POLITIQUE - Emmanuel Macron a exhorté jeudi les entreprises et les salariés à poursuivre leur activité “dans le respect des règles de sécurité sanitaire”, malgré les difficultés provoquées par la crise du coronavirus, selon l’Élysée.
À l’occasion d’une visioconférence avec le Premier ministre Édouard Philippe et plusieurs ministres ce jeudi 19 mars, le chef de l’État a appelé à “la responsabilité ‘civique’ des entreprises pour poursuivre leur activité lorsque cela est possible” et sur “l’importance pour les salariés des entreprises qui se sont mis en conformité avec les règles sanitaires d’aller travailler sur les sites de production”, a précisé la présidence.
Pénicaud “scandalisée” par l’arrêt du bâtiment
Pour la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, la poursuite de l’activité économique est nécessaire “pour que la nation puisse continuer à fonctionner”. Si “les salariés ont droit à la protection”, “les Français ont droit aux biens et aux services nécessaires”, a martelé sur LCI la ministre, pour qui “il n’y a pas de métier inutile”.
Dans une situation de “guerre, il y a les soignants qui sont devant, ce sont nos soldats de la santé, mais derrière il faut aussi que l’activité économique continue, dans des conditions de protection des salariés évidemment”, a souligné la ministre. “Sinon, tout va s’arrêter et les Français n’auront plus de quoi manger, d’électricité, d’internet, etc.”, a-t-elle poursuivi.
“J’en appelle au civisme des entreprises (...) on a besoin de tout le monde sur le pont”, a encore souligné Muriel Pénicaud, qui s’est dite “scandalisée” que la fédération des artisans du bâtiment (CAPEB) ait recommandé à ses adhérents d’arrêter les chantiers.
“Ça, c’est du défaitisme”, a critiqué Muriel Pénicaud. Les entreprises qui ne jouent pas le jeu, qui se disent ‘l’État paiera et nous, ça ne nous regarde pas’, eh bien c’est pas du civisme”, s’est-elle emportée.
Dialogue entreprises-syndicats recommandé
Les entreprises doivent se concerter avec les syndicats et les employés pour déterminer comment continuer à travailler tout en assurant la protection des salariés, a-t-elle fait valoir, convaincue qu’“il y a des solutions, métier par métier”.
“Dans le bâtiment, beaucoup disent ‘on ne peut pas travailler parce qu’on est tous ensemble dans la même camionnette, à moins d’un mètre’. OK, mais pourquoi on n’y va pas à deux voitures, on rembourse les frais, et sur le chantier souvent on peut s’organiser pour ne pas être côte à côte”, a détaillé la ministre.
Jeudi matin, la réunion de travail, intitulée “Task force Économie”, entre le Premier ministre et les ministres de l’Économie, des Comptes publics, du Travail, de la Transition écologique, et de l’Agriculture et Alimentation, avait pour objectif d’examiner “les mesures adéquates” à prendre “face aux difficultés que rencontrent d’importants secteurs économiques”.
Manque d’effectifs dans certains secteurs clés
Il s’agit d’assurer la continuité de l”activité, après le repli de nombreux salariés du secteur privé, dans le secteur de la production et de la distribution, qui appliquent les mesures de confinement”, a précisé l’Élysée.
Devait être également fait “un tour d’horizon des mesures de soutien aux entreprises dans les secteurs dits essentiels”. La priorité concerne en particulier les secteurs de l’industrie pharmaceutique, de la chimie ou de l’emballage alimentaire.
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a expliqué mercredi que des effectifs commençaient à manquer dans la grande distribution et les transports, car des salariés craignent pour leur santé, même si les magasins restent bien approvisionnés.
Lors de la réunion, devait également être évoquée la mise en place d’“une task force administrative opérationnelle pour répondre aux besoins des entreprises: circulation des salariés, application du droit du travail, activité partielle, fiscalité...”, selon l’Élysée.
Un appel est de nouveau lancé par l’exécutif “aux entreprises qui ont des stocks de masques à les remettre en circulation dans le circuit d’approvisionnement administré par l’État”.
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