Des centres ophtalmologiques dans le viseur de l'Assurance maladie pour fraude

Des « anomalies de fonctionnement » et des « abus » ont été constatés dans plusieurs centres. L'envolée des remboursements aurait fait naître les soupçons.

Source AFP

Des centres d'ophtalmologie sont soupçonnés de fraude à l'Assurance maladie. (Photo d'illustration)
Des centres d'ophtalmologie sont soupçonnés de fraude à l'Assurance maladie. (Photo d'illustration) © Nicolas Guyonnet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Temps de lecture : 2 min

Des ophtalmologistes sont dans le collimateur de la Caisse nationale d'assurance maladie. Selon des sources concordantes de l'Agence France-Presse, confirmant une information du Parisien, des « anomalies de fonctionnement » et des « abus » s'apparentant à de la fraude ont été constatés dans des centres de santé ophtalmologiques, établissements nés d'un assouplissement législatif de 2018. Selon le Collège national professionnel d'ophtalmologie (CNPO), nouveau nom de l'Académie française d'ophtalmologie, ces « actes peu justifiés » et ces « stratégies de facturations hautement critiquables » ont été relevés par « différentes sources » ces derniers mois. « Des contrôles ont été engagés par la Caisse nationale d'assurance maladie, laquelle a aussi identifié ces déviances, alors que l'on assiste à une multiplication rapide du nombre de ces centres », a assuré le CNPO dans un communiqué.

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Selon Le Parisien, qui a eu accès à un rapport interne de l'Assurance maladie (Cnam), c'est l'envolée des remboursements réclamés par ces centres de santé d'un genre nouveau, en plein essor depuis 2018, qui aurait fait naître les soupçons. « Pour une patientèle passée de 400 000 personnes en 2015 à 800 000 en 2019 (+ 100 %), le coût des remboursements s'est envolé de 245 % », pour atteindre « 69 millions d'euros », souligne ce rapport, cité par le quotidien. Interrogée, l'Assurance maladie n'a pas donné suite lundi aux sollicitations de l'Agence France-Presse.

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Une dérive « portant préjudice à toute la spécialité »

Selon le Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof), plusieurs « pratiques abusives » seraient à l'origine de cette hausse, comme « la facturation de multiples actes orthoptiques et médicaux » et « des examens complexes systématisés semblant peu pertinents ». « Ces résultats mettent en lumière un phénomène latent et ignoré jusqu'alors des payeurs, à savoir une dérive tarifaire importante […] portant préjudice à toute la spécialité », insiste dans un communiqué le Snof, hostile à l'essor de ces centres de santé ophtalmologiques.

Les centres de santé, dont le développement est favorisé par l'importance des délais pour l'obtention d'un rendez-vous chez un ophtalmologue libéral, sont conventionnés en secteur 1, donc interdits de dépassements d'honoraires. Ils sont accessibles parfois en moins de 24 heures. Dans son communiqué, le CNPO met en garde de son côté contre tout « amalgame », notamment « avec les centres de santé historiques, sans but lucratif, conçus sur un modèle mutualiste et traditionnellement gérés par les collectivités et institutions territoriales ». « La communauté médicale ophtalmologique fait appel à la vigilance, et compte sur l'éthique et le sens déontologique de chacun des spécialistes », insiste le Conseil.

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Commentaires (13)

  • progrès.réflechi

    Merci.
    Je suis convaincu par vos arguments : -)

  • Hub53

    Vue la situation actuelle, vous ne serez pas étonné d'apprendre que le "terrain" n'était pas écouté.
    Dès 1999, nous avons pourtant crié "casse-cou" ; un regard sur la courbe démographique annonçait une catastrophe à moyen terme.
    L'État a jugé qu'il valait mieux piocher dans les pays voisins (Maghreb, Roumanie, Espagne, Moyen Orient) ainsi on économisait la formation et aussi sur les salaires servis à l'hôpital.
    La pénurie s'est inéluctablement aggravée depuis 30 ans : aucune réflexion sérieuse n'a été menée par le Ministère de la Santé (je viens de lire un bref avis sur le Ségur de la Santé = ça continue... )
    Les"candidats-médecins" sont effarés de la paperasse requise au détriment de l'exercice... Et choisissent plutôt l'hôpital que le libéral (40h, congés payés, meilleure retraite... )
    À qui profite le crime ? Pas aux médecins dignes de ce nom.
    Semaine de 60 à 70 heures (en libéral) Burn-out fréquent, taux de suicide élevé ( demandez ce taux aux anesthésistes de l'Hôtel-Dieu de Paris) insultes, menaces, vols et voies de fait ( je sais ce que je dis).
    Cerise sur le gâteau : l'État a interdit à tous les médecins de prescrire un certain médicament lors de la crise du Covid : ce qui signifie que nous devenons ses esclaves !

    Ne vous attendez pas à une augmentation des vocations. On n'achète pas une vocation, mais nos gouvernants l'ignorent visiblement. Ce sont de "pauvres " gens... Hélas pour nous.

  • Hub53

    - suite et seconde réponse : c'est bel et bien une volonté "délirante"et sectaire de tenir en main le corps médical, qui a fait prendre par Mr Mitterrand (et son gouvernement) la décision de réduire des 2/3 la formation de spécialistes, suivi d'alternatives de quota en excès, puis de quota minables pour les généralistes.