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Covid : les cliniques pleinement associées à la lutte contre la deuxième vague

Alors que les établissements privés et publics avaient dû collaborer en catastrophe durant la première vague épidémique, la coordination est désormais rodée, le rôle des cliniques reconnu et leur pérennité financière confortée.

Les cliniques privées ont été associées à la lutte contre le coronavirus en amont de la deuxième vague.
Les cliniques privées ont été associées à la lutte contre le coronavirus en amont de la deuxième vague. (THOMAS COEX/AFP)

Par Solveig Godeluck

Publié le 3 nov. 2020 à 06:30

E​vanoui, le grand malentendu entre les hôpitaux publics et les cliniques privées. L'épidémie de coronavirus a réussi à rapprocher deux mondes habitués à se quereller.

« La coopération est idyllique, même s'il y a toujours des histoires de territoire. L'hôpital public a pris conscience que nous étions une force complémentaire, avec par exemple 24 % des lits de réanimation en Ile-de-France », se félicite Lamine Gharbi, le président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP). « Depuis la mi-septembre, on travaille tous ensemble chez nous, et ça nous permet de garder un coup d'avance sur l'épidémie », témoigne, du côté public, Pascale Mocaër, la directrice par intérim du CHU de Saint-Etienne - un territoire qui se trouve dans l'oeil du cyclone.

Entre la première et la deuxième vague, quelque chose a changé. Des barrières sont tombées. Des réflexes ont été acquis. La coopération avait pourtant mis du temps à s'enclencher en mars. Des cliniques s'étaient plaintes de ne pas recevoir les patients Covid attendus, alors qu'elles avaient dû suspendre toutes les interventions chirurgicales programmées.

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« En janvier-février, la doctrine du gouvernement, c'était de mettre l'hôpital public en première ligne. On n'avait même pas de tests. Nous étions là pour emballer les malades en mode stérile, avec charlotte, surblouse, les mettre dans l'ambulance, et les envoyer dans le public », se souvient Lamine Gharbi. Puis à la mi-mars, les cliniques ont été propulsées en première ligne elles aussi. Dotées de 1.000 lits de réanimation en régime de croisière , elles en alignent aujourd'hui 2.000. « S'il le faut, on peut monter à 4.000 », assure Lamine Gharbi.

Un effort proportionné et partagé

« On n'a pas été pris de court, car on a acquis de l'expérience. On a réactivé depuis septembre les moyens de coordination du printemps, et on travaille pas mal », assure Janson Gassia, directeur de l'hôpital privé de la Loire, à Saint-Etienne (Ramsay Santé). La coordination se fait à l'échelle du groupement hospitalier de territoire, piloté par le CHU, et temporairement ouvert au privé. Tous les matins, les réanimateurs s'appellent, puis les après-midi, la dizaine de directeurs d'établissements. « On dit alors si on est en difficulté, ce qu'on ne peut pas prévoir par avance, car les flux sont très inégaux, chaque jour », raconte Janson Gassia.

« Même si en temps normal il peut y avoir une certaine concurrence avec le public, ce n'est plus le sujet. Nos médecins se connaissent, ils ont fait leurs études ensemble. Et si on ne travaillait pas main dans la main, nous aurions d'énormes difficultés », ajoute-t-il. Chez lui, il a fait passer l'unité de réanimation de 8 à 35 lits, et il a transformé deux étages de chirurgie pour accueillir jusqu'à 100 patients Covid en hospitalisation conventionnelle.

Un effort consenti, car il est proportionné à l'enjeu - les déprogrammations ne sont plus soudaines et aveugles comme dans la première vague, mais graduées. De plus, l'effort est partagé. « On fait en sorte de ne pas saturer un établissement après l'autre. On organise une montée en charge et en compétences en parallèle dans tous les établissements », explique Pascale Mocaër, au CHU de Saint-Etienne.

Des risques couverts

« Cela se passe bien mieux qu'au printemps, car les agences régionales de santé nous ont associés dès l'origine, de plein droit. C'est totalement nouveau », se réjouit Daniel Caille, PDG du groupe privé Vivalto, qui se prend à rêver : « On est peut-être à l'aube d'une vraie coopération débarrassée des préjugés ».

Les cliniques, contraintes à la rentabilité, sont également plus tranquilles qu'au printemps lorsqu'elles se demandaient comment survivre au Covid et à ses annulations massives d'opérations chirurgicales : « Ce gouvernement-là a mis les moyens financiers. Il a couvert nos risques par la garantie des recettes et la prise en charge de nos surcoûts Covid. J'espère que ça continuera en 2021 », lance-t-il.

Les revalorisations du Ségur de la santé sont également saluées par la FHP. Une fois n'est pas coutume, l'exécutif a su apaiser les cliniques en les écoutant et en les aidant financièrement.

Solveig Godeluck

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