La 42e rue, un des grandes artères de Manhattan, désertée le 19 avril 2020 en raison des mesures de confinement dû au coronavirus

La 42e rue, un des grandes artères de Manhattan, désertée le 19 avril 2020 en raison des mesures de confinement dû au coronavirus

afp.com/TIMOTHY A. CLARY

Alors que plusieurs pays ont amorcé il y a plusieurs jours leur déconfinement, des premiers ratés ont déjà été enregistrés. Le premier cas de coronavirus depuis plus d'un mois a été signalé à Wuhan, et de nouveaux foyers de contaminations ont notamment été enregistrés en Allemagne, ainsi qu'en France... alors que le pays n'a pas encore entamé son déconfinement officiel.

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Le niveau de risque épidémiologique relevé à Wuhan

Après la découverte de ce premier cas à Wuhan, berceau de la pandémie, la Chine a relevé ce dimanche le niveau de risque épidémiologique dans un quartier de la ville. Cette grande métropole de quelque 11 millions d'habitants a pourtant été placée à partir de fin janvier pendant plus de deux mois en quarantaine et n'avait pas enregistré de nouvelle contamination depuis le 3 avril.

Le nouveau cas détecté est un homme de 89 ans résidant dans le district de Dongxihu situé dans le nord-ouest de Wuhan, ont indiqué les autorités locales. Le niveau de risque épidémiologique dans ce quartier a alors été relevé de "faible" à "moyen", ont-elles précisé. Wuhan est considérée comme une zone à risque "faible" depuis la levée de la quarantaine le 8 avril et l'activité y reprend progressivement.

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Hormis le cas de Wuhan, la Chine a fait état dimanche de 13 nouveaux cas de Covid-19 sur son territoire. C'est la première fois depuis le 1er mai que le pays annonce une augmentation à deux chiffres du nombre de contaminations sur une journée. L'immense majorité des nouveaux cas sont situés dans le nord-est du pays, où la ville de Shulan a par ailleurs été placée en quarantaine.

Samedi, la Chine a admis que la pandémie avait révélé des "lacunes" dans son système de santé et de prévention des maladies infectieuses.

Séoul ferme ses bars et discothèques

La municipalité de Séoul, capitale de la Corée du Sud, a ordonné la fermeture des bars et discothèques de la ville en raison de l'apparition d'un nouveau foyer de contamination, qui fait craindre une résurgence de l'épidémie de coronavirus, jusqu'alors jugulée.

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Plus d'une vingtaine de nouveaux cas de contamination ont été rattachés à un homme de 29 ans testé positif après avoir fréquenté cinq clubs et bars le week-end précédent à Itaewon, l'un des quartiers branchés de Séoul. Les autorités sanitaires redoutent une flambée de nouvelles contaminations. Car on estime à 7200 le nombre de personnes ayant également fréquenté les cinq établissements en question.

Le président sud-coréen Moon Jae-in a exhorté la population à la plus grande vigilance, alors que le pays, qui était un des plus importants foyers de contamination au monde en février, avait suscité l'admiration des capitales étrangères pour ses résultats dans le combat contre le Covid-19. La Corée du Sud était désormais en train de retrouver une vie normale. Les autorités avaient assoupli mercredi les règles de distanciation sociale, en vigueur depuis mars.

Déconfinement retardé à Madrid et Barcelone

Madrid et Barcelone, les deux plus grandes villes espagnoles, ne passeront pas lundi à la nouvelle étape du déconfinement, contrairement à d'autres régions du pays. Très progressif, le plan de déconfinement de l'Espagne, l'un des pays les plus endeuillés par la pandémie, doit s'étaler jusqu'à fin juin. Il comporte quatre phases qui seront mises en oeuvre à des rythmes différents dans chaque région en fonction de l'évolution de l'épidémie. Le ministère de la Santé a annoncé vendredi soir que la moitié des quelque 47 millions d'Espagnols pourraient entrer dans la nouvelle phase du déconfinement à partir de lundi.

Mais la région de Madrid, la plus touchée du pays avec un tiers des 26 299 morts recensés au total, en a été exclue, en dépit de la demande du gouvernement régional de pouvoir déconfiner davantage. "Nous avons estimé qu'il n'était pas approprié de passer à la phase suivante (...) Ceci n'est pas une course", a déclaré le ministre de la Santé Salvador Illa, qui réexaminera la situation dans une semaine. Une grande partie de la Catalogne, deuxième région la plus touchée par l'épidémie, dont la capitale régionale Barcelone, devra aussi patienter, mais le gouvernement régional catalan n'avait pas demandé d'avancer dans le déconfinement. Certaines parties de la région de Valence, d'Andalousie et des régions centrales de Castille-et-Leon et de Castille-la-Manche, devront aussi attendre.

En revanche, d'autres zones du pays comme les villes de Séville ou de Bilbao passeront lundi dans la nouvelle phase du déconfinement, qui prévoit l'autorisation des réunions familiales ou amicales jusqu'à dix personnes et les déplacements à l'intérieur des provinces. En outre, les petits commerces pourront recevoir les clients mais sans rendez-vous préalable, comme cela était le cas depuis lundi, tandis que les terrasses des bars et des restaurants pourront rouvrir avec une capacité réduite. Les hôtels pourront eux aussi rouvrir mais les espaces communs resteront inaccessibles.

Premier reconfinement en Allemagne

Deux jours seulement après l'annonce d'un retour progressif à la normale en Allemagne, un canton a dû réintroduire le confinement vendredi et deux autres y songent face à un nombre de contaminations reparti à la hausse. En Rhénanie du Nord-Westphalie, un important foyer de Covid-19 a vu le jour à Coesfeld, dans une usine de transformation de viande, dont plus de 100 des 1200 employés ont été infectés. Ces installations ont été provisoirement fermées. De manière plus large, il a été décidé que la levée des restrictions dans les contacts entre les personnes, de même que l'ouverture des restaurants et des parcs d'attractions seraient reportées d'une semaine, jusqu'au 18 mai, dans ce canton. Les écoles et les crèches ne sont pas touchées par cette mesure.

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Dans le Schleswig-Holstein, une région frontalière du Danemark, un abattoir du canton de Segeberg a enregistré 109 cas de contamination, ce qui jette la suspicion sur l'ensemble de la filière en Allemagne. Dans l'Est, en Thuringe, dans le canton de Greiz qui compte près de 100 000 habitants, plusieurs maisons pour personnes âgées ont connu aussi une flambée de contaminations. Le gouvernement de cette région veut prendre une décision la semaine prochaine quant au processus d'allègement prévu des mesures de maintien à domicile. "Pour être clairs : nous n'allons pas mettre tout le canton en quarantaine", a assuré sa dirigeante Martina Schweinsburg, mais deux petites villes particulièrement atteintes pourraient être concernées.

L'Allemagne a décidé mercredi d'un retour partiel à la normale. Mais face au risque d'une deuxième vague, jugée "certaine" par les virologues, la chancelière Angela Merkel et les régions allemandes se sont entendues mercredi sur un mécanisme de reconfinement au niveau local si le nombre des contaminations repartait à la hausse. Cela se fera par canton, ville, voire par établissement lorsqu'il s'agit d'une maison de retraite ou d'un immeuble d'habitation, et non plus comme jusqu'ici de manière généralisée pour une région ou le pays tout entier. Le seuil de déclenchement de ce reconfinement a été fixé à 50 infections en moyenne pour 100 000 habitants sur une période de sept jours par zone. Ce chiffre était dernièrement proche de 90 dans le canton de Greiz et de 52,7 dans celui de Coesfeld.

Deux "clusters" en Nouvelle-Aquitaine

En France, la crainte d'une deuxième vague à la veille du déconfinement se fait de plus en plus forte. Les autorités ont renouvelé les appels à la "vigilance" en Nouvelle-Aquitaine, région en zone verte, après l'apparition de deux foyers épidémiques de coronavirus, l'un en Dordogne après des obsèques et un autre dans un collège de la Vienne après une réunion de préparation de la rentrée, a annoncé samedi l'agence régionale de santé (ARS).

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Dans la Vienne, un cluster est "apparu il y a 2 ou 3 jours dans un collège de la Vienne" où "des professionnels s'étaient réunis pour préparer la rentrée du 18 mai", a indiqué sans plus de détails, le directeur général de l'ARS Nouvelle-Aquitaine Michel Laforcade.

En Dordogne, c'est un cluster familial "avéré" qui a été identifié, après l'organisation d'obsèques fin avril dans le petit village d'Eglise-Neuve-de-Vergt, près de Périgueux. Dans ce département, la "situation a été maîtrisée en une semaine" autour de ce cluster qui "ne devrait pas avoir d'incidence sur ce département", peu touché par l'épidémie, comme les autres dans cette région, a souligné Michel Laforcade.

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