► En quoi consiste ce dispositif ?

Il s’agit de proposer un soutien financier aux travailleurs européens dont l’activité est menacée, en raison du coup d’arrêt mis à l’économie par l’épidémie du Coronavirus. « Grâce à ce nouvel instrument de solidarité, nous mobiliserons 100 milliards d’euros afin de permettre aux travailleurs de garder leur emploi et aux entreprises de poursuivre leurs activités », s’est félicitée, jeudi 2 avril, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

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Ce dispositif de réassurance chômage était déjà dans les tuyaux. La cheffe de l’exécutif européen l’avait explicitement mis dans son projet d’évolution de l’Europe. « Il existe bien entendu des assurances chômage au niveau national, mais il faut établir un régime européen de réassurance pour faire face aux chocs externes sévères », avait-elle défendu en début de mandat.

► Comment « SURE » va-t-il fonctionner ?

Concrètement, la Commission va emprunter sur les marchés financiers, ce qui permettra aux pays membres de bénéficier « des faibles coûts d’emprunt » de l’UE. Ces prêts permettront au système d’allocation-chômage des pays les plus touchés de mieux supporter les coûts engendrés par la mise en chômage partiel. Ils pourront tout particulièrement bénéficier aux régions de Milan ou Madrid, frappées de plein fouet par le Coronavirus.

Une entreprise en difficulté pourra réduire les heures travaillées, et l’État, grâce aux moyens financiers mis à disposition par « SURE », compensera les heures non-travaillées. Les travailleurs indépendants pourront quant à eux voir leurs revenus remplacés. Ce dispositif sera doublé d’un soutien spécifique à l’arrêt temporaire des activités de pêche, et aux agriculteurs, grâce à l’assouplissement du versement du Fond des affaires maritimes et des aides de la PAC.

Ces mesures arrivent à « point nommé », s’est réjouie l’eurodéputée Anne Sander (LR) de la commission de l’Emploi au Parlement européen. « Tout en veillant à ne pas s’engouffrer dans une spirale d’endettement incontrôlée, la crise que nous traversons implique de prendre des mesures exceptionnelles au niveau européen », commente-t-elle.

► Quels effets peut-on attendre d’un tel mécanisme ?

Xavier Ragot, président de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), y voit « un puissant outil de stabilisation conjoncturelle dans la zone euro ». Tout va maintenant dépendre du niveau d’implication des États membres. Ursula von der Leyen s’est montrée confiante sur l’adhésion des États membres au programme, y compris l’Allemagne ou des Pays-Bas, qui se sont montrés très réticents à la mutualisation des risques économiques.

Jusque-là, le ministre allemand des finances, Olaf Scholz, s’était déclaré en faveur d’un système européen de réassurance chômage, sans capacité d’endettement. Mais le 31 mars dernier, le social-démocrate a montré des signes de souplesse. « Nous sommes prêts à la solidarité, mais une solidarité bien pensée », a-t-il déclaré.

Le dispositif SURE sera présenté mardi 7 avril aux ministres des finances de l’UE, réunis pour discuter des différents moyens de relancer l’activité en Europe, une fois maîtrisée la pandémie de Covid-19, et il devrait, sauf surprise, être adopté. Un montant minimum de 25 milliards d’euros de garanties devra être mobilisé pour que l’instrument fonctionne à plein, souligne la Commission.