Mis à mal par la récession liée au Covid-19, les comptes du système de retraite ne devraient pas revenir à l’équilibre avant le milieu des années 2030, dans l’hypothèse la plus favorable. C’est ce que montre une version quasi définitive du rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR), qui doit être présenté jeudi 26 novembre et dont Le Monde a pris connaissance.
La diffusion de ce document doit normalement marquer la reprise des réflexions sur une réforme majeure du quinquennat d’Emmanuel Macron : la construction d’un système universel de pensions. Dans l’agenda transmis durant l’automne aux syndicats et au patronat, le gouvernement avait, en effet, prévu, à partir de novembre, des rencontres avec les partenaires sociaux sur ce chantier, ainsi que sur le financement de notre Etat-providence.
Sans surprise, les projections de court terme contenues dans le rapport sont très proches de celles évoquées dans une note que le COR avait rédigée, à la mi-octobre, à la demande de Matignon. L’expertise qui sera livrée jeudi contient cependant davantage d’informations, tout en se projetant sur un horizon plus lointain, avec plusieurs scénarios de croissance et trois conventions comptables différentes. Cet exercice est réalisé à législation constante, sans intégrer les éventuels changements qui résulteraient de la réforme portée par M. Macron.
Soldes « légèrement meilleurs »
Alors que le système de retraite était « quasiment » à l’équilibre en 2019 (– 1 milliard d’euros), il accuse le coup cette année, à cause de la crise. En 2020, la « très forte contraction » des ressources, associée au repli du PIB, « ne serait, en effet, pas compensée par la faible diminution des dépenses liée à la surmortalité des retraités ». Résultat : un besoin de financement qui se creuserait « massivement » pour atteindre – 23,4 milliards d’euros, soit – 1,1 % du PIB. Ces estimations ont été calculées sans pouvoir tenir compte des conséquences du deuxième confinement. Mais si le PIB devait chuter non plus de 10 %, mais de 11 %, cela affecterait les comptes du système de retraite d’environ 1,6 milliard d’euros supplémentaires.
A moyen terme, le COR note qu’avec « le rebond attendu en 2021 », le solde s’améliorerait jusqu’en 2024, où il resterait cependant négatif, variant, selon les conventions utilisées, entre – 0,6 % et – 0,2 % du PIB. Le retour à l’équilibre se ferait, selon la convention la plus favorable, vers « le milieu ou la fin des années 2030 », dans les scénarios de croissance les plus optimistes (+ 1,8 %, + 1,5 % et + 1,3 %), et « au milieu des années 2050 », dans le scénario de croissance moins propice (+ 1 %).
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