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30 % des usagers disent vouloir renoncer durablement aux transports en commun une fois la crise sanitaire passée

Cette déperdition potentielle inquiète l’Union des transports publics et ferroviaires, le syndicat patronal du secteur, qui redoute des conséquences à la fois opérationnelles et financières.

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Publié le 19 novembre 2020 à 11h00, modifié le 20 novembre 2020 à 17h17

Temps de Lecture 4 min.

Une femme attend à une station de bus, à Paris, le 31 octobre.

C’est la grande crainte du petit monde du transport public urbain : que le Covid-19 décourage massivement – et surtout pour longtemps – les usagers de prendre leurs métros, bus et tramways habituels.

Dans sa version 2020, l’étude annuelle baptisée « Observatoire de la mobilité », dont c’est la septième édition, risque de ne pas rassurer les opérateurs (RATP, SNCF, Transdev, Keolis…) et les autorités organisatrices (villes, métropoles, régions), c’est-à-dire les professionnels du transport en France.

Un chiffre choc ressort de l’enquête publiée jeudi 19 novembre et menée, en septembre, auprès de 1 500 personnes habitant des villes de plus 50 000 habitants : 30 % des voyageurs habituels des transports prévoient de s’en détourner une fois la crise sanitaire passée. Un tiers des sondés comptent utiliser moins souvent (27 %) ou plus du tout (3 %) les transports publics, souligne l’étude, prolongeant (en l’atténuant) au-delà de la « période virus » la tendance observée pendant le premier confinement.

L’enquête note en effet que deux tiers des utilisateurs réguliers des transports publics ayant continué à se déplacer au printemps ont évité les modes collectifs et préféré voiture, vélo ou marche à pied plutôt que le transport collectif du quotidien.

« Accroissement de la congestion »

Vers quels modes de transport iraient ces usagers volages à l’avenir ? Si les solutions actives et « douces » ont la priorité (19 % vont vers la marche, 8 % vers le vélo, 2 % vers la trottinette), les transports individuels motorisés sont aussi mentionnés. Au total, 16 % disent qu’ils choisiront la voiture et 2 % un deux-roues motorisé.

En septembre et octobre, les taux de fréquentation des différents réseaux de transport ont oscillé entre 60 % et 80 % de la normale

Une évaporation potentielle de trois usagers sur dix est évidemment un sujet de préoccupation pour l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP), le syndicat patronal du secteur, qui a coordonné et commandé l’enquête à l’IFOP. Le chiffre est d’autant plus crédible qu’en septembre et en octobre (soit deux mois de retour à une vie proche de la normale) les taux de fréquentation des différents réseaux de transport ont oscillé entre 60 % et 80 % de la normale.

La crainte est d’abord opérationnelle, pour les professionnels de la mobilité. « Deux phénomènes sont pour nous des points d’attention, observe Thierry Mallet, PDG de Transdev, l’un des leaders mondiaux du transport public, et président de l’UTP. L’accroissement de la congestion due à l’autosolisme et l’arrivée de vélos en grand nombre dans les couloirs de bus. Cela réduirait la vitesse commerciale des bus et des tramways et dégraderait la qualité de service. »

Regagner la confiance

Dans son communiqué accompagnant l’étude, l’UTP insiste sur les effets négatifs exponentiels d’un retour à l’automobile. En Ile-de-France, si 10 % seulement des passagers des métros, RER et trains de banlieue se reportaient vers la voiture, cela provoquerait une augmentation de 40 % à 80 % des véhicules roulant vers Paris à l’heure de pointe, assure l’étude.

L’autre motif d’inquiétude est financier. L’enquête rappelle les pertes essuyées par le transport public au printemps pendant la « saison 1 » du confinement : 2 milliards d’euros de recettes voyageurs envolées, les collectivités privées de 1 milliard d’euros de rentrées fiscales (le versement mobilité). En outre, 30 % de clients en moins ou passant de réguliers à occasionnels, cela aurait aussi des conséquences financières pour des entreprises dont la marge est déjà faible et qui génèrent 260 000 emplois « non délocalisables », insiste l’UTP.

Face à ce péril, l’UTP a un objectif principal : regagner la confiance. « Les données scientifiques convergent toutes vers cette conclusion : les transports ne sont pas des lieux de contamination privilégiés, insiste M. Mallet. Non seulement un rapport de [l’agence de sécurité sanitaire] Santé publique France le confirme, mais aussi des travaux de l’American Public Transportation Association, de l’université d’Oxford, du Rail Safety and Standards Board britannique, de l’université de Boulder, dans le Colorado… » Le sondage montre d’ailleurs que 64 % des personnes interrogées ont confiance dans leurs réseaux de transports pour assurer la sécurité sanitaire à l’avenir.

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Il n’y a donc pas que du négatif dans cette étude, qui montre même que 13 % des utilisateurs actuels prendront davantage les transports en commun qu’avant la crise liée à l’épidémie. « Parmi les raisons qui poussent à aller vers la mobilité collective, on note la montée très forte de la préoccupation environnementale, qui devient la deuxième motivation derrière le classique “c’est plus pratique”, mais désormais devant les arguments économiques », se félicite Thierry Mallet.

Le label écolo, un produit d’appel

De quoi mettre un peu de baume au cœur des professionnels du transport public qui essaient de faire du label écolo un produit d’appel pour leur activité. Ils rappellent dans leur étude que les modes collectifs émettent entre deux fois (les bus thermiques) à soixante fois moins (les métros et tramways) de CO2 par passager et par kilomètre qu’un automobiliste.

Pour l’UTP, la crise peut aussi être l’occasion de repenser l’offre de mobilité en France. « Toutes les enquêtes montrent un désir de quitter la ville dense, souligne M. Mallet. Avec le développement du télétravail et des mobilités actives (vélo, marche…) dans les centres urbains, l’offre de transport public pourrait être redéployée vers les zones moins denses. Cela aurait plusieurs effets positifs. En périphérie, l’attractivité serait accrue, le sentiment d’isolement de la population atténué. Dans la zone dense, les opérateurs de transport seraient moins contraints par les besoins extrêmement coûteux en personnel et en matériel de l’heure de pointe. »

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