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En Tunisie, le gouvernement veut vacciner plus pour stopper la nouvelle vague épidémique

Le pays fait face à une recrudescence des cas et des décès liés au Covid-19.

Par  (Tunis, correspondance)

Publié le 11 juin 2021 à 17h46

Temps de Lecture 4 min.

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Campagne de vaccination contre le Covid-19, le 4 juin 2021, à Tunis.

Vacciner, le plus de monde et le plus vite possible. Tel est le vœu des autorités tunisiennes, au moment où se dessine une nouvelle vague épidémique. Encore faut-il pouvoir disposer de ce qu’il faut. « La Tunisie n’a reçu pour le moment que 1,6 million de doses pour une population de 12 millions [d’habitants]. Le pays a besoin de vaccins sans attendre », a ainsi déclaré le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, en marge d’une réunion avec la directrice de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala, mercredi 9 juin.

M. Mechichi était venu à Genève (Suisse) plaider pour une « meilleure équité » dans l’accès aux vaccins. Une délégation de représentants du comité scientifique de lutte contre le coronavirus et du ministère de la santé était également présente pour négocier avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) un accord sur l’acheminement de 600 000 nouvelles doses vers le pays.

Tributaire des aléas de l’approvisionnement et des engagements bilatéraux passés avec certains fournisseurs, notamment Pfizer, mais également les vaccins chinois Sinopharm et Sinovac, et le russe Spoutnik V, Tunis craint de manquer de doses entre fin juin et début juillet. Dans le cadre de l’initiative Covax, le mécanisme mondial de fourniture de vaccins aux pays défavorisés, 4,3 millions de doses sont prévues d’ici la fin de l’année pour la Tunisie. Mais pour l’heure, elle n’en a reçu que 600 000 via ce dispositif.

Manifestations politiques et sociales

Le sentiment d’urgence s’accroît à mesure que l’épidémie regagne du terrain. « La situation est préoccupante, la Tunisie reste le pays au taux de mortalité déclaré le plus élevé sur le continent africain », alerte Yves Souteyrand, représentant de l’OMS en Tunisie. Depuis plusieurs jours, le pays enregistre une moyenne quotidienne de 70 décès, 1 500 nouveaux cas et un taux de positivité qui dépasse les 20 %. Dans certaines régions comme Sidi Bouzid, Kairouan, Kasserine ou encore Béja, les autorités ont dû reconfiner partiellement face à la saturation des services hospitaliers. Dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, certains patients ont été dépêchés vers des hôpitaux militaires régionaux et une nouvelle unité Covid, avec une capacité de trente lits, est en train d’être construite en urgence.

« Malheureusement, ce que l’on craignait avec les rassemblements familiaux lors de l’Aïd, fin mai, est arrivé. Malgré le confinement d’une semaine, quinze jours après les fêtes, nous avons eu de nombreuses arrivées dans les services de réanimation », explique Amen Allah Messadi, réanimateur médical à l’hôpital de Ben Arous (Sud) et membre du comité scientifique de lutte contre le coronavirus. Pour le personnel médical et paramédical, ajoute-t-il, le rythme est devenu « épuisant », souvent plus à cause d’un manque d’effectifs que d’un manque de matériel.

Le ministère de la santé a averti des risques d’une quatrième vague avec un pic en été, après une très relative accalmie en avril. Malgré le couvre-feu à 22 heures, l’obligation du port du masque et les jauges exigées pour les événements et rassemblements, des manifestations politiques et sociales ont lieu chaque semaine. « Les gens se sont habitués au virus et banalisent un peu son danger alors qu’il faudrait continuer à respecter les gestes barrières », avance Tarek Ben Naceur, directeur régional de la santé à Tunis.

Produire et exporter des vaccins

Pour les autorités, la solution réside donc dans l’accélération de la campagne de vaccination qui a démarré mi-mars. Mais outre les problèmes d’approvisionnement, celle-ci est également tributaire de la confiance de la population. « Nous vaccinons plus de 5 000 personnes par jour sur le Grand Tunis et nous avons plus de 2 millions d’inscrits sur la plate-forme en ligne, mais il y a certaines régions où beaucoup de gens sont réticents au vaccin ou bien n’ont pas accès à Internet ou à un bon réseau de téléphonie mobile pour s’inscrire. Dans certaines régions, le taux d’inscription ne dépasse les 10 % », déplore Tarek Ben Naceur.

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Amen Allah Messadi souligne que de nouveaux centres ont été ouverts et des équipes mobiles déployées, pour renforcer la campagne. « Nous avons aussi impliqué les pharmacies pour booster les inscriptions sur la plate-forme en ligne », indique-t-il. Les pharmacies et les médecins sont aussi désormais habilités à pratiquer des tests rapides de dépistage. Actuellement, 6 % de la population a reçu sa première dose de vaccin, et seulement 3 %, les deux injections.

Pour augmenter les capacités à plus long terme, le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a aussi plaidé auprès de l’OMS et l’OMC pour que le pays puisse produire ses vaccins, et les exporter. « Nous sommes prêts à appuyer la Tunisie dans la mesure où le pays a déjà produit ses vaccins comme le BCG, mais c’est un processus qui prend du temps », souligne Yves Souteyrand.

En attendant, la crise sanitaire couplée aux difficultés économiques et aux problèmes de gouvernance au sein de la classe politique attisent les tensions dans le pays. Mercredi 9 juin, des supporters du club de football de Tunis, l’Espérance, ont manifesté devant le ministère de la santé pour réclamer que soit autorisée la présence de 12 500 supporters lors de la demi-finale de la Ligue des champions de la Coupe d’Afrique des nations le 19 juin prochain au stade de Radès. Depuis trois jours, le quartier populaire de Sidi Hassine, à Tunis, connaît des nuits d’affrontement entre les habitants et les forces de l’ordre suite à la mort suspecte d’un jeune, en détention dans un commissariat. En mai, le nombre de protestations sociales a doublé (près de 1 155 mouvements) par rapport à la même période l’année dernière, selon le Forum tunisien des droits économiques et sociaux.

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