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Climat : gare à la relance économique « grise »

Editorial. La mobilisation massive pour sortir de la crise actuelle ne doit pas, comme après celle de 2008, se faire au détriment de la transition écologique. La France doit au contraire renforcer ses ambitions climatiques.

Publié le 28 avril 2020 à 10h34, modifié le 28 avril 2020 à 10h35 Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde ». La pandémie due au Covid-19 n’a pas stoppé le changement climatique, mais elle a fait chuter de manière spectaculaire les émissions de CO2. La baisse pourrait ainsi atteindre 5,5 % au niveau mondial en 2020. S’il n’est pas question de provoquer un arrêt brutal de l’activité identique à celui que nous vivons pour atteindre la trajectoire de l’accord de Paris sur le climat, cette crise donne la mesure des efforts qui restent à accomplir. Les rejets carbonés devront baisser plus encore afin d’atteindre les objectifs prévus. Comme l’a souligné le Haut Conseil pour le climat, la crise sanitaire est riche d’enseignements pour faire face à ce défi.

Dès lors, la France ne doit pas se contenter d’un pilotage à courte vue. La crise économique qui vient promet d’être l’une des plus violentes depuis la seconde guerre mondiale. Les Etats s’apprêtent à y répondre en mobilisant des ressources massives, avec des plans de relance colossaux. Si répondre à l’urgence économique et sociale est vital, cette relance ne peut se faire sans boussole.

Tenter de remettre l’économie sur pied sans tenir compte de la trajectoire climatique serait faire preuve d’une myopie dangereuse. La baisse spectaculaire des prix du pétrole, qui se sont effondrés en même temps que l’activité mondiale, pourrait rendre tentante l’idée d’une relance « grise », qui s’appuierait fortement sur des énergies fossiles temporairement bon marché.

Des solutions matures

Ce scénario a déjà eu lieu : après la crise financière de 2008, la mobilisation des Etats a permis de relancer tant bien que mal la machine économique, mais elle a aussi fait monter en flèche les émissions de CO2. La priorité consistait à retrouver coûte que coûte le rythme de croissance d’avant la crise, sans trop se préoccuper des enjeux environnementaux.

Il n’est plus possible de reproduire la même erreur. En dix ans, le paysage politique et économique a changé. Les dirigeants savent qu’ils ne peuvent plus faire l’impasse sur la lutte contre le réchauffement climatique, alors qu’ils se trouvent de plus en plus sous la pression des opinions publiques, pour qui l’environnement est l’une des principales préoccupations. Les technologies d’efficacité énergétique, les moyens déployés pour une mobilité durable et la production d’énergies renouvelables ont fait des progrès spectaculaires. Il s’agit de solutions matures, de plus en plus compétitives.

Cette année, la France et l’Union européenne se sont engagées à un objectif de « neutralité carbone » en 2050, sans détailler à ce stade de manière convaincante le chemin à suivre. La France doit se servir de cette crise pour renforcer ses ambitions climatiques, tout en créant des emplois et en relançant l’activité économique.

Pour faire face à ce défi immense, elle doit se doter d’outils de planification économique et écologique qui lui font cruellement défaut. Elle peut aussi construire un front commun au sein de l’Union pour faire de cette relance verte un outil qui renforce le projet européen.

Pour l’heure, la prise de conscience des enjeux climatiques est plus que timide dans les plans d’urgence engagés par le gouvernement. La prochaine séquence, celle de la relance, doit impérativement mettre l’environnement au cœur des préoccupations. Si nous ne le faisons pas dans ces circonstances, il y a peu de chances d’y arriver une fois que les vieux réflexes auront repris le dessus.

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