La ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, le 11 décembre 2019 à Paris

La ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, le 11 décembre 2019 à Paris

afp.com/LUDOVIC MARIN

"Soyons clairs : on ne retrouvera pas le niveau de chômage d'avant la crise avant plusieurs trimestres", a reconnu la ministre du Travail, Élisabeth Borne, qui prévoit dans un entretien aux Echos "plusieurs centaines de milliers de chômeurs de plus à la fin de l'année".

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Conséquence de la reprise de l'activité avec le déconfinement, le nombre de chômeurs a continué de baisser en juin, mais il reste à un niveau historiquement élevé, justifiant "la priorité absolue" donnée par le gouvernement à l'emploi face à une rentrée incertaine : "Les chiffres confirment que la principale cause de la hausse du chômage jusqu'à présent est le coup d'arrêt porté à l'activité de secteurs faisant fortement appel à des CDD ou à de l'intérim", a confirmé la ministre.

L'objectif du plein-emploi en 2025

"Notre objectif c'est de surmonter la crise et de garder dans le viseur celui du plein-emploi en 2025. La façon dont se passera la rentrée sera déterminante", a encore affirmé Élisabeth Borne, interrogée sur les objectifs de l'exécutif pour 2022.

Pour éviter des licenciements, certaines entreprises de secteurs durablement en difficulté (aéronautique, tourisme...) pourront bientôt recourir au nouveau dispositif d'activité partielle de longue durée (APLD), dont le décret doit être publié dans les prochains jours. Et pour convaincre les entreprises de recruter malgré tout dans ce climat incertain, et notamment les centaines de milliers de jeunes qui vont arriver en septembre sur le marché du travail, le gouvernement a présenté un plan à 6,5 milliards d'euros sur deux ans, premier volet du plan de relance global de l'activité attendu fin août.

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"La persistance d'un recours massif au travail détaché dans certains secteurs est incompréhensible dans une période de fort chômage. Il n'est pas question que le plan de relance se fasse avec des travailleurs détachés", a par ailleurs affirmé Borne. Pour l'empêcher, l'exécutif compte "prendre le problème à bras-le-corps avec les partenaires sociaux, en s'attaquant à ses causes, branche par branche, pour élaborer d'ici à décembre des plans de diminution du travail détaché".

"Les différents secteurs devront s'organiser pour former des jeunes, ou des moins jeunes, et réfléchir à l'évolution des conditions de travail pour être plus attractifs, comme dans le secteur agricole", a poursuivi la ministre.

La mobilisation des chefs d'entreprise

L'exécutif a donc prévu une aide pour toute embauche d'un jeune de moins de 25 ans pour un contrat de trois mois minimum. Le gouvernement espère que cela permettra d'accélérer 450 000 embauches d'ici janvier : "L'aide à l'embauche de 4000 euros par an a pour objectif d'encourager les entreprises à ne pas différer leurs embauches, et d'éviter ainsi au maximum que des jeunes passent par la case chômage. Par ailleurs, l'aide aux contrats en alternance fera que le jeune ne coûte quasiment rien à l'entreprise la première année. Je compte sur la mobilisation des chefs d'entreprise", a encore abondé Élisabeth Borne auprès des Echos.

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Mais comme cela risque de ne pas suffire face à l'intensité de la crise, l'exécutif a aussi décidé de renoncer en grande partie à sa réforme de l'assurance-chômage, qui avait durci depuis le 1er novembre les conditions d'ouverture de droits à indemnisation.

Pôle emploi, enfin, devrait bénéficier d'une hausse de ses effectifs dans le budget 2021. "Il faudra sans doute plusieurs milliers de postes, même si le niveau exact reste en discussion", a estimé Élisabeth Borne, assurant que l'agence aurait "un rôle important" dans "les secteurs en tension".

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