Coronavirus : les tests rapides de dépistage bientôt réalisés en pharmacie et chez les généralistes
Les tests antigéniques coûtent beaucoup moins cher que les tests PCR analysés en laboratoire et donnent des résultats beaucoup plus rapidement. Les pouvoirs publics négocient avec les professionnels de santé de ville pour que ceux-ci puissent y avoir recours.
Par Solveig Godeluck
Des tests rapides partout : en pharmacie, dans le cabinet du généraliste, et dans la mallette de l'infirmière qui se déplace à domicile. C'est le nouveau scénario qui se dessine pour pallier l'engorgement de la filière de dépistage en laboratoire du coronavirus.
Vendredi, après que la Haute autorité de santé a précisé sa doctrine d'utilisation des tests antigéniques , auxquels l'hôpital a déjà recours à titre expérimental, le ministère de la Santé, l'Assurance-maladie et les trois professions de santé libérales ont ouvert des discussions pour mettre en place une filière bis. Elles devraient déboucher sur des annonces cette semaine.
« Ce ne sera pas une révolution copernicienne », prévient-on au ministère de la Santé : les tests RT-PCR par amplification en laboratoire demeurent l'étalon-or du dépistage. Eux seuls offrent la fiabilité requise. Mais les tests antigéniques rapides, qu'on peut lire sans les coûteuses machines des laboratoires d'analyses biologiques, ont plusieurs avantages : le verdict tombe en 25 minutes, et ils sont relativement fiables sur les personnes symptomatiques. C'est donc un outil suffisant pour mettre en branle le traçage des contacts.
Une majoration de 15 euros sur la consultation
Cependant, la mise en route de cette filière bis ne va pas de soi. « C'est un défi pour les officines, qui doivent gérer une campagne de vaccination antigrippale très importante, se former aux gestes de prélèvement nasopharyngé, puis organiser les flux afin que les patients Covid ne cohabitent pas avec les autres », expose Philippe Besset, président du syndicat de pharmaciens FSPF.
Vont-ils opter pour des tests sur rendez-vous, réserver certaines plages horaires aux prélèvements, rejoindre des barnums, voire dépister les patients dans leur voiture, fenêtre baissée ? Selon lui, il faudrait deux semaines pour que les officines puissent s'organiser… « Mais le ministère va nous demander d'être prêts en 48 heures ! », ironise ce syndicaliste rodé.
De plus, les officines devront approvisionner les médecins libéraux et les infirmiers. Les soucis logistiques priment sur les considérations financières à ce stade, reconnaît Philippe Besset. Chez les généralistes de MG France, en revanche, la question est brûlante : « L'Assurance-maladie nous a proposé une majoration de 15 euros sur la consultation pour acheter le test, réaliser le prélèvement et lire le résultat. C'est trop juste », déclare Jacques Battistoni, le président du syndicat.
4,5 à 8 euros HT le test
Le kit de test coûte « 4,5 à 8 euros hors taxe, plus la marge du grossiste et du pharmacien », souligne-t-il. C'est certes beaucoup moins cher qu'un test PCR, qui coûte 74 euros pièce à l'Assurance-maladie, mais cela réduirait de beaucoup la majoration promise aux médecins. Le syndicat réclame donc 21 euros en plus de la consultation, plus la mise à disposition gratuite des tests, voire l'équipement en blouses, charlottes, masques pour les médecins qui s'exposent aux éternuements des malades.
Outre la logistique, le financement, il faudra également s'assurer que les professionnels de santé libéraux parviennent à remonter les données via la base du dépistage, Si-Dep. Cette dernière n'est pas interopérable avec le système de traçage en ville Contact Covid, que les médecins de ville ne parviennent d'ailleurs pas toujours à renseigner.
Solveig Godeluck