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En faisant un appel aux dons, Gérald Darmanin réveille le débat sur l'ISF

Le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a lancé ce mardi un appel à la solidarité nationale pour financer le fonds d'indemnisation pour les travailleurs indépendants. De quoi relancer à gauche le débat sur la progressivité de l'impôt et la réintroduction de l'ISF.

Gérald Darmanin a lancé un appel à la solidarité nationale pour financer le fonds d'indemnisation pour les indépendants.
Gérald Darmanin a lancé un appel à la solidarité nationale pour financer le fonds d'indemnisation pour les indépendants. (Alfonso Jimenez/REX/SIPA)

Par Ingrid Feuerstein

Publié le 31 mars 2020 à 11:24Mis à jour le 1 avr. 2020 à 09:17

Dans une France confinée depuis deux semaines, il en fallait peu pour que le débat sur la progressivité de l'impôt soit relancé. C'est Gérald Darmanin lui-même qui a allumé la mèche (bien involontairement), en appelant à la solidarité nationale pour financer le fonds d'indemnisation de 2 milliards d'euros à destination des travailleurs indépendants . Dans un entretien au « Figaro » publié ce mardi, le ministre de l'Action et des Comptes publics a annoncé la mise en ligne d'une plateforme permettant à chacun de contribuer à ce fonds.

Selon son entourage, ces dons ne seraient pas défiscalisés comme le sont les dons aux associations.

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Elan de générosité

Depuis l'annonce de ce fonds, les deux ministres de Bercy font les yeux doux aux grandes entreprises pour qu'elles acceptent de l'abonder, rappelant l'élan de générosité après l'incendie de Notre-Dame de Paris. Mais les grands groupes privés ne se sont pas précipités pour répondre.

Tout au plus les assureurs ont-ils accepté d'abonder ce fonds à hauteur de 200 millions d'euros. Cette contribution est vue comme une compensation de leur part, dans la mesure où cette crise sanitaire ne pourra être indemnisée comme le serait une catastrophe naturelle. « Pour ceux qui le peuvent, notamment pour les entreprises dont l'activité continue ou qui sont le moins affectées, c'est une façon d'apporter leur contribution à l'effort de solidarité de la nation envers ceux qui sont dans les situations économiques les plus difficiles », selon Gérald Darmanin.

La participation du privé sera bienvenue dans la mesure où le coût de ce fonds sera probablement bien supérieur aux 2 milliards annoncés pour l'instant. Au moins 1 million d'entreprises seraient concernées pour une indemnité de 1.500 euros, qui pourrait même être portée à 2.000 euros si l'entreprise est proche du dépôt de bilan.

Le débat sur l'ISF relancé

Cet appel à la solidarité s'adresserait plus aux entreprises qu'aux particuliers. « Dans cette situation exceptionnelle, certaines sociétés dont la baisse d'activité est moins forte se disent prêtes à aider le petit commerce », explique-t-on dans l'entourage de Gérald Darmanin. Il n'empêche, cette proposition a suffi à relancer le débat récurrent en France sur la progressivité de l'impôt.

Sur Twitter, le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, n'a pas tardé à réagir. « Darmanin fait la manche au lieu de rétablir l'ISF. C'est un test pour mesurer la capacité d'indignation du pays ? » a-t-il lancé. Il a rapidement été suivi par le député PS, Boris Vallaud, qui a proposé d'introduire « un truc comme une contribution de chacun selon ses moyens ? Un impôt progressif ? Et soyons fous, même sur la fortune ! »

Affectation des impôts

Du côté de l'extrême droite, c'est au contraire le poids des impôts et leur affectation qui ont été mis en cause. « En France l'Etat ponctionne près de la moitié de la richesse nationale en impôts et notre ministre des Comptes publics lance l'équivalent d'une cagnotte leetchi pour aider les entreprises ? » a réagi le cadre du RN, Jean Messiha.

En tout état de cause, Gérald Darmanin, qui interviendra mardi soir au « 20 heures » de TF1, devra à nouveau répondre sur l'équilibre de la politique fiscale menée par le gouvernement. De nouvelles baisses d'impôts sont prévues d'ici à la fin du quinquennat, notamment la diminution du taux d'impôt sur les sociétés et la disparition de la taxe d'habitation pour les 20 % les plus aisés. « A ce stade, les baisses d'impôts ne sont pas remises en cause », répond-on à Bercy.

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Des délais plus longs pour la déclaration de revenus

Fallait-il ou non reporter la déclaration de revenus à cause de l'épidémie de Coronavirus ? Gérald Darmanin a tranché. L'exercice auquel se livrent les contribuables chaque printemps sera finalement décalé d'une semaine, a annoncé le ministre de l'Action et des Comptes publics au « 20 heures » de TF1. Les foyers devront déclarer leurs revenus au plus tard le 4 juin, le 8 juin ou le 11 juin, selon leur zone d'habitation. Pour la première fois, les contribuables qui font encore une déclaration papier auront plus de temps que les déclarants en ligne, compte tenu de l'incertitude sur les délais postaux en juin.

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>>> La France face à l'épidémie de coronavirus. Quelles ont été les différentes étapes de l'alerte ? Quelle est la situation épidémiologique au jour le jour ? Quelles sont les mesures décidées par le gouvernement pour limiter la propagation de la pandémie ? Pour soutenir l'économie ? Réponses ici dans le dossier spécial des « Echos ».

Ingrid Feuerstein 

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