plus de transports bondés, plus de dealer dans la montée d’escalier, plus de police qui manque de défoncer ma porte parce que les logements ne sont pas numérotés et que mon voisin a commis une agression dans le hall. Je ne regrette certainement pas mon studio insalubre de Paris 10e.

    Pour autant, au bon d’un moment, l’effet « wow » d’avoir trois massifs montagneux en bas de chez soi s’estompe, et le calme devient habituel. C’est juste le monde extérieur. J’aime encore l’endroit où je vis, bien sûr. Mais je comprends aussi que les personnes qui ont un confort comparable en grande couronne, quitte à avoir des bouchons ou des Transiliens qui passent toutes les heures, peuvent aussi vouloir y rester.

    Tout serait encore parfait pour tout le monde si la situation n’avait pas ses limites. Tous mes collègues ne sont pas à l’aise avec la communication à l’écrit, ou avec la transmission exhaustive et complète de l’information avec les personnes qui ne sont pas régulièrement dans la même pièce ou en face. Au final, on finit parfois par se faire oublier, se faire exclure des réunions ou des projets par rapport à ceux qui sont encore régulièrement sur site. Parfois, c’est juste du chômage de luxe. Je crois comprendre que la distance finit aussi parfois par montrer ses inconvénients pour les entreprises qui déploient des sites régionaux.

    En tant que pur provincial, et que personne qui a passé une grande partie de sa vie dans sa chambre, je m’y accommode. J’entends que d’autres ne s’y font pas, surtout ceux dont l’espace et les occupations extérieurs sont limitées, et insistent pour retourner au bureau. J’entends aussi que c’est peut-être ce que les entreprises ne finiront pas par souhaiter, à terme.

    Quant à la répartition massive des sièges en région, c’est la chose qui est belle sur le papier mais qui ne se fera jamais sans heurts. Autant les délocalisations en région ne me gênent pas et je reconnais leurs vertus, autant je pense que la personne moyenne que vous croiserez dans la rue sera encore plus attachée à son couple, ses enfants avec ses deux emplois, ses cercles familiaux et amicaux respectifs que Mr. Razemon ne l’est aux modes de transports alternatifs et que je suis moi-même attaché à mes deux montagnes.

    Je reconnais aussi qu’autant les personnes que je croise dans ma province qui sont déjà allées où ont vécu de manière prolongée à Paris regrettent rarement d’en être parties, et en parlent avec presque autant de mépris que moi ; autant les personnes qui y sont enracinées ou qui y restent sans plus se poser de questions ne s’en préoccupent pas plus que ça, c’est juste leur monde extérieur à eux et il est plus ou moins constitutif et intégré au reste, la province sert aux vacances.

    Une dernière chose pour la remarque selon laquelle le Grand Paris Express répondrait à une volonté de croissance déraisonnable. C’est une facette de communication, dans les faits, il répond juste à des décennies de sous-investissement chronique dans certains secteurs de la banlieue, pour l’essentiel déjà peuplés ou occupés. Le plateau de Saclay manque notoirement de transports lourds, est desservi par des lignes de bus trop chargées, la Seine-Saint-Denis qui aura deux lignes rien que pour elle n’est pas en reste non plus.

    Le plateau de Saclay, d’ailleurs, peut être vu comme une mauvaise opération d’étalement par les uns, comme une belle opération de décentralisation pour les autres. Mais des personnes que je connais et qui y ont travaillé et étudié, je n’entends que des gens qui regrettent son isolement géographique (et son excentrement, puisqu’il est censé y avoir un centre au bout de la route). Je pense que les personnes qui apprécient quelques chose de la concentration sont plus nombreuses qu’on peut le concevoir.

  3. Bonjour et merci pour cet article. Que pensez-vous de l’idée d’un transfert de la capitale politique dans une autre ville, Lyon par exemple? Une telle mesure est difficilement réalisable, certes. Mais elle permettrait d’éviter de conjuguer capitale économique et capitale politique, et donc de « dégonfler » Paris, qui demeurerait capitale économique. En Italie, Milan et Rome incarnent cet dissociation entre capitale économique et centre de décision politique, et limitent ainsi la sur-concentration dans une seule agglomération.

  4. Je pense que votre interprétation est erronée. Le pouvoir d’attraction de Paris est toujours très fort mais il ne concerne que la zone centrale.
    La SNCF a aussi (surtout ?) du mal à recruter parce que personne ne veut aller travailler à Saint-Denis. Ils seraient encore à Saint Lazare ce serait beaucoup plus facile…
    Le même phénomène existe pour les grands groupes qui sont allés trop loin en banlieue. Nestlé est parti de Noisiel pour aller à Issy. Bouygues est en train de se rapprocher de la Défense, SFR est passé de Saint Denis au 15ème…

    1. Non. Il ne s’agit pas ici du recrutement des cadres supérieurs qui préfèrent, en général, comme vous le dites, travailler dans un lieu central. On parle ici du recrutement des autres salariés, moins bien payés, qui préfèreraient rester dans leur région et ne sont pas prêts à accepter un emploi à « Paris » au détriment de leur qualité de vie.
      OR

      1. Je trouve que c’est un peu simpliste. Il y a sans doute autant d' »urbains » que de « ruraux » dans chaque catégorie. Partir dans une petite ville c’est s’exposer qu’une personne du foyer se retrouve à faire beaucoup de kilomètres en voiture pour travailler. pas facile de trouver deux emplois à distance de vélo dans un petit bassin d’emploi.

        D’un autre côté 70% des trains circulent en IDF c’est assez logique que le siège de la SNCF s’y trouve. Ce n’est pas nécessairement le meilleur choix

        1. Un très bon article à ce sujet : https://start.lesechos.fr/travailler-mieux/flexibilite-au-travail/ils-ont-quitte-paris-et-navaient-pas-anticipe-toutes-ces-galeres-1264537

          Mais oui, les Franciliens qui débarquent en Province sont touchants de naïveté. Généralement, ils ne voient pas plus loin que l’immobilier et le pavillon avec piscine qu’ils vont pouvoir s’offrir.

          Je ne pense pas non plus que la tendance actuelle soit pérenne dans le temps. Les néo-provinciaux auront vite fait de revenir en Île-de-France à la première perte d’emploi.

          Aussi, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à imposer des clauses de mobilisation dans les accords afin que les salariés ne télétravaillent pas à plus de 2 heures de leur bureau, pour les faire revenir sur site si besoin, et afin d’éviter les abus. Cela limite grandement les possibilités de déménagement.

  5. Mettre un ministère dans chaque grande ville plutôt que de les laisser concentrés à Paris serait un bon début.
    Idem pour les grands médias. Au lieu qu’ils soient regroupés à Issy-les-Moulineaux, nous fassent écouter toujours les mêmes personnes et propagent toujours la même vision sociologique du monde, ils commenceraient à découvrir la diversité.

    1. Entièrement d’accord avec vous. Née dans un monde rural et artisanal, j’ai passé ma vie étudiante et professionnelle à Paris, au début par choix et ensuite, de façon plus ou moins subie, j’en conclus que l’idéal est certainement une capitale régionale, avec un CHU et une université, des loisirs, et la proximité de la nature, plus proche pour en profiter que depuis Paris et ses nombreux embouteillages.

      D’accord pour abonder votre position sur les grands médias et votre proposition de mettre un ministère par ville de province et de décentraliser aussi des directions et /services d’entreprises, et pas que la production et/ou les services administratifs !

  6. Pour la SNCF Charleville Mezieres ou Bourges peut etre pas, mais Lyon pourquoi pas ?

    Je passe régulièrement devant le siège de Safran, idéalement situé en bordure de periph sud, et je ne peux m’empecher a chaque fois de ne pas comprendre pourquoi ces pauvre gens ne sont pas à Toulouse, capitale mondiale de l’aeronautique.

    Pernod Ricard s’est installé à Saint Lazare dans un batiment sans « bureau attribués », je ne comprend la aussi pas que cette boite n’ait pas envisagé Marseille, son berceau historique.

    Il y a quand meme un gros problème de mentalité centralisatrice dans ce pays.

  7. J’ai eu l’occasion de passer à plusieurs reprises du côté de Saint-Ouen (sur Seine !) ces derniers temps, et ça construit allègrement. Dans le 93, des logements en quantité impressionnante qui sont en train de pousser/ont déjà été livrés aussi et qui visent… les cadres sup (quartier des docks), des grues partout, c’est un immense chantier… Ca me rappelle la ville nouvelle de Cergy-Pontoise dans les années 90 (je ne sais pas où ça en est maintenant), mais qui était plus construite à coup d’étalement urbain et de maisons individuelles a gogo.
    Pas encore morte la RP !

  8. Les Provinciaux qui s’en vont vivre à la capitale sont des éponges. Il ne leur faut que quelques mois pour complètement absorber la mentalité propre à l’Île-de-France.

    Leur retour en région après quelques années passées à Paris n’est bien évidemment pas souhaitable pour maintes raisons abondamment documentées en ligne.

    1. Il ne faut que 24 heures pour devenir « Parisien », sans rien n’avoir à justifier. Et c’est cela aussi qui fait le charme de la ville.
      OR

    2. @Phil
      Devenir urbain, attitude que l’on peut décrire par une certaine retenue, considérant qu’il y a toujours une potentielle gêne pour autrui forcément présent dans un environnement dense, est censé être une qualité qui peut effectivement s’acquérir rapidement pour les meilleurs d’entre nous. La complexité en retournant dans sa contrée est de se heurter à une certaine stagnation dans les mœurs ainsi qu’ à un reflet évidemment défavorable de son ancien soi, qui éveille en nous le sentiment d’un retour dans le passé.
      Mais je vous rassure, cet urbanisme tend à disparaitre dans les grandes villes et si votre voisin d’appartement ne tond pas son gazon le dimanche après midi, soyez sûr qu’il réfléchit à la manière d’en faire pousser sur son balcon

  9. C’est pas un sujet tout neuf assurément. Rappelons les metropoles d’equilibre par exemple… Je pense que la France aurait interet a regarder ce qui se passe au UK ou le gouvernement, au dela des alternances, cherche a deplacer des emplois vers le nord. Le deplacement de la BBC a Manchester (il en reste au coeur de Londres rassurons nous…) n’a pas ete sans fracas mais avec de vrais effets d’entrainement. Mais avec un peu de volontarisme, on doit pouvoir arriver a reequilibrer ce territoire francais… ou des pans entiers sont en declin lent… Imaginons une partie du siege de la SNCF en Champagne Ardenne, la Poste a Clermont Ferrand ou encore EDF a Limoges… 🙂

    1. La Poste est juste poussée de ses quartiers traditionnels, qui étaient vers Montparnasse, à des zones plus proches du périph (15ème pour le siège, 14ème pour la direction courrier de Paris), ils ont fait il y a 4 ou 5 ans un système de « village » qui regroupe de nombreux services qui étaient éparpillés partout. La banque postale est dans le 7ème.
      Mais effectivement, quitter Paris, il n’en a jamais été question. Sur le courrier ils sont dépendants de deux énormes centres de tri construits dans la banlieue sud (Wissous) et nord (Gonesse) il y a 10 ou 15 ans, et d’où est traité tout le courrier parisien et banlieusard.
      C’est archi centralisé, même si certains services sont en province (l’imprimerie des timbres poste grâce à un ministre qui a fait pression à l’époque, le service des pensions, …).

  10. J’habite dans une ville dont les ex-Franciliens raffolent. Je n’y vois que des inconvénients.

    Son développement urbain n’a rien d’expérimental contrairement à ce qui est dit par ceux qui développent la ville, et est calqué sur les cités de banlieue parisienne.

    Ce n’est pas une grande ville, mais elle a voulu le devenir en tombant dans tout les pièges de la promotion immobilière qui lui ont offert de devenir une ville nouvelle en moins de 10 ans, reproduisant tout ce qui n’a jamais fonctionné. La mode actuelle consiste à reproduire le modèle des cités guetto de Région Parisienne uniquement accessibles à pied, on file encore une fois droit dans le mur.

    Son égérie a une fascination malsaine pour l’Île-de-France. Elle se verrait bien à la place de Madame la Maire de Paris si cette dernière remportait la présidentielle. Cela explique en partie les énormes appels de pied faits aux cadres franciliens.

    Tout ça ne durera qu’un temps. En bonnes sauterelles, les cadres franciliens migreront ailleurs quand la ville sera devenue trop invivable, la laissant à ses problèmes d’insécurité déjà largement relayés dans la presse nationale.

    1. Justement, il n’y a pas que les villes « dont les ex-Franciliens raffolent ». Tant d’habitants de la région rêveraient tout simplement de « rentrer à Audierne » ou à Saint-Dié.
      Il n’y a pas non plus que des cadres en Ile-de-France, loin de là.
      OR

  11. C’est vraiment le sujet qui revient chaque année. L’IDF reste une région qui gagne des habitants chaque année et où toutes les filiales étrangères s’implantent quasi exclusivement (surtout dans la Tech) je crois que plus de la moitié des emplois cadres voire plus sont situés en IdF…
    Bref on ne risque pas d’en voir le bout d’ici tôt et le phénomène de s’installer dans des villes moyennes est marginal. On amplifie ce phénomène et on ne parle pas des gens qui viennent s’installer en IdF chaque année. De plus avec les écolos au pouvoir dans les villes moyennes je ne vois pas un environnement business propice à rassurer des implantations au-delà d’une ou deux implantations amplifiées (et franco-françaises) et je ne vois pas non plus de gros projet d’urbanisme pour loger des gens. supplémentaires à venir.

    1. Ah, parce-que écologie et business ne sont pas compatibles ? Ça doit être la faute à l’écologie alors.
      Réfléchissez un peu à ce que vous avez ecrit là.

  12. Je rêve de ce dégonflement parisien. Mais ce n’est pas si simple.
    Délocaliser le siège de la SNCF en région, certes beaucoup en son sein le souhaitent… mais pas pour aller à Charleville-Mézières. Chacun voudrait bien sur que ce soit « sa » région qui accueille les universités et autres entreprises. La sienne par ancrage familial ou par lien du coeur construit après une découverte fortuite.
    Du reste, une des bonnes raisons de rester ancré professionnellement à Paris quand on est cadre, malgré les contraintes, c’est la double carrière. Celle que conduisent deux conjoints à coup de mobilité géographique intra – IdF qui se paye en transport mais qui reste possible. A part Lyon, et encore, aucune métropole française (et à priori ville moyenne) ne permet cela. Plus prosaiquement encore, le double emploi est plus facile en IdF. Si votre conjoint perd sont emploi à Bourges, tandis que le vôtre reste là, bon courage….

    Enfin, déplacer un siège social ne peut pas se faire d’un coup. Les gens ont malgré tout créé des liens sociaux et humains, acheté une maison, inséré leurs enfants dans un groupe d’amis, etc. Chez Renault, le simple regroupement de postes d’un bout à l’autre de l’IdF a généré des tensions considérables.

    Ce n’est pas une raison pour laisser tomber bien sûr, mais il y a des humains derrière tout ça, des humains qui aspirent à « quitter Paris » mais qui, lorsqu’il faut sauter le pas en grand nombre, prennent conscience que, malgré tout, Paris (l’IdF) c’est « chez eux ».

    1. En fait, rien n’est simple, évidemment. Mais aujourd’hui, ce débat n’est même pas abordé dans le champ politique. Les dirigeants nationaux et régionaux font semblant de croire que le renforcement infini de l’attractivité francilienne est une fin en soi, et ne se rendent pas compte qu’il n’y a aucune demande populaire pour cela.
      https://www.lemonde.fr/blog/transports/2018/06/27/10-questions-iconoclastes-grand-paris-express/
      Ce n’est pas simple, mais si les décideurs continuent de mépriser cette aspiration, ce mouvement se fera sans eux, de manière désordonnée, avec comme conséquences de nouveaux déséquilibres. On est face à une problématique qui ressemble à celle de l’étalement urbain, ou des mobilités: « il faudrait vraiment que ça change, mais on ne sait pas comment faire, il va falloir bousculer des habitudes ». Ben oui.
      OR

      1. Je ne sais pas si l’étalement urbain dans les villes moyenne est une réelle réponse.
        Il ne faut pas être naïf, les villes petites et moyennes sont celles qui sont le plus touchés par l’étalement urbain et celle où l’on utilise plus la voiture.

        Vous aurez beau mettre un vélo en illustration à Bar-le-Duc, les gens ne quitte pas la région parisienne pour de la densité et des transports en commun mais pour un jardin et la voiture.
        C’est cela la réelle inspiration de la majorité des français.

        Or si on suis cette logique et que on l’applique a tous le monde, je vous dis pas toutes les terres agricoles qui vont devoir être urbanisé.

        1. « Vous aurez beau mettre un vélo en illustration à Bar-le-Duc, les gens ne quitte pas la région parisienne pour de la densité et des transports en commun mais pour un jardin et la voiture. »

          Pas sur! Quand on regarde l’évolution des villes centres des grandes métropoles régionales on observe plutôt l’inverse : densification, transports en commun, culture et commerce de proximité… Et la population de ces villes vote pour cela. Il pourrait se passer les mêmes phénomène dans les (grandes) villes moyennes.
          Je pense plutôt que le problème de la France et qu’on a une autre partie de la population qui n’a clairement pas la culture de la ville et qu’on l’a forcé à venir en ville pour travailler. C’est ce qui a mon sens entraine ce rêve maison-jardin-voiture et étalement urbain sans fin, ces gens ne semble pas bien « en ville ». On notera que ce n’est pas le cas en Italie ou en Espagne pays ou la culture de la ville est beaucoup plus présente. Si cette population retourne à la campagne ou dans de petites villes, laissant la place au « vrais » citadins, aspirant à la vie citadine dans nos villes grande et moyenne, nos villes pourraient enfin redevenir des villes!

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