À période exceptionnelle, mesures exceptionnelles. En décidant d’étendre pour la première fois le mécanisme du chômage partiel à l’emploi à domicile après le début de la crise liée au coronavirus, le gouvernement avait exhorté les particuliers qui le pouvaient à faire aussi des efforts financiers. Visiblement, cela a plutôt bien fonctionné.

Des employeurs solidaires

Selon un sondage Ipsos dévoilé lundi 21 septembre par la Fédération des particuliers employeurs (Fepem), les ménages ont massivement utilisé la facilité offerte par le gouvernement pour soutenir leurs employés (dans 90 % des cas des femmes). Et ils ont très souvent complété de leur poche.

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Selon l’étude, 92 % des particuliers employeurs ont ainsi payé les heures non effectuées par leurs salariés durant le confinement. Plus de 6 sur 10 (62 %) ont eu recours au dispositif de chômage partiel permettant au salarié de toucher 80 % de son salaire net. Et 3 employeurs sur 10 ont même tout payé eux-mêmes, sans demander le remboursement gouvernemental

De plus, ceux qui ont utilisé le chômage partiel ont le plus souvent décidé de compléter le salaire de leur salarié au-delà des 80 % pris en charge par l’État. Tout cela « montre que les employeurs se sont mobilisés pour ne pas causer de difficultés économiques à leurs salariés », souligne Florence Petit, chargé de l’étude à l’Ipsos.

Perspective encourageante

L’autre bonne nouvelle pour le secteur, c’est que la reprise de l’activité semble en bonne voie. Ainsi, 94 % des salariés à domicile ont retrouvé leur activité à la sortie du confinement, dont les deux tiers avec le même volume horaire qu’auparavant.

Les choses sont un peu plus contrastées du côté de la garde d’enfant. Ce domaine d’activité est toujours marqué par des fins de contrat plus nombreuses car les besoins des familles changent au moment où l’enfant est scolarisé.

Pour Marie Béatrice Levaux, présidente de la Fepem, l’emploi à domicile s’est donc montré « résiliant et efficient » durant la crise. De quoi nourrir les revendications du secteur, qui voudrait bien profiter lui aussi du plan de relance.

Coup de pouce fiscal

Pour favoriser l’emploi, la présidente de la Fepem presse le gouvernement de mettre en place le « crédit d’impôt immédiat ». Autrement dit, que l’État paye lui-même 50 % des sommes versées au salarié, au lieu d’attendre l’année suivante pour procéder au remboursement.

La mesure pose quelques problèmes techniques, qu’une expérimentation en cours devrait permettre de lever. Elle nécessitait surtout un gros effet financier, car cette réforme coûterait 6 milliards d’euros la première année, l’État devant alors assumer en même temps le remboursement des crédits d’impôt de l’année passée et le coût de ceux de l’année en cours.

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Dans ce contexte, les représentant du secteur ont évidemment très mal vécu les propositions du récent rapport Vachey qui suggère notamment de réduire les avantages fiscaux accordés à l’emploi à domicile afin de financer la prise en charge de la dépendance. Fustigeant des « solutions de fonds de tiroir », Marie Béatrice Levaux y voit le risque d’un retour en force du travail au noir. « Dans notre secteur, insiste-t-elle, c’est la confiance qui crée l’emploi. »