Actualités de l'Urgence - APM

13/07 2021
Retour

URGENCES DE L'HÔPITAL BICÊTRE (AP-HP): L'ACCUEIL DES INTERNES SUSPENDU À PARTIR DU 1ER NOVEMBRE (SYNDICAT)

PARIS, 13 juillet 2021 (APMnews) - L'agrément du service des urgences de l'hôpital Bicêtre (AP-HP) comme terrain de stage d'internat est suspendu à partir du 1er novembre et sera réexaminé en 2022, a fait savoir le Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP) mardi dans un communiqué.

"Après des semaines de bras de fer avec les universités et l'AP-HP [Assistance publique-hôpitaux de Paris], le SIHP et le SRP-MG [Syndicat représentatif parisien des internes en médecine générale] ont obtenu que l'agrément du service d'accueil des urgences" de l'hôpital Bicêtre (Val-de-Marne) "soit suspendu à compter du 1er novembre 2021", annonce le syndicat. "Celui-ci sera réexaminé en 2022."

Cette décision de l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France intervient "alors que nous alertons depuis plusieurs semaines sur les dangers que faisaient courir aux internes et aux patients un service complètement désorganisé et en sous-effectif médical", ajoute-t-il. Il salue une "décision historique pour les internes de médecine".

Le SIHP regrette cependant "de ne pas avoir pu empêcher que les internes actuellement en stage dans certains services" de cet hôpital "soient contraints de continuer à prendre des gardes dans ce service d'urgence".

"Nous nous en remettons donc aux promesses que la direction du site nous a faites de renforcer l'équipe médicale avec de nouvelles embauches de praticiens à temps plein (déficit actuel de 6 ETP -équivalents temps plein) et surtout le passage de 2 à 3 médecins séniors entre 18h30 et 8h du matin pour superviser les internes de garde", poursuit l'organisation.

En outre, "la localisation des patients dans le service n'est pas optionnelle" et "la chambre de garde des internes doit être conforme à la réglementation", poursuit le SIHP. "Si toutes ces mesures ne sont pas effectives très rapidement, les internes sont prêts à exercer leur droit de grève", prévient-il.

Le syndicat avait, dans un courrier adressé le 28 juin, alerté l'ARS Ile-de-France sur la "situation préoccupante des internes assurant la permanence des soins au sein des urgences adultes" de l'hôpital Bicêtre. Il lui avait demandé de "prendre des mesures d'urgence pour faire cesser la mise en danger [des] internes" et d'inscrire "à l'ordre du jour de la prochaine commission de subdivision la réévaluation de l'agrément de ce terrain de stage".

Il avait dénoncé un "niveau insuffisant d'encadrement", une "organisation anarchique", un manque de matériel, et rapporté "un sentiment d'insécurité, voire de mise en danger des patients". Le syndicat a fait état d’"examens cliniques dans les couloirs" et de l’"absence de coordination entre les soignants, responsables de délais majeurs de prise en charge".

Le contrat "zéro brancard" signé en novembre 2019 entre l'établissement et l'ARS visait à mettre fin à l'engorgement des urgences, rappelle-t-on (cf APM (cf dépêche du 19/11/2019 à 15:44).

Le Dr Maurice Raphaël a démissionné de ses fonctions de chef de service des urgences de l'hôpital Bicêtre en septembre 2020, puis de son poste de praticien hospitalier (PH), face à la situation du service et au manque de réponse pour combler le manque d'effectifs, a souligné auprès d'APMnews mardi un ancien médecin du service, sous couvert d'anonymat.

Une douzaine de médecins du service l'ont ensuite suivi. Un nouveau chef de service est arrivé en début d'année 2021, ainsi qu'une nouvelle équipe. "Des demandes jusqu'ici restées lettre morte, comme le recours à l'intérim au prix du marché et l'aide de PH en interne, ont commencé à être mises en oeuvre", a rapporté la même source, s'étonnant que ces mesures aient tant tardé.

L'AP-HP assure avoir pris des "décisions adaptées"

Contactée par APMnews, la direction de l'AP-HP a répondu lundi que, "consciente de la complexité de la situation à laquelle font face les internes du service d'accueil des urgences de l'hôpital Bicêtre, la gouvernance médico-administrative du GHU Université Paris-Saclay, en lien avec le chef du service d'accueil des urgences de l'hôpital, a multiplié ces derniers mois les consultations et pris des décisions adaptées".

"Plusieurs mesures ont été mises en place depuis deux ans pour fluidifier le parcours des patients au sein du service d'accueil des urgences de l'hôpital Bicêtre", souligne-t-elle. Elle évoque "une ligne dédiée pour obtenir rapidement un avis médical spécialisé, la création d'un centre médical d'appui fin 2019 dans les locaux des urgences afin d'offrir une alternative à la prise en charge au SAU des patients ne relevant pas de soins urgents, et la constitution d'une équipe de brancardiers dédiée en février 2021".

La signature du contrat "zéro brancard" et "la mise en place d'une cellule de gestion des lits permettent également de noter une diminution progressive du nombre de patients en attente sur brancard au SAU", selon l'AP-HP. "Par ailleurs, 12 lits de gériatrie aiguë ont été ouverts en 2020 et 10 nouveaux lits supplémentaires de cette même spécialité vont ouvrir en septembre prochain, ce qui participera à une meilleure fluidité de l'aval des urgences."

Au sein du service "et plus particulièrement depuis la prise de fonction de son nouveau chef de service en janvier 2021, un travail est également engagé sur la reconstruction de l'équipe médicale, avec déjà le recrutement de 4,5 équivalents temps plein médecins urgentistes, et sur la réorganisation générale du service", poursuit l'AP-HP. "Un travail est conjointement mené sur la supervision renforcée et le programme de formation des internes afin de sécuriser les exercices professionnels."

Elle précise que "la poursuite des recrutements de personnels médicaux" permet depuis "le 1er juillet 2021 de ne plus avoir recours à l'intérim la nuit, et de pouvoir garantir la présence de deux binômes médecins/internes en première moitié de garde (créneau sur lequel l'activité est la plus importante), puis d'un binôme médecin/interne en deuxième partie de garde".

L'AP-HP confirme qu'une "réunion s'est tenue il y a quelques semaines avec le syndicat des internes au cours de laquelle a été demandée la suspension de l'agrément pour l'accueil des internes au service d'accueil des urgences adultes de l'hôpital Bicêtre".

"A l'issue de cette réunion qui a donné lieu à des échanges nourris, il a été décidé de faire un bilan sur place deux mois après le début du semestre qui a démarré début mai 2021, en lien avec le coordonnateur du DES de médecine générale, avant d'acter ou non la suspension de l'agrément", poursuit-elle.

"Une rencontre s'est tenue mercredi 30 juin dans un climat calme privilégiant le dialogue, permettant de valoriser les actions déjà mises en place et d'identifier les actions complémentaires à mettre en oeuvre." Une autre réunion qui s'est déroulée lundi 5 juillet a "été l'occasion pour le chef de service de présenter les mesures mises place et envisagées pour améliorer l'encadrement des internes et l'organisation générale du service, et pour les internes d'être auditionnés".

mlb/nc/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

13/07 2021
Retour

URGENCES DE L'HÔPITAL BICÊTRE (AP-HP): L'ACCUEIL DES INTERNES SUSPENDU À PARTIR DU 1ER NOVEMBRE (SYNDICAT)

PARIS, 13 juillet 2021 (APMnews) - L'agrément du service des urgences de l'hôpital Bicêtre (AP-HP) comme terrain de stage d'internat est suspendu à partir du 1er novembre et sera réexaminé en 2022, a fait savoir le Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP) mardi dans un communiqué.

"Après des semaines de bras de fer avec les universités et l'AP-HP [Assistance publique-hôpitaux de Paris], le SIHP et le SRP-MG [Syndicat représentatif parisien des internes en médecine générale] ont obtenu que l'agrément du service d'accueil des urgences" de l'hôpital Bicêtre (Val-de-Marne) "soit suspendu à compter du 1er novembre 2021", annonce le syndicat. "Celui-ci sera réexaminé en 2022."

Cette décision de l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France intervient "alors que nous alertons depuis plusieurs semaines sur les dangers que faisaient courir aux internes et aux patients un service complètement désorganisé et en sous-effectif médical", ajoute-t-il. Il salue une "décision historique pour les internes de médecine".

Le SIHP regrette cependant "de ne pas avoir pu empêcher que les internes actuellement en stage dans certains services" de cet hôpital "soient contraints de continuer à prendre des gardes dans ce service d'urgence".

"Nous nous en remettons donc aux promesses que la direction du site nous a faites de renforcer l'équipe médicale avec de nouvelles embauches de praticiens à temps plein (déficit actuel de 6 ETP -équivalents temps plein) et surtout le passage de 2 à 3 médecins séniors entre 18h30 et 8h du matin pour superviser les internes de garde", poursuit l'organisation.

En outre, "la localisation des patients dans le service n'est pas optionnelle" et "la chambre de garde des internes doit être conforme à la réglementation", poursuit le SIHP. "Si toutes ces mesures ne sont pas effectives très rapidement, les internes sont prêts à exercer leur droit de grève", prévient-il.

Le syndicat avait, dans un courrier adressé le 28 juin, alerté l'ARS Ile-de-France sur la "situation préoccupante des internes assurant la permanence des soins au sein des urgences adultes" de l'hôpital Bicêtre. Il lui avait demandé de "prendre des mesures d'urgence pour faire cesser la mise en danger [des] internes" et d'inscrire "à l'ordre du jour de la prochaine commission de subdivision la réévaluation de l'agrément de ce terrain de stage".

Il avait dénoncé un "niveau insuffisant d'encadrement", une "organisation anarchique", un manque de matériel, et rapporté "un sentiment d'insécurité, voire de mise en danger des patients". Le syndicat a fait état d’"examens cliniques dans les couloirs" et de l’"absence de coordination entre les soignants, responsables de délais majeurs de prise en charge".

Le contrat "zéro brancard" signé en novembre 2019 entre l'établissement et l'ARS visait à mettre fin à l'engorgement des urgences, rappelle-t-on (cf APM (cf dépêche du 19/11/2019 à 15:44).

Le Dr Maurice Raphaël a démissionné de ses fonctions de chef de service des urgences de l'hôpital Bicêtre en septembre 2020, puis de son poste de praticien hospitalier (PH), face à la situation du service et au manque de réponse pour combler le manque d'effectifs, a souligné auprès d'APMnews mardi un ancien médecin du service, sous couvert d'anonymat.

Une douzaine de médecins du service l'ont ensuite suivi. Un nouveau chef de service est arrivé en début d'année 2021, ainsi qu'une nouvelle équipe. "Des demandes jusqu'ici restées lettre morte, comme le recours à l'intérim au prix du marché et l'aide de PH en interne, ont commencé à être mises en oeuvre", a rapporté la même source, s'étonnant que ces mesures aient tant tardé.

L'AP-HP assure avoir pris des "décisions adaptées"

Contactée par APMnews, la direction de l'AP-HP a répondu lundi que, "consciente de la complexité de la situation à laquelle font face les internes du service d'accueil des urgences de l'hôpital Bicêtre, la gouvernance médico-administrative du GHU Université Paris-Saclay, en lien avec le chef du service d'accueil des urgences de l'hôpital, a multiplié ces derniers mois les consultations et pris des décisions adaptées".

"Plusieurs mesures ont été mises en place depuis deux ans pour fluidifier le parcours des patients au sein du service d'accueil des urgences de l'hôpital Bicêtre", souligne-t-elle. Elle évoque "une ligne dédiée pour obtenir rapidement un avis médical spécialisé, la création d'un centre médical d'appui fin 2019 dans les locaux des urgences afin d'offrir une alternative à la prise en charge au SAU des patients ne relevant pas de soins urgents, et la constitution d'une équipe de brancardiers dédiée en février 2021".

La signature du contrat "zéro brancard" et "la mise en place d'une cellule de gestion des lits permettent également de noter une diminution progressive du nombre de patients en attente sur brancard au SAU", selon l'AP-HP. "Par ailleurs, 12 lits de gériatrie aiguë ont été ouverts en 2020 et 10 nouveaux lits supplémentaires de cette même spécialité vont ouvrir en septembre prochain, ce qui participera à une meilleure fluidité de l'aval des urgences."

Au sein du service "et plus particulièrement depuis la prise de fonction de son nouveau chef de service en janvier 2021, un travail est également engagé sur la reconstruction de l'équipe médicale, avec déjà le recrutement de 4,5 équivalents temps plein médecins urgentistes, et sur la réorganisation générale du service", poursuit l'AP-HP. "Un travail est conjointement mené sur la supervision renforcée et le programme de formation des internes afin de sécuriser les exercices professionnels."

Elle précise que "la poursuite des recrutements de personnels médicaux" permet depuis "le 1er juillet 2021 de ne plus avoir recours à l'intérim la nuit, et de pouvoir garantir la présence de deux binômes médecins/internes en première moitié de garde (créneau sur lequel l'activité est la plus importante), puis d'un binôme médecin/interne en deuxième partie de garde".

L'AP-HP confirme qu'une "réunion s'est tenue il y a quelques semaines avec le syndicat des internes au cours de laquelle a été demandée la suspension de l'agrément pour l'accueil des internes au service d'accueil des urgences adultes de l'hôpital Bicêtre".

"A l'issue de cette réunion qui a donné lieu à des échanges nourris, il a été décidé de faire un bilan sur place deux mois après le début du semestre qui a démarré début mai 2021, en lien avec le coordonnateur du DES de médecine générale, avant d'acter ou non la suspension de l'agrément", poursuit-elle.

"Une rencontre s'est tenue mercredi 30 juin dans un climat calme privilégiant le dialogue, permettant de valoriser les actions déjà mises en place et d'identifier les actions complémentaires à mettre en oeuvre." Une autre réunion qui s'est déroulée lundi 5 juillet a "été l'occasion pour le chef de service de présenter les mesures mises place et envisagées pour améliorer l'encadrement des internes et l'organisation générale du service, et pour les internes d'être auditionnés".

mlb/nc/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.