Lundi 11 janvier, 2.500 personnes ont utilisé la nouvelle facilité pour établir soi-même son arrêt de travail. Cela avait été annoncé jeudi par Jean Castex, et mis en place à compter d'hier. Grâce à ce nouveau dispositif, il est désormais possible de se décréter soi-même en arrêt-maladie, sans passer par un médecin, en cas de suspicion de Covid, ou bien si l'on est déclaré cas contact par l'Assurance-Maladie.
Un arrêt de travail indemnisé intégralement, sans jour de carence, qui doit être validé par un test positif transmis à la CNAM au plus tard deux jours après. À noter que cela ne vaut que pour les emplois non télétravaillés. L'objectif est d'éviter que les salariés, du privé comme du public, ne contaminent leur entourage professionnel dans l'attente de la visite à un médecin pour se faire arrêter. Mais le patronat, en particulier celui des PME, est un peu inquiet de ce système et redoute des abus.
De fait, un salarié a la possibilité de se mettre en arrêt tout seul pour au moins 48 heures sans contrôle et avec son salaire intégral, le temps de réaliser le test. Il peut également reproduire l'expérience régulièrement, s'il n'est pas contrôlé par la sécu. Une source potentielle d'abus, tandis que le concept d'arrêt-maladie a déjà connu une forme de dénaturation, avec son extension extraordinaire à l'occasion de l'épidémie. En effet, au printemps, quand les écoles étaient fermées, les parents ont pu garder leurs enfants en étant indemnisés au titre de l'Assurance-Maladie, toujours sans l'intervention d'un médecin bien sûr.
Si l'on s'en tient à la moyenne, les Français sont à 16 jours et demi de congé maladie par personne. Cela place l'hexagone dans la partie haute du classement européen, mais tout près de l'Allemagne, qui est à 15 jours et demi. À contrario, les Anglais ne prennent que 5 jours et demi par an, soit trois fois moins que chez nous.
Cela s'explique, non pas par le fait que les Anglais sont moins malades, bien sûr, statistiquement, ils doivent connaître exactement les mêmes pathologies que nous. Mais leur régime d'indemnisation est beaucoup moins favorable que le nôtre. Il est forfaitaire, à 120 euros par semaine, pendant 28 semaines. Rien à voir avec chez nous où c'est 100% du salaire après le ou les jours de carences.
Le niveau et les conditions d'indemnisation sont donc déterminants, dans la décision du salarié de demander ou pas un congé de maladie. On l'observe aussi en France, où il y a des différences très importantes entre la fonction publique territoriale, championne avec un taux d'absentéisme de 9,2%, alors qu'il est de 5,1% dans le secteur privé, où les salariés sont beaucoup plus contrôlés par le management.
L'institut Sapiens s'est essayé à chiffrer le coût total que représente l'absentéisme en France, et le résultat avoisine les 100 milliards d'euros par an. Cela représente 4 points de croissance, c'est évidemment considérable. Un coût qui ne cesse de grimper depuis cinquante ans, pour une bonne raison : l'amélioration de la prise en charge des maladies par notre état-providence, et pour une mauvaise : la négligence qui prévaut justement spécifiquement dans les collectivités locales.
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