Voici une nouvelle que les partenaires sociaux tiennent à mettre en valeur. Pour la première fois en dix ans, la caisse de retraites complémentaires du privé Agirc-Arrco a affiché, fin 2019, un excédent : il s’élève à près de 500 millions d’euros – contre un déficit de 1,9 milliard, douze mois auparavant – si on raisonne en termes de « résultat technique », c’est-à-dire en faisant le solde des recettes et des dépenses. La performance s’avère encore plus éclatante si les produits financiers sont pris en considération : + 1,2 milliard d’euros de « résultat global », d’après les données rendues publiques, jeudi 12 mars, par l’Agirc-Arrco.
Les résultats dévoilés jeudi sont donc susceptibles de nourrir les discussions engagées dans le cadre de la conférence sur le financement des retraites
Un retour à meilleure fortune dont les syndicats et le patronat se réjouissent puisqu’ils copilotent le régime. Ils y voient la preuve de leur saine gestion, ce qui tombe à point nommé pour eux. La réforme des retraites, en cours d’examen au Parlement, soulève, en effet, la question du rôle que les organisations de salariés et d’employeurs auront à jouer dans le système en cours de construction. Le gouvernement jure qu’elles disposeront de prérogatives fortes dans la gouvernance de la future Caisse nationale de retraite universelle (CNRU). Les partenaires sociaux, eux, en doutent, car selon eux les deux projets de loi – ordinaire et organique – récemment adoptés à l’Assemblée nationale concourent à placer la CNRU sous la tutelle de l’Etat et du Parlement.
Les résultats dévoilés jeudi sont donc susceptibles de nourrir les discussions engagées dans le cadre de la conférence sur le financement des retraites. Cet exercice, auquel participent les syndicats et le patronat, doit aborder le thème de la gouvernance du système universel, donc celui de la place accordée aux représentants des employeurs et des salariés. Ces derniers espèrent que le gouvernement saura se souvenir des « quelques réalisations probantes » qui peuvent être portées à leur crédit, pour reprendre les propos de Jean-Claude Barboul, le président (CFDT) de l’Agirc-Arrco, lors d’une conférence de presse, jeudi.
Des effets de l’accord signé en 2015
Le régime sort d’une période difficile, avec une succession de déficits tout au long de la décennie écoulée – le plus élevé ayant été enregistré en 2014 avec – 5,6 milliards d’euros. La situation était si dégradée que les réserves financières de l’Agirc-Arrco, « prises globalement », menaçaient de disparaître complètement en 2023, comme l’a rappelé la Cour des comptes dans son rapport annuel publié fin février.
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