Coronavirus: la réforme de l'indemnisation de l'assurance-chômage en partie reportée au 1er septembre

Cela faisait une semaine que l’intégralité des syndicats le demandait et il ne faisait guère plus de doute que le gouvernement ­allait, compte tenu de l’évolution cauchemardesque de la crise du coronavirus, abonder dans leur sens. C’est Muriel Pénicaud qui l’a fait en partie, ce lundi, sur RMC: la partie de la réforme de l’assurance-chômage qui devait entrer en vigueur au 1er avril, conformément au décret pris en ce sens en fin d’année dernière, va donc être ­reportée au 1er septembre prochain. Reportée, mais pas annulée…

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«La réforme a été conçue dans un contexte qui n’a plus rien à voir avec celui que nous connaissons aujourd’hui», a justifié la ministre du Travail au micro de Jean-Jacques Bourdin. Une annonce qui a été immédiatement saluée par Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, au motif que «la solidarité doit prévaloir». Concrètement, ce troisième volet de la réforme de l’assurance-chômage voulue par Emmanuel Macron prévoit un durcissement du calcul du salaire journalier de référence (SJR) qui sert de base à la définition du montant ­de l’allocation de retour à l’emploi (ARE) dont bénéficient les ­demandeurs d’emploi indemnisés.

Le débat parlementaire sur les retraites à l’arrêt

L’objectif de cette mesure - qui demeure «très bonne» sur le fond, dixit Muriel Pénicaud - est de limiter les abus des personnes «en permittence», qui alternent contrats courts et périodes de chômage, mais qui sont nombreuses dans les secteurs les plus touchés par la ­crise, comme le tourisme, la restauration ou encore l’événementiel. Selon les calculs de l’Unedic, l’organisme gestionnaire du régime d’assurance-chômage, quelque 850.000 futurs entrants verront leur allocation baisser en moyenne de 22%, à 708 euros par mois. Une mesure impossible à assumer politiquement alors que la France traverse la plus grave crise sanitaire et économique depuis des décennies…

« Le Parlement étant fermé jusqu’à nouvel ordre, tout débat est impossible »

Un député LREM

La réforme de l’assurance-chômage ne devrait pas être la seule à subir les conséquences de la crise actuelle. L’examen du projet de loi sur les retraites, qui doit débuter début avril au Sénat, devrait également être reporté sine die. Et ce d’autant que les travaux de la conférence de financement et d’équilibre des retraites, qui planche depuis un mois sur les moyens de ramener 12 milliards d’euros dans les caisses en 2027, devraient ne pas reprendre en raison du durcissement des conditions de circulation. «Le Parlement étant fermé jusqu’à nouvel ordre, tout débat est impossible», confirme un député LREM, certain du report à la rentrée de septembre du vote définitif de la loi.

Un tel échéancier aurait des conséquences politiques non négligeables en termes de calendrier. Car la raison pour laquelle Édouard Philippe insistait pour une adoption parlementaire de la réforme avant l’été (et notamment avant la fermeture incompressible pour travaux de l’Assemblée début juillet) tient au fait qu’il faudra au minimum 18 mois pour pré­parer, juridiquement, l’entrée en ­vigueur des nouveaux droits pour les affiliés au 1er janvier 2022, soit juste avant la présidentielle. À savoir le minimum de pension à 1000 euros ou 85% du smic, les majorations de points pour les mères de famille…