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Sous pression, le front sanitaire a de la réserve

Quelque 34 000 candidats se sont inscrits comme réservistes sanitaires. Médecins, infirmiers ou étudiants en pharmacie, ils sont déjà plus de 300 mobilisés contre le Covid-19.

Marianne (1) a rempilé. Retraitée, cette ancienne médecin libérale de région parisienne revient d’une mission de renforcement dans un hôpital des Hauts-de-France, au chevet des patients positifs au Covid-19. « C’était vraiment une médecine de guerre, c’est surréaliste, raconte-t-elle. Je n’ai connu ni les guerres ni le soir des attentats du Bataclan dans les hôpitaux, mais avec l’afflux de malades, le confinement dehors, c’est l’impression que ça donne. »

Si Marianne s’est retrouvée à exercer à nouveau, c’est qu’elle fait partie des quelque 34 000 candidats inscrits à la réserve sanitaire, un chiffre qui a explosé depuis janvier et les prémices de l’épidémie en Chine. Créée en 2007, cette réserve réunit des professionnels de la santé, étudiants, actifs ou retraités, de tous les secteurs –médecins, infirmiers, pharmaciens, secrétaires médicaux – qui se portent volontaires pour être mobilisés en cas de « situation sanitaire exceptionnelle (catastrophe naturelle, attentat, épidémie) ». À charge du ministère ou des agences régionales de santé (ARS) de proposer aux réservistes des missions rémunérées de 10 à 15 jours (jusqu’à 90 jours, à titre exceptionnel).

Certains réservistes ont pris les devants sous d’autres formes de mobilisation

Marianne dit «n’avoir à dire que le plus grand bien de la réserve », mais s’inquiète, en revanche, des conditions d’exercice. Les réservistes, comme le personnel régulier, sont trop exposés. «Dans mon service, où la majorité des patients sont Covid-19-positifs, il n’y a pas de masques FFP2 pour le personnel, alerte la retraitée. Je travaillais avec un masque chirurgical, qui protège beaucoup moins bien. »

Face au coronavirus, Agnès Buzyn, encore ministre de la Santé, avait mobilisé dès le 25 janvier cinquante réservistes pour assurer l’accueil et le suivi des rapatriés de Chine dès leur retour sur le sol français, à l’aéroport de Roissy notamment. Au 20 mars, ils étaient plus de 300 mobilisés, soit le second plus gros contingent de réservistes depuis sa création. En 2017, l’ouragan Irma, dans les Antilles, avait nécessité l’envoi de 580 volontaires. Un record qui risque d’être battu, la réserve prévoyant des missions jusqu’au 27 mai.

En attendant d’être appelés, certains réservistes ont d’ailleurs pris les devants, sous d’autres formes de mobilisation. Étudiante en cinquième année de pharmacie dans l’Hérault, Alice (1) confie avoir «découvert la réserve avec l’épidémie ». En attendant qu’on l’appelle pour une mission, elle est venue renforcer, dans le cadre de « l’engagement volontaire mis en place par (s)a fac », l’équipe d’un grossiste en médicaments, par intérim. «Il y a une ruée sur les médicaments, explique la jeune femme de 24 ans. Les pharmacies ont fait énormément de commandes ; face à ça, les grossistes sont débordés, on manque de bras, d’autant que certains salariés ne viennent plus par peur d’être contaminés.  » Quant à ses propres craintes d’être exposée, elle soupire : «J’ai surtout peur pour ma famille, je ne voudrais pas le ramener à la maison.  »

(1) Les prénoms ont été modifiés.

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